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Théâtre du Nouveau Monde (TNM)

Théâtre du Nouveau Monde (TNM).

Théâtre du Nouveau Monde (TNM)

Théâtre du Nouveau Monde (TNM). Dans la foulée du bouillonnement théâtral sans précédent des années 1940 à Montréal, dominé par les Compagnons de saint Laurent du père Émile LEGAULT, la fondation du Théâtre du Nouveau Monde, en août 1951, marque les débuts d'un véritable théâtre professionnel de qualité au Québec. Plus de cinquante ans plus tard, le TNM maintient son statut de grande institution théâtrale, où l'on joue les classiques comme les créations d'auteurs d'ici, qui composeront le répertoire de demain.

Des jeunes gens qui participent à la fondation, soit Jean GASCON, qui assume la direction artistique, Georges Groulx, Guy Hoffmann, Éloi de GRANDMONT, Jean-Louis ROUX et Robert Gadouas, seul ce dernier n'a pas travaillé avec les Compagnons. Au cours des six premières années, la troupe du TNM se produit au Gesù, la salle du Collège Sainte-Marie, où ont étudié Gascon et Roux. Le spectacle inaugural, L'Avare de Molière, connaît un succès extraordinaire en 1951 et sera repris en 1952. Aux six fondateurs, se joignent rapidement de futures vedettes telles que Janine SUTTO, Denise PELLETIER, Monique MILLER, Antoinette Giroux et Huguette Oligny, qui joueront dans plusieurs productions.

La troupe entreprend plusieurs tournées au Canada et à l'étranger, jouant à Paris en 1955 et 1958. Dès 1952, Groulx et Gascon enseignent à l'École du TNM, qui précède la fondation de l'École nationale de théâtre (1960). Issue de cette dernière, la troupe des Jeunes Comédiens est confiée au TNM en 1966. En quête d'une salle, le TNM sera locataire de l'Orpheum de 1957 à 1966, puis du Théâtre Port-Royal de la Place des Arts de 1967 à 1972. De grands spectacles de la première période feront date : L'École des femmes de Molière avec Gascon et Geneviève Bujold et Lorenzaccio de Musset avec Albert Millaire en 1965, puis Mère Courage de Brecht avec Denise Pelletier et Dyne Mousso en 1966. Mais, cette année-là, déçu du manque d'appui des gouvernements, Jean Gascon quitte la compagnie avec fracas; Jean-Louis Roux le remplace à la direction.

L'époque, mouvementée, donne lieu à d'audacieux spectacles, de Dario Fo (Faut jeter la vieille en 1969) à Shakespeare (Hamlet), en passant par la création collective Gens de Noël, tremblez, assez osée pour l'époque; Jeux de massacre d'Ionesco et La Guerre, yes sir! de Roch Carrier provoquent des remous lors de la crise d'Octobre 70. En 1972, la création, sous la direction de Jean-Pierre Ronfard, de l'œuvre choc de Claude Gauvreau, Les oranges sont vertes, crée la controverse. Résistant à la censure, le TNM connaît une période agitée mais faste. L'acquisition de la salle de la Comédie-Canadienne (1972) lui donne enfin pignon sur rue. Misant sur la qualité, entre création et répertoire, Roux ose des programmations au diapason de sa société. Il met à l'affiche le collectif La Nef des sorcières (1976), Réjean Ducharme (HA ha!..., 1978), Denise Boucher (Les fées ont soif, 1978) et Jovette Marchessault (La Saga des poules mouillées, 1981), mais aussi Claudel, Racine, Genet, Feydeau, Jarry, Goldoni, Tremblay.

Après le suicide d'André Pagé, survenu dans l'année suivant sa nomination comme directeur artistique, durant la saison 1981-1982, Olivier Reichenbach prend la relève. Sous sa gouverne, en plus de ses propres mises en scène (dont Amadeus de Shaffer et Tartuffe de Molière), le TNM se recentre sur le répertoire et s'ouvre à plusieurs jeunes metteurs en scène : René Richard Cyr (Bonjour, là, bonjour de Tremblay), Robert Lepage (La Vie de Galilée de Brecht), Yves Desgagnés (Play Strindberg de Dürrenmatt), mais aussi André Brassard (Les Paravents de Genet, En attendant Godot de Beckett) et Lorraine Pintal (HA ha!... et Inès Pérée et Inat Tendu de Ducharme), qui prend à son tour la barre de l'institution en 1992.

Par son dynamisme communicatif, la nouvelle directrice insuffle une énergie vitale au TNM, y attirant un public de plus en plus large. La rénovation de la salle, en 1997, marque son mandat. Ses propres mises en scène (Les Beaux Dimanches de Marcel Dubé, Andromaque de Racine, Stabat Mater II de Normand Chaurette, etc.) rivalisent de grandeur avec celles des Alice Ronfard (Les Troyennes d'Euripide), Martine Beaulne (La Locandiera de Goldoni), Yves Desgagnés (Les Bas-Fonds de Gorki), Serge Denoncourt (Le Temps et la Chambre de Botho Strauss), Claude Poissant (Le Prince travesti de Marivaux), Brigitte Haentjens (Marie Stuart de Dacia Maraini) et Dominic Champagne (Don Quichotte et L'Odyssée). De plus, le TNM reprend la tradition de la tournée au Québec et s'internationalise, accueillant des spectacles de France, exportant ses propres productions en Europe. Un essor qui ne semble plus vouloir s'arrêter.