Suzanne Steele, poète, librettiste, chercheuse, enseignante (née au Manitoba). De 2008 à 2010, Suzanne Steele a été une artiste de guerre officielle (voir aussi Programmes canadiens d’art militaire). À ce titre, elle a été la première poète de guerre et la première artiste de guerre officielle autochtone canadienne à se rendre en zone de guerre. Elle a écrit les paroles d’un requiem sur la guerre en Afghanistan et le livret d’un opéra sur Louis Riel. Elle est une chercheuse universitaire et une conférencière réputée. Elle participe à des projets qui visent à promouvoir un plus grand respect et une meilleure compréhension des langues, des cultures et des histoires autochtones.
Jeunesse et éducation
Suzanne Steele naît au Manitoba. Elle est une Métisse de la rivière Rouge. Elle grandit dans un foyer ravagé par l’alcoolisme et souffre de dépression. Elle évite cependant les drogues et l’alcool, qu’elle qualifie de « calories vides pour l’esprit ». À l’école secondaire, elle développe sa passion pour la musique et l’écriture.
Elle obtient un baccalauréat ès arts en musique à l’Université de la Colombie-Britannique, puis une maîtrise en bibliothéconomie et sciences de l’information à l’Université Western Ontario (aujourd’hui l’Université Western). En 2017, elle obtient un doctorat en littérature anglaise à l’université d’Exeter, au Royaume-Uni.
Suzanne Steele est en couple avec le musicien Jeff Hilberry, le père de sa fille Ella.
Poète de guerre
En octobre 2001, le Canada se joint à l’alliance dirigée par les Américains pendant la guerre en Afghanistan, qui s’étale sur 12 ans. En 2005, Suzanne Steele écrit un poème sur un soldat mort au combat. Elle contacte le ministère de la Défense nationale (MDN) pour savoir quelle est la couleur de la poussière en Afghanistan. Quelques mois plus tard, le MDN lui propose de participer à son Programme d’arts (voir aussi Programmes canadiens d’art militaire). De 2008 à 2010, elle est une artiste de guerre officielle, la première poète de guerre du MDN et la première artiste de guerre officielle autochtone canadienne à se rendre dans une zone de guerre.
Pendant 18 mois, Suzanne Steel s’entretient avec des soldats du 1er Bataillon d’Edmonton, le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, pendant qu’ils s’entraînent. En novembre 2009, elle part pour l’Afghanistan. Elle partage avec les soldats la sécurité relative de leur campement et les accompagne lors de certaines missions.
Suzanne Steele crée un site Web sur lequel elle publie son journal et sa poésie. Ses poèmes sont percutants et mornes. Ils traitent d’expériences vécues par les soldats, de leurs peurs, ainsi que de leur bravoure.
Afghanistan: Requiem for a Generation
On demande à Suzanne Steele et au compositeur Jeffrey Ryan de créer une œuvre symphonique et chorale sur la guerre. Afghanistan: Requiem for a Generation prend l’affiche à Calgary le 10 novembre 2012.
Les neuf mouvements du Requiem mettent en vedette un orchestre, des solistes et des chœurs d’adultes et d’enfants. Les textes de Suzanne Steele, le livret, sont chantés en anglais, en français et en pachto, une langue afghane. À l’instar de ses poèmes, le livret de la poète fait état des horreurs de la guerre ainsi que de la bravoure et des sacrifices des combattants et de leurs familles restées au pays. Suzanne Steele déclare que son œuvre s’adresse « à chacun d’entre nous, à notre pays et à une génération qui paiera pour cette guerre sur le plan émotionnel ou financier... pendant une autre génération ».
Afghanistan: Requiem for a Generation est diffusé à travers le Canada, enregistré et, en 2017, interprété par les orchestres symphoniques de Vancouver et de Toronto.
Li Keur: Riel’s Heart of the North
En 2017, Suzanne Steele obtient une subvention pour écrire un opéra sur le chef métis Louis Riel dans le cadre du programme Nouveau chapitre, lancé par le Conseil des Arts du Canada pour célébrer le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Elle collabore avec le compositeur Neil Weisensel et avec le violoneux métis Alex Kusturok.
Li Keur: Riel’s Heart of the North est présenté par le Manitoba Opera, à Winnipeg, le 18 novembre 2023. L’opéra est interprété dans cinq langues différentes : en michif français, en michif du sud, en anishinaabemowin, en anglais et en français. Selon un critique, il s’agit d’« une lettre d’amour à la nation métisse, ainsi qu’une célébration joyeuse de ses femmes et de sa culture ».
Gigue de la rivière Rouge
À l’invitation de l’Université de Lethbridge, Suzanne Steele et la poète métisse de la rivière Rouge, Dre Michelle Porter, s’engagent dans un projet pluriannuel d’exploration de l’importance culturelle de la gigue de la rivière Rouge, considérée comme l’hymne officieux des Métis. Le projet explore le rôle de la musique et de la danse dans la représentation et la protection de la culture, de l’identité et de la spiritualité métisses. Il étudie la diaspora métisse et la participation des Premières Nations aux traditions culturelles métisses.
Le projet comprend des concerts et la présentation d’œuvres d’art, comme du perlage, des poèmes, des essais, des nouvelles et des balados.
Autres projets
Suzanne Steele est chercheuse attachée à l’Université de Lethbridge ainsi qu’à l’université d’Exeter. Elle est une conférencière renommée et une enseignante spécialisée dans les domaines de la poésie de guerre, de la culture et de l’histoire métisses, ainsi que dans la création littéraire. En collaboration avec Neil Weisensel, elle développe une base de données pour faciliter la traduction des langues autochtones. Elle est également codirectrice du projet Hidden in a Plain Site: The Indigenous Soldier at the Western Front, qui met en lumière les contributions des soldats autochtones pendant la Première Guerre mondiale (voir Les peuples autochtones et la Première Guerre mondiale). De 2012 à 2015, elle participe à l’étude intitulée « 1914FACES2014 » menée par l’université d’Exeter, qui se penche sur les soldats défigurés de la Première Guerre mondiale, plus connus sous le nom de « gueules cassées ». Cette étude vise à comprendre comment ces hommes ont été soignés et réhabilités, et ce que cela nous enseigne sur notre perception du visage dans la culture et l’histoire.