Savard, Félix-Antoine
Félix-Antoine Savard, écrivain, universitaire, prélat (Québec, 31 août 1896 -- id., 24 août 1982). Poète et romancier, il a marqué la littérature nationale par la qualité éminente de son style et par la création d'un héros de stature proprement mythique.
Il passe son enfance et sa jeunesse au Saguenay, puis découvre le pays de Charlevoix qu'il aime par-dessus tout et qu'il se plaît à dénommer « le comté métaphysique de la province de Québec ». Devenu prêtre en 1922, il amorce une carrière dans l'enseignement des belles-lettres. Il exerce ensuite son ministère religieux comme vicaire dans plusieurs paroisses et comme curé-fondateur de Saint-Philippe de Clermont, en même temps qu'il participe à la colonisation de l'Abitibi des années 30. Durant ces années de travail pastoral, il approfondit sa culture humaniste grâce à un commerce assidu avec les auteurs grecs, latins et français, tant du Moyen Âge ou du siècle classique que les modernes, Mistral, Claudel et Valéry.
En 1937, paraît MENAUD MAÎTRE-DRAVEUR qui lui assure d'emblée une place de premier rang parmi les auteurs de son époque. Véritable poème épique, ce roman foisonne de symboles, images et métaphores, et campe, dans le paysage grandiose de Charlevoix et le cycle des saisons, un personnage vibrant qui se passionne pour son message et dont le destin tragique est interprété comme un grave et impérieux avertissement pour les générations à venir.
À partir des années 40, la carrière de Savard est associée étroitement à l'Univ. Laval. À la faculté des lettres, dont il est sept ans le doyen, il enseigne la littérature et collabore à d'importantes fondations et recherches sur le FOLKLORE. Il est élu à la Société royale du Canada en 1945 et à l'Académie canadienne-française en 1954.
Vieil homme sage à la parole oraculaire, parfois chaudement controversée, il a passé la plus grande partie de son active retraite dans sa patrie d'élection, Saint-Joseph-de-la-Rive (Charlevoix).
Sa vie entière a littéralement été vouée à l'écriture. Il a publié trois recueils de poèmes et prose: L'Abatis (1943), Le Barachois (1959), Le Bouscueil (1972); deux pièces de théâtre: La Folle (1960), La Dalle-des-morts (1965); quelques récits tenant du conte ou de la parabole: La Minuit (1948), Martin et le pauvre (1959). Il est aussi l'auteur d'oeuvres intimes du genre carnet, journal, mémoires où tout en se faisant toujours le promoteur et le défenseur de la fidélité aux traditions sacrées du peuple, il se révèle un merveilleux artiste du langage, ciseleur de formes, à l'affût des trouvailles d'imagination et du plaisir des mots.
Mais c'est surtout sur Menaud maître-draveur que se fonde sa gloire. Cette oeuvre, qui s'est maintenue en gestation pendant une trentaine d'années, a été reprise, refaite, et a connu cinq versions dont trois fort distinctes; elle reste un modèle de labeur patient et une réussite exemplaire.