Savoie, Paul
Paul Savoie, comédien (Montréal, 21 mai 1946). Depuis maintenant trois décennies qu'il enchaîne les productions théâtrales les unes après les autres, ce comédien exigeant, à la présence remarquable, multiplie les interprétations fortes dans des rôles difficiles et très différents, que ce soit dans les répertoires classique ou contemporain. Étudiant au collège Bourget au début des années 1960, il monte sur scène en amateur, puis s'inscrit à l'École nationale de théâtre du Canada (1967-70). Il y fait une rencontre déterminante : celle de Jean-Pierre Ronfard, avec qui il fera ses véritables débuts lors de plusieurs tournées avec la troupe des Jeunes Comédiens du TNM, alors dirigée par Ronfard, qui l'introduit par la suite au Théâtre Expérimental de Montréal.
Au cours des années suivantes, il incarne les personnages d'Inat dans Inès Pérée et Inat Tendu de Réjean Ducharme (1976), de Treplev dans la Mouette de Tchekhov (1978), de Rodrigue dans le Cid de Corneille (1979) et d'Alceste dans le Misanthrope de Molière (1981), puis Ronfard lui confie le rôle de Filippo Ragone dans la magistrale saga Vie et mort du Roi Boiteux (Nouveau Théâtre Expérimental, 1981-82), un cycle de six pièces présentées en plein air et totalisant quinze heures de représentation!
Acteur polyvalent, souple et généreux, il brille dans tous les genres, de l'intense Marguerite Duras (la Musica deuxième, Café de la Place, 1988) au classique Marivaux (le Prince travesti, TNM, 1992, m.e.s. : Claude Poissant), en passant par les créations d'auteurs poétiques et décapants tels le Québécois Daniel Danis (Cendres de cailloux, Espace GO, 1993) et l'Allemand Botho Strauss (le Temps et la Chambre, TNM, 1995, m.e.s. : Serge Denoncourt). Sous la direction de Denis Marleau, il crée plusieurs spectacles mémorables alliant technologie et présence de l'acteur : les Trois Derniers Jours de Fernando Pessoa d'Antonio Tabucchi (Théâtre UBU, 1997), où il incarne le célèbre poète portugais, Urfaust d'après Goethe et Pessoa (UBU, 1999), dans lequel il joue un étonnant Méphisto, puis les Aveugles de Maurice Maeterlinck (UBU/Musée d'art contemporain de Montréal/Festival d'Avignon, 2002), fantasmagorie technologique où les visages des acteurs apparaissent, virtuels, sur plusieurs écrans vidéo.
Les auteurs qu'il a interprétés, innombrables, couvrent un très large spectre de styles et d'époques, de Shakespeare à Évelyne de la Chenelière. Collaborateur de la plupart des metteurs en scène importants à Montréal, il a travaillé dans tous les théâtres, des petites compagnies aux plus grandes institutions. Il recevait en 1989 le prix Gascon-Roux (décerné par les abonnés du TNM) pour le rôle de Valmont dans les Liaisons dangereuses. Toujours très actif, on l'a vu récemment dans le merveilleux spectacle la Promesse de l'aube, adaptation du roman de Romain Gary conçue et mise en scène par André Melançon (Espace GO, 2006), dans lequel il interprétait plusieurs personnages à tour de rôle, aux côtés d'Andrée Lachapelle.
S'il est surtout associé au théâtre, Paul Savoie a aussi joué dans une quinzaine de films, dont le Matou de Jean Beaudin (1987) et Familia de Louise Archambault (2005), ainsi que dans quelques séries télévisées.