Stephen Todd « Steve » Bauer, cycliste et homme d’affaires (né le 12 juin 1959 à St. Catharines, en Ontario). Steve Bauer a remporté une médaille d’argent à l’épreuve masculine de vélo sur route aux Jeux olympiques d’été de 1984 à Los Angeles. Quatre ans plus tard, il est devenu le premier Canadien à gagner une étape au Tour de France. Il a répété cet exploit à cinq reprises au Tour de France de 1988, pour finir quatrième au classement général — un record canadien encore à ce jour. Bauer a participé au Tour de France plus de 11 fois entre 1985 et 1995; en 1990, il y a porté le maillot jaune à 9 reprises. Il a reçu la Médaille du service méritoire en 1994 en reconnaissance de son importance dans le monde du cyclisme canadien, en plus d’être intronisé au Panthéon des sports canadiens, au Temple de la renommée olympique du Canada et au Panthéon du cyclisme canadien.
Jeunesse et cyclisme sur piste amateur
Steve Bauer naît à St. Catharines, en Ontario, mais grandit dans la petite communauté de Fenwick, dans la région de Niagara. Enfant, il pratique une foule de sports, dont le baseball, le soccer, le basketball et la gymnastique. Comme tant d’autres jeunes Canadiens, il veut être joueur de hockey professionnel. Malheureusement, comme il le déclare plus tard au Globe and Mail, « à 5 pieds 9 et 150 livres, il n’est pas assez bâti pour devenir un professionnel du hockey, alors il s’est concentré sur ses études. »
Bauer monte régulièrement en selle pour se rendre à ses entraînements et pour rencontrer ses amis, mais ce n’est qu’en 1975 qu’il commence à considérer le vélo comme un sport, après que sa mère lui suggère d’intégrer le club cycliste de St. Catharines. En effet, cette dernière lit des portraits des cyclistes canadiens Gordon Singleton et Karen Strong dans le journal de la région, le St. Catharines Standard, et se dit que l’activité siérait bien à son fils. L’intérêt que Bauer voue au cyclisme compétitif croît de beaucoup lorsqu’il regarde les Jeux olympiques d’été de 1976, à Montréal.
En 1977, Steve Bauer devient membre de l’équipe nationale canadienne de cyclisme sur piste. La même année, il participe à des compétitions, d’abord au Championnat du monde junior de vélo sur piste à Vienne, en Autriche, puis au Championnat du monde senior de vélo sur piste à San Cristobal, au Venezuela. En 1978, il participe aux Jeux du Commonwealth à Edmonton, et se classe au 4e rang à l’épreuve de poursuite en équipes. La même année, il gagne deux médailles d’or aux Championnats canadiens de vélo sur piste — la première à la course à l’américaine (en duo avec Jocelyn Lovell), la deuxième en poursuite par équipes sur 4000 mètres. Il se hisse en deuxième place au classement général derrière Lovell, et finit deuxième à la poursuite individuelle sur 4000 mètres, derrière le cycliste québécois Louis Garneau. Dans les années qui suivent, il gagne six autres médailles d’or aux Championnats nationaux sur piste (à la course à l’américaine, en poursuite par équipe, à la course aux points et en omnium), ainsi que deux autres médailles d’argent en poursuite individuelle sur 4000 mètres (derrière Alex Stieda en 1981 et en 1982).
Médaille olympique et carrière dans le circuit amateur sur route
De 1981 à 1984, Steve Bauer course pour l’équipe GS Mengoni sous la tutelle du fondateur Fred Mengoni, homme d’affaires italo-américain et cycliste invétéré qui a soutenu les carrières de talentueux cyclistes nord-américains comme Greg LeMond et, plus tard, George Hincapie. Au cours de cette période, Fred Mengoni encourage Steve Bauer à s’entraîner comme un professionnel et à multiplier les kilomètres sur la route. Ses conseils portent leur fruit; en effet, Steve Bauer gagne trois médailles d’or en course individuelle sur route aux Championnats nationaux du Canada en 1981, 1982 et 1983. Il remporte également une médaille d’argent en course individuelle sur route aux Jeux du Commonwealth de 1982 à Brisbane.
En 1984, Steve Bauer se rend aux Jeux olympiques d’été à Los Angeles, où il gagne l’argent à l’épreuve individuelle sur route. Il s’agit d’une course historique pour plusieurs raisons. Le cyclisme est pendant longtemps considéré comme un sport européen, mais pour la toute première fois, les médaillés d’or et d’argent se retrouvent au cou de cyclistes nord-américains. Bauer manque l’or de peu contre l’Américain Alexi Grewal, qui se hisse en tête dans les 50 derniers mètres de la course de cinq heures s’étalant sur 190,2 km. L’Américain Les Earnest, membre du conseil de la Fédération américaine de cyclisme et chef de route des Jeux olympiques, donne la victoire à Bauer jusqu’au dernier moment :
Dans une pente aride à la moitié [du dernier tour], Grewal a devancé ses compétiteurs par environ 20 mètres, mais il a vite été rejoint par Steve Bauer du Canada. Les deux athlètes ont commencé à s’éloigner des autres meneurs. Après avoir vu les deux se faire la course à de nombreuses reprises auparavant, j’étais certain qu’Alexi Grewal n’avait aucune chance de gagner. Steve Bauer était un sprinteur incroyable, une habileté qu’il utilisait constamment pour dépasser facilement tous les cyclistes nord-américains hormis Davis Phinney. J’étais prêt à donner la victoire à Steve Bauer lorsque les deux cyclistes ont commencé leur sprint sur le 200 mètres menant à la ligne d’arrivée, mais soudainement Alexi s’est propulsé comme une fusée pour s’emparer de la tête et de la victoire.
La deuxième place de Steve Bauer constitue la première médaille olympique en vélo de route pour le Canada. La défaite, toutefois, est cuisante. « Dès que je me suis rendu compte que Grewal avait franchi la ligne d’arrivée tout juste avant moi, j’ai vécu l’agonie de la défaite, comme une dépression, pendant quelques minutes, » a raconté le cycliste au journaliste du Globe and Mail Douglas Faulkner. « Puis j’ai réalisé qu’il n’y avait pas de quoi se morfondre. J’avais une médaille d’argent, après tout, et c’est quelque chose dont on peut être fier. »
LE SAVIEZ-VOUS ?
Steve Bauer a gagné la première médaille olympique en vélo de route du Canada aux Jeux olympiques d’été de 1984 à Los Angeles. Cela étant dit, il ne s’agit pas de la première médaille olympique canadienne en cyclisme. En 1908, l’équipe canadienne, composée de Frederick McCarthy, Walter Andrews, William Anderson et William Morton, gagne une médaille de bronze en cyclisme sur piste à l’épreuve de poursuite par équipes aux Jeux olympiques de Londres. Il faut attendre 76 ans avant que les cyclistes canadiens montent à nouveau sur le podium. Le Canada remporte deux médailles d’argent aux Jeux olympiques de 1984 – celle de Steve Bauer à l’épreuve sur route, et celle du cycliste sur piste Curt Harnett, au contre-la-montre sur 1000 mètres.
Carrière professionnelle et Tour de France
Peu après avoir sa médaille aux Jeux olympiques de 1984, Steve Bauer devient cycliste professionnel. Environ un mois plus tard, il gagne le bronze au Championnat du monde sur route de 1984, une course professionnelle se tenant en Espagne. L’année suivante, il participe à son premier Tour de France au sein de l’équipe La Vie Claire. En 1985 et en 1986, il court pour soutenir les chefs d’équipe Bernard Hinault et Greg LeMond, qui se disputent la première place au classement (Hinault gagne le tour de France en 1985, Greg LeMond fait de même en 1986).
Steve Bauer entre dans l’histoire lorsqu’il devient le premier Canadien à gagner une étape du Tour de France, en 1988. Maintenant membre de l’équipe Weinmann-La Suisse, il fait bonne figure au prologue d’ouverture. Le jour suivant, à l’étape 1, il se démarque du peloton à environ 7 kilomètres de la ligne d’arrivée. Cet exploit lui permet de revêtir le maillot jaune réservé au premier du classement, bien qu’il le perde un jour plus tard, après l’épreuve du contre-la-montre par équipe. Il reprend du poil de la bête à l’étape 8, devançant le peloton et améliorant suffisamment son temps pour vêtir à nouveau le maillot jaune. Steve Bauer reste chef de file jusqu’à l’étape 12, qui se termine sur l’Alpe d’Huez. N’étant pas le meilleur grimpeur du groupe, il perd la tête et le maillot jaune.
La presse canadienne et internationale ne tarit pas d’éloges pour Steve Bauer suivant sa performance. « Même s’il ne porte plus le maillot jaune du Tour de France, Steve Bauer s’est attiré un respect énorme en Europe, » écrit Robert Zeller pour le Globe and Maildu 15 juillet 1988.
Malgré la surprise, cette performance de Bauer justifie la foi de son entraîneur Paul Koechli, qui affirme plus tôt cette saison-là que son poulain est l’un des six meilleurs cyclistes au monde. À l’époque, la presse française s’est esclaffée. « Bauer est talentueux, » ont écrit plusieurs journalistes, « mais à peine meilleur qu’une demi-douzaine de Français. » […] Steve Bauer est peut-être tombé en deuxième place hier, après la difficile étape en montagne, mais personne n’a porté le maillot jaune aussi longtemps que lui cette année. […] Entre-temps, Bauer est devenu un héros. Même s’il ne regagne pas le maillot, il a été accepté comme l’un des grands de ce monde.
En tout, Steve Bauer porte le maillot jaune pendant cinq jours au Tour de France de 1988 et finit quatrième au classement général, un record canadien.
Deux ans plus tard, en tant que membre de l’équipe 7-Eleven, Steve Bauer s’empare très tôt de la tête au Tour de France et garde le maillot jaune pendant 9 étapes consécutives. En tout et pour tout, il participe à 11 Tours de France de 1985 à 1995 et porte le maillot jaune pendant 14 jours.
Steve Bauer gagne nombre de courses importantes au cours de sa carrière professionnelle, dont le Grand Prix d’Aix-en-Provence (1985), le Carlsberg Light Grand Prix of Cycling (1986, 1987), le Grand Prix des Amériques (1988) et le Tour de L’Oise (1988). En 1996, il participe à nouveau aux Jeux olympiques d’été, qui admettent désormais les cyclistes professionnels. Bauer se classe au 41e rang à la course masculine individuelle, soit le plus haut classement pour un athlète canadien à cette épreuve (du côté des femmes, Clara Hughes remporte la médaille de bronze). Peu après ces Jeux olympiques, Steve Bauer prend sa retraite à titre d'athlète professionnel.
Fin de carrière
Après s’être retiré du circuit professionnel, Steve Bauer fonde Steve Bauer Bike Tours, qui propose au public des visites guidées à vélo et d’autres événements internationaux. Il aide aussi à concevoir le parcours du Championnat du monde de cyclisme sur route de l’UCI en 2003, tenue à Hamilton, en Ontario. En 2007, il cofonde, avec Josée Larocque, Cycle Sport Management (CSM), une entreprise qui organise R.A.C.E. Pro Continental, la toute première équipe continentale professionnelle canadienne de cyclisme sur route, active de 2008 à 2012 (et plus tard renommée SpiderTech). De 2014 à 2016, Steve Bauer est coordonnateur et entraîneur en chef au Mattamy National Cycling Center à Milton, en Ontario. En 2016, il devient directeur des services VIP pour BMC Racing.
Bien qu’il ait pris sa retraite professionnelle en 1996, Steve Bauer renoue avec les compétitions de cyclisme à titre d’amateur. En 2013, il finit quatrième dans la catégorie Master C (50 ans et plus) aux Championnats canadiens sur route. Il participe également aux Championnats sur piste dans la même catégorie, où il se hisse en première place au contre-la-montre sur 500 mètres (2014), à la poursuite individuelle sur 2000 mètres (2014 et 2015) et à la course scratch sur 10 km (2014 et 2015).
Importance
Steve Bauer a gagné la première médaille olympique du Canada en cyclisme sur route en 1984 et est le premier Canadien à avoir gagné une étape au prestigieux Tour de France. Il détient également le record canadien du meilleur classement au Tour de France (4e place). Ses succès à l’international ont inspiré de nombreux autres cyclistes canadiens, dont Lori-Ann Muenzer, Alison Sydor et Curt Harnett, et ont aidé à cimenter la réputation grandissante des Canadiens et des Américains dans un sport longtemps considéré comme l’affaire des Européens. Son importance dans le monde du cyclisme canadien est éloquemment détaillée dans le court descriptif associé à la médaille du service méritoire qu’on lui décerne en 1994, juste avant qu’il prenne sa retraite :
Bauer et sa médaille d’argent gagnée aux Olympiques de 1984 ont fait avancer significativement le Canada dans le monde du cyclisme. Bauer est demeuré dans les 10 premières places du classement mondial grâce à ses multiples exploits au Championnat du monde de cyclisme et aux Tours de France de 1988 et 1990. Exceptionnel ambassadeur du sport, Steve Bauer a pavé la voie à des générations de cyclistes canadiens.
Prix et honneurs
- Médaille du service méritoire (1994)
- Panthéon du sport canadien (2005)
- Temple de la renommée olympique du Canada (2005)
- Panthéon du cyclisme canadien (2015)