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Sophie Clément

Sophie Clément, comédienne (Montréal, 18 septembre 1943, - ).

Clément, Sophie

Sophie Clément, comédienne (Montréal, 18 septembre 1943, - ). Figure incontournable de la scène théâtrale québécoise, Sophie Clément y a défendu plus de 80 personnages, en plus de toucher à l'écriture (Le Génie amoureux, écrit avec Marcel Lebœuf, Masque du public Loto-Québec 1998) et à la mise en scène, et de partager son amour des textes à travers l'enseignement, notamment au cégep Lionel-Groulx (1972-1997).

À sa sortie de l'École nationale de théâtre en 1965, Sophie Clément rejoint les Jeunes Comédiens du THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE (TNM), dirigés par Jean-Pierre RONFARD, troupe de tournée et véritable incubateur de la relève. La saison suivante, en 1967, elle entre dans la cour des grands avec un petit rôle dans Bois-Brûlés de Jean-Louis Roux, spectacle de la programmation régulière du TNM qui marquera le début d'une longue complicité: en effet, elle interprétera une trentaine de personnages sur les planches de la compagnie, y assurant une présence soutenue pendant plus de trente ans. Elle y joue Molière (Le Tartuffe, 1983), Shakespeare (Le Songe d'une nuit d'été, 1988), Pirandello (Ce soir on improvise, 2000), et participe à d'importantes créations québécoises, dont HA ha!... de Réjean DUCHARME et Les fées ont soif de Denise Boucher en 1978. Lorsque le directeur artistique Olivier Reichenbach tente d'établir une troupe permanente au TNM (1983-1984), il songe évidemment à Sophie Clément. La relation privilégiée entre la comédienne et le TNM culmine lors de la saison 1986-1987, alors qu'elle remporte le prix Gascon-Roux pour un doublé: Béatrice dans Les Deux Jumeaux vénitiens (mise en scène Guillermo de Andrea) et, surtout, son inoubliable Médée dans La Médée d'Euripide (m.e.s. J.-P. Ronfard).

Elle tient plusieurs beaux rôles sur d'autres scènes montréalaises, entre autres la lumineuse Mado dans Eddy de Jean Marc Dalpé (Nouvelle Compagnie Théâtrale, 1994) et la domestique parisienne poignante d'Histoires de Marie de Georges Brassaï, solo où le metteur en scène Jean-Marie Papapietro mettait à profit toutes les nuances de son jeu (Théâtre de Fortune/Usine C, 2006).

Depuis les effervescentes années 60-70, Sophie Clément défend avec passion la dramaturgie québécoise, jouant Michel Garneau, Jean Barbeau, Jeanne-Mance Delisle, Marcel Dubé, Michel Tremblay et, surtout, Réjean Ducharme, dont elle se révèle une magistrale interprète. Outre Sophie dans HA ha!..., elle incarne Pauline-Émilienne dans Ines Pérée et Inat Tendu lors de la création au Théâtre de la Sablonnière en 1968, dans une mise en scène d'Yvan Canuel. Lorraine Pintal la dirigera dans la même pièce en 1991, sur la scène du TNM, cette fois dans le rôle d'Isalaide Lussier-Voucru. Parmi la galerie de personnages de Tremblay, elle campe Marie-Lou et Carmen dans À toi, pour toujours, ta Marie-Lou (Théâtre de l'Est Parisien, 1975; Lennoxville Festival, 1977), Mado et Hélène dans En pièces détachées (téléthéâtre de Radio-Canada, 1971; Centre Saidye Bronfman, 1979), ainsi qu'Albertine à 50 ans dans Albertine, en cinq temps, mise en scène par Martine Beaulne (Espace GO, 1997), prêtant à l'employée de snack-bar du parc Lafontaine une dégaine populaire irrésistible.

Dans ce rôle, on retrouvait avec plaisir l'une des interprètes de Françoise Durocher, waitress (1972), film réalisé par André BRASSARD sur un texte de Tremblay. Sophie Clément a peu joué au grand écran, mais dans des films-phare du cinéma québécois: Il était une fois dans l'est du tandem Brassard-Tremblay (1974), Les Ordres de Michel BRAULT (1974) et L'Eau chaude, l'eau frette d'André Forcier (1976). À la télévision, elle a composé plus de vingt-cinq personnages, notamment dans Catherine (1999-2003), L'Arche de Zoé (1994-1995), où elle tenait le rôle-titre, et l'Héritage de Victor-Lévy Beaulieu (1987-1990).