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Smith, Eden

Fils d'un constructeur de bâtiments, Eden Smith poursuit ses études en art et en architecture à Birmingham et se familiarise avec les aspirations du mouvement Arts and Crafts en côtoyant le cercle William Morris.
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L'église anglicane St. Thomas, Toronto, 1892 (vue extérieure). Conçue par Eden Smith, elle est connue pour son intérieur chaleureux et simple et ses murs extérieurs en briques (avec la permission de Doug Brown).
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L'église anglicane St. Thomas, Toronto, 1892. Conçue par Eden Smith, elle est connue pour son intérieur chaleureux et simple et pour ses murs extérieurs en briques (avec la permission de Doug Brown).
Architecture
7 Wychwood Park, Toronto, 1910, de l'architecte Eden Smith (avec la permission de Doug Brown).
Smith, Eden
Eden Smith a été le premier architecte à appliquer le principe du mouvement Arts and Crafts dans l'architecture canadienne (avec la permission de Doug Brown).

Smith, Eden

Eden Smith, architecte (Birmingham, Angeterre, 20 juin 1859 - Guelph, Ontario, 10 octobre 1949). Eden Smith est le premier architecte à introduire les principes du mouvement ARTS AND CRAFTS dans l'ARCHITECTURE canadienne et il joue un rôle prépondérant dans l'Architectural Eighteen Club, un groupe qui veut faire reconnaître l'architecture comme un art plutôt que comme une profession régie par la loi.

Fils d'un constructeur de bâtiments, Eden Smith poursuit ses études en art et en architecture à Birmingham et se familiarise avec les aspirations du mouvement Arts and Crafts en côtoyant le cercle William Morris. Il immigre au Canada avec sa jeune famille en 1885, tente brièvement d'élire domicile à Minnedosa au Manitoba, puis s'installe à Toronto en 1887, où il travaille en tant que dessinateur pour le cabinet d'architectes Strickland & Symons. En 1891, une fois son apprentissage terminé, il ouvre son propre cabinet, où il conçoit un grand nombre d'habitations, d'églises et d'édifices gouvernementaux (après 1906 en partenariat avec l'un ou l'autre de ses deux fils) avant de prendre sa retraite en 1920.

Architecte doté d'une rare sensibilité aux matériaux et aux sites, il construit ses premiers édifices en brique et les conçoit avec un sens rigoureux, néanmoins plaisant, de l'ordre. Plus tard, il s'inspire parfois de l'architecte et éducateur anglais du mouvement Arts and Crafts W. R. Lethaby pour l'utilisation de matériaux plus modernes, tels que le béton coulé et les briques creuses recouvertes de crépi. Dessinateur méticuleux et solide, Smith considère ses dessins simplement comme un outil servant à communiquer avec les constructeurs. Même s'il dirige une petite société, il lui faut à peine dix jours pour présenter une soumission après l'approbation des croquis par les clients. Il gère souvent de nombreux contrats simultanément; en 1900, par exemple, le Canadian Architect and Builder consacre une double page aux habitations qu'il a récemment conçues.

Les habitations de Smith sont évolutives et innovatrices quant à leur plan. Bien que, de l'extérieur, elles présentent souvent le volume et l'apparence générale de l'architecture vernaculaire rurale anglaise - ce qui leur vaut d'appartenir au « style maison de campagne anglaise », - à l'intérieur, elles sont très originales, avec des espaces fonctionnels fluides, des armoires construites sur mesure, des vérandas, des portes de service et des entrées centrales irrégulières modelées par la dimension et l'aménagement optimal des pièces environnantes. Lorsque c'est possible, les habitations sont planifiées et orientées de façon à tirer le meilleur parti du site et de la lumière naturelle. À la différence de nombreux styles de la fin du XIXe siècle et néo-Tudor d'après la Première guerre mondiale, son style utilise peu le détail pittoresque. Smith suit plutôt A.W.N. Pugin, néo-gothique de la première heure, et ses disciples au sein des mouvements néo-gothique et Arts and Crafts en privilégiant la « beauté de fonction », ce qui donne naissance à des habitations conçues de l'intérieur et généralement asymétriques, dont la disposition des fenêtres tient compte de l'aménagement intérieur et parfois dotées d'entrées « cachées » sur le côté faisant face à un jardin.

Dans sa notice nécrologique publiée en 1950 publiée pour la mort de Smith, le Journal of the Royal Architectural Institute of Canada observe que ses habitations « ignorent les conventions actuelles en matière de planification résidentielle et présentent un nouveau look. » Smith regroupe les salons avant et arrière en une grande salle de séjour, élimine les cloisons et installe parfois ses cuisines en avant de l'habitation tout en plaçant les pièces d'habitation à l'arrière, où elles sont souvent prolongées d'une vaste terrasse. Des photographies d'intérieur montrent souvent une finition simple inspirée du mouvement Arts and Crafts, telle que les boiseries, les poutres sombres et les coins du feu. Certaines de ses habitations sont tellement inhabituelles pour leur époque que des autocars de tourisme passent volontairement dans leur quartier, plus particulièrement les maisons restaurées avec les appartements des domestiques du côté de la rue. Cette tendance à l'originalité et la fonctionnalité correspond à la devise que Smith fait sienne : « L'individualité dans la simplicité. »

En plus de nombreuses habitations individuelles, en 1913, Smith conçoit deux ensembles d'habitations collectives à immeubles bas et à prix abordable : la Spruce Court sur les rues Spruce et Sumach (agrandie en 1926 par Mathers et Haldenby), et les Riverdale Courts situées sur les avenues Bain et Logan (agrandis en 1924 par F. H. Marani), tous les deux pour la Toronto Housing Company. Le dernier ensemble est orné d'espaces paysagés et suit les préceptes de cités-jardins d'Ebenezer Howard. Conçues pour les personnes à faible revenu, mais construites avec l'appui de mécènes éclairés, les ensembles sont considérés comme la première expérience en habitation sociale faite à Toronto. Ils sont convertis plus tard en coopératives et sont maintenant gérés par des conseils des gouverneurs composés de résidents élus.

Parmi les autres édifices remarquables conçus par Smith à Toronto, notons les édifices des 5, 7, 16 et 49 Wychwood Park (il vit au 5 Wychwood de 1906 à 1919), l'église anglicane St John the Evangelist (1892, maintenant démolie); l'église anglicane St Thomas (1892), connue pour son atmosphère simple et son briquetage élaboré et la Grace Church on the Hill (1912), une grande église en pierre. Bien que cette dernière soit de style néo-gothique, le presbytère situé au 352, chemin Russell Hill, immédiatement au nord, est dans le pur style Arts and Crafts. En 1912, il conçoit une habitation pour le peintre du GROUPE DES SEPT Lawren HARRIS (située au 18, avenue Clarendon, restaurée récemment) et, en 1913, il crée le célèbre Studio Building commandé par Lawren Harris et le docteur James McCallum, et utilisé par les futurs membres du Groupe des Sept. Smith conçoit également plusieurs bibliothèques publiques dans le style Arts and Crafts, dont les bibliothèques Wychwood, Beaches et High Park qui ouvrent toutes en 1916. Il s'agit des premières bibliothèques de Toronto conçues pour permettre au public d'accéder aux rayons.

Les dessins documentés effectués sous la responsabilité de Smith le placent comme l'un des architectes les plus originaux et les plus artistiques travaillant à Toronto au cours de la dernière décennie du XIXe siècle et des deux premières décennies du XXe siècle. L'Histoire devrait le considérer comme un réformateur ayant pour mission d'améliorer la conception des habitations en Ontario en introduisant des principes avant-gardistes inspirés du mouvement Arts and Crafts anglais et des concepts originaux sur la scène architecturale à Toronto. Dans le cadre de cette méthode, il élabore une habitation unique dans le style Arts and Crafts adaptée aux conditions ambiantes, climatiques et sociales particulières de Toronto et du sud de l'Ontario - une orientation qui influence l'architecture domestique dans la province pendant les vingt-cinq années suivantes et fournit de solides fondations pour la conception d'habitations de la fin du XXe siècle.