Sam Panopolous

Jeunesse

Sotirios Panopoulos naît en 1934 dans le petit village de montagne de Vourvoura, dans la province d’Arcadie en Grèce. Il est l’un des cinq enfants de Georgia et de Vasilios Panopoulos. Son père pose des fers à cheval et fabrique des selles. En grandissant, Sotirios rêve de devenir dentiste. Cependant, à la fin des années 1940, les possibilités se font rares, car son village est touché par la guerre civile grecque. Comme le raconte plus tard son fils dans une entrevue pour le Globe and Mail, le jeune Sotirios s’enrôle donc pour aider à livrer des médicaments destinés à traiter les patients en temps de guerre.

Immigration

En 1954, Sotirios Panopoulos, alors âgé de 20 ans, quitte la Grèce en bateau. Il veut rejoindre son frère aîné au Canada, alors il part avec très peu de biens. En chemin, il s’arrête à Naples en Italie, qui est l’endroit considéré comme le berceau de la pizza.

Plus tard cette année-là, il arrive à Halifax en Nouvelle-Écosse. Il s’installe rapidement en Ontario, où il travaille dans les mines de Sudbury et d’Elliot Lake. Il prend le surnom de « Sam ». Au début des années 1960, il s’installe au sud du lac Huron. C’est à cet endroit que lui et ses deux frères exploitent plusieurs restaurants.

En octobre 1962, lui et son frère Nikitas (Nick) ouvrent un restaurant dans le centre-ville de Chatham. Situé au 145 King Street West, près de la rivière Thames, le restaurant s’appelle Satellite. Il est aménagé, après quelques rénovations, dans un bâtiment qui abritait auparavant une billetterie du chemin de fer CN et une agence de voyages. À l’intérieur, la section principale peut accueillir 60 personnes tandis qu’une salle de banquet privée peut en accueillir 45. On y sert des plats américains traditionnels comme des hamburgers et des frites ainsi que le déjeuner toute la journée. Deux ans après l’ouverture de l’établissement, les frères Panopoulos demandent un permis pour vendre de l’alcool dans leur restaurant.

Pizza hawaïenne

Sam Panopoulos affirme avoir créé la première pizza hawaïenne à Chatham. À l’époque, en plus de servir des plats occidentaux, le restaurant Satellite offre également une sélection de plats de style asiatique. Inspiré en partie par cette cuisine chinoise américanisée, et n’ayant aucune formation adéquate pour faire de la pizza, Sam Panopoulos commence à expérimenter. (Voir aussi Cuisine chinoise au Canada.)

« À cette époque, les gens ne mélangeaient pas les goûts comme l’aigre-doux, à l’exception de la cuisine chinoise », déclare-t-il dans une entrevue accordée au Toronto Sun en 2010.

Sam Panopoulos décide de mettre des morceaux d’ananas sur une pizza pour voir ce que cela goûterait. Lui et ses frères aiment le contraste entre la douceur de l’ananas et la saveur salée du jambon. Il appelle son innovation « hawaïenne » en raison du nom de la marque d’ananas en conserve qu’il utilise pour la préparer.

Au départ, les clients n’apprécient pas cette nouvelle création. Sam Panopoulos raconte que les gens lui disent qu’il est « fou de faire ça ». Mais lorsque les clients finissent par s’y habituer, le restaurant devient une « grosse affaire ».

Implication communautaire et autres restaurants à Chatham

Sam Panopoulos devient une figure éminente de la communauté locale de Chatham. En 1963, il est intronisé en tant que membre de la Junior Chamber of Commerce International (Jaycees). L’année suivante, il devient dirigeant de la succursale de Windsor-Chatham de l’Association canadienne des restaurateurs (plus tard connue sous le nom de Restaurants Canada). En 1965, lui et son frère participent à des discussions publiques sur le projet de réaménagement de la rive de la rivière Thames. Durant cette période, le restaurant Satellite devient également un lieu d’événements sociaux locaux.

Le 5 mai 1969, les trois frères Nick, Sam et Elias se constituent en tant que société. Ils achètent également une autre propriété pour construire un nouveau magasin sur le même pâté de maisons que Satellite.

Au cours de sa 10^e année d’activité, une série d’incendies criminels ciblent le restaurant et les commerces adjacents. En avril 1972, plus de cinq incendies éclatent dans des bâtiments commerciaux du centre-ville de Chatham. Les pompiers sont capables d’intervenir assez rapidement, ce qui permet d’éviter d’importants dégâts.

À la fin de la décennie, les affaires continuent de prospérer pour les frères. Sam Panopoulos ouvre un autre restaurant sur la rue St. Clair à Chatham, au nord de l’autoroute 40. Initialement appelé Satellite Drive-in, le restaurant est ensuite renommé Alberto’s Tavern. En 1976, le Satellite situé au centre-ville est vendu à une autre famille grecque.

La famille Panopoulos concentre ses efforts sur la nouvelle et plus grande taverne. L’année suivante, les frères ajoutent 70 sièges supplémentaires aux 250 salles de banquet existantes. L’aile supplémentaire, qui se trouve à côté de leur restaurant de pizza à emporter, se nomme le restaurant Family Circle. Mais en 1980, les frères décident de vendre leur complexe de restauration. Leur ancien cuisinier du Satellite achète alors l’entreprise pour 500 000 $.

Vie personnelle et années ultérieures

Lors d’un bref retour dans sa Grèce natale, Sam Panopoulos épouse Christina Lymberopoulos en 1967. Ensemble, ils ont un fils et une fille.

Dans les années 1980, lui et sa famille déménagent à London en Ontario. À cet endroit, le restaurant Family Circle est relancé. Situé au 147 Wellington Road, il devient un emblème dans le centre-ville de London. Sam Panopolous le gère pendant près de trois décennies. Après 50 ans dans le secteur de la restauration, il prend sa retraite en 2007. Le restaurant est finalement vendu à un autre gestionnaire grec.

Décès et legs

Sam Panopoulos est fier d’avoir créé la pizza hawaïenne qui gagne en popularité au Canada et dans d’autres pays. Après sa retraite, il est interviewé par de nombreux médias, affirmant qu’il est le premier à avoir utilisé un mélange d’ananas et de viande sur une pizza. En 2010, il déclare au London Free Press qu’il s’agit en fait d’une « invention accidentelle ».

Des années plus tard, en 2017, un engouement sur les réseaux sociaux ainsi qu’un gazouillis du bureau de Justin Trudeau déclenchent une vague d’articles. Des entrevues supplémentaires avec Sam Panopoulos lui permettent de se distinguer en tant qu’inventeur. Toutefois, il ne dépose pas de marque ou de brevet. Dans une entrevue à CBC Radio, il déclare que pour lui « ce n’était qu’un autre morceau de pain qui cuisait dans le four ».

Le 8 juin 2017, Sam Panopoulos meurt à l’hôpital universitaire de London. Il meurt entouré de sa famille. Il a 82 ans. Les funérailles ont lieu à l’église Holy Trinity Greek Orthodox où des centaines de personnes se rassemblent. (Voir Église orthodoxe.) Il est inhumé au cimetière Woodland. Sa mort attire une attention internationale sur la pizza hawaïenne, certaines personnes la détestant et d’autres l’adorant. En l’honneur de l’héritage durable de Sam Panopoulos, le 20 août (le jour de son anniversaire), on célèbre chaque année la Journée internationale de la pizza hawaïenne à titre posthume.