Article

Sœur Gilberte Villeneuve

Gilberte Villeneuve, infirmière licenciée, enseignante, directrice de soins psychiatriques, gestionnaire d’hôpitaux, supérieure de la Communauté des Sœurs de la Providence, grande bâtisseuse et mairesse de Ville Gamelin (née le 1er septembre 1917 à Loretteville, au Québec; décédée le 4 avril 2020 à Montréal, au Québec). En tant qu’infirmière spécialisée en maladie mentale, elle s’emploie tout au fil de sa carrière à comprendre, soigner et traiter cette lourde atteinte du cerveau. Comme aidante, elle œuvre aussi au service des pauvres, des démunis et des déshérités auxquels elle prodigue amour et écoute.

Sœur Gilberte Villeneuve

Enfance

Gilberte Villeneuve est la sixième d’une fratrie de quatorze enfants, grandissant dans une famille ouvrière, modeste, mais très chaleureuse.

Formation

Gilberte Villeneuve fait ses études primaires et secondaires auprès des Sœurs de la Charité de Saint-Louis-de-France, ainsi que des Sœurs Grises. Elle étudie les sciences infirmières à l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu (HSJD) vers la fin des années 1930. De 1944 à 1946, elle étudie à l’École Émilie Tavernier; puis, de 1961 à 1963, elle fait un baccalauréat en sciences hospitalières.

Carrière

Infirmière licenciée

Comme infirmière licenciée, Gilberte Villeneuve travaille tour à tour à l’Hôtel-Dieu de Valleyfield (1942-1944), à la Province Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (1944), à l’Œuvre des cancéreuses (1983) et à l’HSJD.

Religieuse

Gilberte Villeneuve entre au postulat des Sœurs de la Providence le 18 novembre 1940, prononce ses vœux temporaires le 19 novembre 1942 et ses vœux perpétuels le 19 novembre 1945. Son nom en religion est Sœur Colette-Françoise.

Enseignante

En tant que professeure, elle enseigne à l’HSJD (1946-1950), à l’École Émilie-Tavernier (1946-1950) et au Mont-Providence (1950-1954).

Directrice

Sœur Gilberte Villeneuve occupe un poste de direction : à l’École Émilie-Tavernier (1951-1954), au Mont-Providence (1951-1954), à l’Hôpital du Sacré-Cœur (HSC) (1951-1964); à l’École des infirmières du Mont-Providence où s’effectue la formation en nursing-psychiatrique postscolaire (1954-1957); à l’HSJD (1954-1958), à l’École des infirmières de l’Hôpital du Sacré-Cœur (HSC) de Hull (1958-1961); au Département du nursing psychiatrique postscolaire de l’HSJD (1963-1964); au Pavillon Marie de la Maison mère (1983-1989); aux Départements communautaires (1989-2003) et elle est directrice générale à l’HSJD (1969-1974).

Administratrice

Sœur Gilberte Villeneuve est membre du Conseil d’administration (CA) de l’HSJD (1954-1969); de la Fondation diocésaine Ignace-Bourget (1984-1986 et 1991-2002); de la Fondation Gamelin en santé mentale (1984-1986, 1991 -2003 et 2005-2008); du Pavillon Marie de la Maison mère (1984-1986); des Compagnons de Montréal (1989-1993); de la Fondation Roger Roy (1991-1994) et de la Fondation Cardinal-Léger (1991-2002). Elle est vice-présidente de la Fondation Gamelin (2005-2007).

Supérieure locale

Elle est supérieure locale à l’HSJD (1964-1969); à la Maison mère (1989-2003 et 2003-2007); des Religieuses de Jésus-Marie (1989-2003), de la Fondation Bourget (1991-2002); de la Fondation Roger Roy (1991-1994); de la Fondation Gamelin (1991-2003); de la Fondation Cardinal Léger (1991-2002); de la Résidence Notre-Dame-de-la-Providence; de la Maison mère, puis responsable des départements communautaires et du service d’accueil pour les retraites de (1989-2003); supérieure à la Résidence de Salaberry (2003-2007).

Supérieure générale

Elle est supérieure générale des Sœurs de la Providence (1974-1984).

Mairesse

Selon Richard Leclerc dans son article « Les municipalités à vocation religieuse au Québec » (2011) :

Entre 1855 et 1939, six municipalités à vocation religieuse sont créées au Québec. Cette situation quasi unique sur la scène internationale permet au gouvernement du Québec d’offrir à certaines communautés religieuses des privilèges qui favorisent une offre à la population de services de santé, notamment en psychiatrie. Par ailleurs, les bénéficiaires de ces prérogatives surtout fiscales sont en mesure de réduire leurs coûts de fonctionnement dans un contexte où l’État québécois dispose de ressources financières limitées pour soutenir leurs activités. D’autres groupes religieux profitent de ce statut municipal pour mener avec succès des activités agricoles et forestières commerciales.


En tant que supérieure générale ou directrice générale des Sœurs de la Providence, Sœur Gilberte Villeneuve est donc mairesse de Ville Gamelin. Ce statut est corroboré par l’anthropologue, Philippe Blouin qui mentionne dans son article À bâbord (2024) : « Ville Gamelin, dont la mère supérieure était mairesse par acclamation » , ainsi que par le Dr Jacques Ferron, omnipraticien, pendant seize mois à l’HSJD (1970-1971), qui indique dans son livre La conférence inachevée : Le pas de Gamelin et autres récits (2020) : « Madame la Directrice générale, mairesse de la municipalité sur laquelle l'extra-territorialité du haut lieu se fondait, avait son bureau au rez-de-chaussée. »

Expulsion des religieuses

Le 14 juin 1974, le gouvernement québécois sous Robert Bourassa, et surtout le médecin psychiatre Denis Lazure, diplômé en administration hospitalière et ministre des Affaires sociales (1976-1981), décide de laïciser les hôpitaux en évinçant les religieux et leur bénévolat. (Voir aussi Laïcité au Québec.) Il avait lui-même été éconduit de l’HSJD, par les Sœurs de la Providence, selon les dires du Dr Jacques Ferron, dans le livre cité ci-haut :

Elles l'avaient renvoyé avec indignation : « Mes Sœurs, gardons-nous de nourrir dans notre sein un nouveau docteur Bethune ! » En début des années trente, le chirurgien des armées de Mao avait en effet exercé son art dans leur hôpital du Sacré-Cœur. Le jeune psychiatre se garda bien d'aller mourir en Chine. Il resta au pays et se fit les dents et les griffes dans un autre poste, à Sainte-Justine, puis, porté par la conjoncture, revint en force et chassa qui l'avait chassé.


Retraite

Sœur Gilberte Villeneuve prend sa retraite le 10 avril 2008, à l’âge de 90 ans, mais elle continue d’apporter joie et assistance autour d’elle, et ce, en dépit d’une santé physique amenuisée. Elle s’occupe de personnes nécessiteuses et visite ses consœurs malades.

Au fil des ans, des médecins psychiatres de l’HSJD rendent hommage à Sœur Gilberte Villeneuve. Le docteur Raymond Morissette, s’adresse à elle, lors de la cérémonie du Centenaire :

Et c'est ainsi que la période que nous connaissons actuellement à cet hôpital, période des trois missions : clinique, enseignement et recherche a été établie au début des années 60 par un certain nombre de précurseurs.

Nous avons parmi nous une de ces personnes, celle qui fut la directrice générale de cette noble institution de 1964 à 1974, Sœur Gilberte

Villeneuve, Sœur de la Providence, congrégation centenaire dans cet hôpital et congrégation fondatrice de celui-ci.

De par ses fonctions, son savoir et ses convictions, elle a été au centre des décisions qui ont marqué un virage important dans la mission de cet hôpital.

Elle est connue comme une personne avec qui il est fort agréable de travailler à cause de sa compétence, de sa motivation, de son charisme et de sa confiance en son personnel. Nos hommages, sœur Villeneuve et merci.

;

Lecture supplémentaire

Liens externes

Collections associées