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Technologies de capture du carbone au Canada

Le captage et stockage du carbone (CSC) est un procédé d’élimination du dioxyde de carbone (EDC) qui vise à empêcher sa diffusion dans l’atmosphère. Au Canada, il est principalement associé au secteur pétrolier et gazier. L’industrie des combustibles fossiles et certains politiciens en font la promotion comme une technologie de gestion des émissions de dioxyde de carbone. Toutefois, cette technologie est hautement controversée. Ses détracteurs soulignent son coût élevé, ses risques pour la sécurité, son inefficacité et son lien avec la production de combustibles fossiles. En 2024, une cinquantaine de projets de captage du carbone sont en cours dans le monde, dont plusieurs au Canada.

Équipement de captage du carbone.

Terminologie

Le terme « captage du carbone » est une expression simplifiée couramment utilisée pour désigner plusieurs technologies différentes. C’est une des nombreuses technologies d’élimination du dioxyde de carbone (EDC) actuellement utilisées ou en développement.

Le captage du carbone fait généralement référence au captage des émissions de dioxyde de carbone provenant de sources industrielles, comme une cimenterie ou une raffinerie de pétrole. Il peut également désigner diverses technologies permettant d’extraire directement le dioxyde de carbone de l’air. Cette technologie est appelée captage direct dans l’air (CDA).

La plupart des systèmes de captage du carbone stockent le dioxyde de carbone capté sous terre, dans des formations géologiques. On parle généralement de captage et stockage du carbone (CSC). Dans certains cas, cependant, le dioxyde de carbone stocké est ensuite réutilisé. On parle alors de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC).

L’application la plus courante du dioxyde de carbone stocké est le procédé appelé récupération assistée des hydrocarbures (RAH). Ce procédé consiste à injecter du dioxyde de carbone sous terre dans des puits de pétrole que l’on aurait autrement abandonnés afin d’expulser tout pétrole restant hors du puits. Cela peut prolonger la durée de vie utile d’un puits de plusieurs décennies. Plus de 70 % des projets de CUSC servent à la RAH. La RAH étant l’une des premières applications du captage du carbone, bien des gens emploient indifféremment ces deux termes.

Illustration montrant le captage, le transport, le stockage et l’utilisation du carbone provenant de projets de captage du carbone.

Historique

La technologie de captage du dioxyde de carbone pour le séparer des autres gaz commercialisables, comme le méthane présent dans les réservoirs de gaz naturel, date des années 1920. L’idée selon laquelle la technologie pourrait capter le dioxyde de carbone avant qu’il ne pénètre dans l’atmosphère (où il contribue à l’effet de serre) remonte à 1977. Le concept voulant que le dioxyde de carbone capté puisse être injecté dans les puits de pétrole pour accroître la productivité d’un puits remonte aux années 1970. On a démontré ce concept pour la première fois au Texas, aux États-Unis.

Avantages et objections

Les défenseurs du captage du carbone soutiennent que cette technologie est nécessaire pour les nations et les industries qui cherchent à décarboniser (c’est-à-dire à réduire les émissions annuelles de dioxyde de carbone en vue de les éliminer complètement). Ils affirment qu’il est particulièrement difficile d’éliminer complètement les émissions de dioxyde de carbone provenant de certaines industries, comme les cimenteries, les fonderies d’acier ou les raffineries de pétrole, et que le captage du carbone est la seule manière pour ces entreprises de continuer leurs activités tout en tentant de réduire leurs émissions.

Les opposants soutiennent que cette technologie se révèle peu efficace. Ils précisent que les taux de captage ont souvent été exagérés pour paraître beaucoup plus élevés que ce qui est normalement atteint. Ils notent également que, tout au long de l’histoire de la technologie, on a utilisé entre 80 et 90 % de tout le dioxyde de carbone capté pour des projets de récupération assistée des hydrocarbures (RAH). Plus de 70 % des projets de captage du carbone en cours servent à la RAH. Les détracteurs ajoutent que, même si le captage du carbone peut réduire les émissions d’une raffinerie de pétrole, s’il est finalement utilisé pour produire des sources d’énergie combustible dérivées de combustibles fossiles (comme l’essence), ses avantages environnementaux sont négligeables. Des entreprises prétendent que leurs produits sont carboneutres grâce au captage du carbone, sans tenir compte de ces émissions, ce qui a suscité des accusations d’écoblanchiment. Les écologistes font remarquer que, puisque le captage du carbone dépend souvent de subventions et que son développement coûte des dizaines de milliards de dollars, il est plus rentable d’investir les ressources publiques dans la construction de nouvelles infrastructures d’énergie renouvelable afin d’abandonner l’utilisation des combustibles fossiles pour le chauffage, l’énergie ou l’électricité.

Deux manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire « Captage et stockage du carbone, un autre gros mensonge ».

D’autres opposants s’inquiètent de la sécurité de ces projets. Le dioxyde de carbone est un gaz asphyxiant inodore, insipide et invisible pouvant causer la mort s’il est libéré accidentellement sous forme concentrée. Les projets de captage du carbone doivent souvent transporter le dioxyde de carbone concentré depuis la source des émissions jusqu’à l’endroit où il sera stocké.

Le saviez-vous?
Lorsqu’un pipeline de dioxyde de carbone s’est rompu près de la petite collectivité de Satartia, dans le Mississippi, en février 2020, la population a dû être évacuée et près de 50 personnes ont été transportées à l’hôpital. Comme le dioxyde de carbone concentré remplace l’oxygène dans l’air, les moteurs des ambulances et des camions de pompiers ont cessé de fonctionner en chemin, les empêchant d’atteindre leur destination et compliquant encore plus les opérations de secours. Les premiers intervenants, peu familiarisés avec les intoxications massives au dioxyde de carbone, ne savaient pas à quoi ils avaient affaire et ont décrit les victimes comme des zombies.


Projets de captage du carbone Canada

En 2025, le Canada compte cinq projets de captage du carbone à des fins commerciales. Parmi les plus importants, on recense le projet de CSC Quest de Shell Canada, le projet de pipeline principal de l’Alberta pour le CSC et le projet de CSC de Boundary Dam.

Le projet de CSC Quest de Shell capte le dioxyde de carbone produit par les unités de production d’hydrogène. Ce projet a été critiqué, car une enquête publiée en 2022 a déterminé que l’installation produisait plus d’émissions qu’elle n’en captait.

Le projet de pipeline principal de l’Alberta pour le CSC (Alberta Carbon Trunk Line), inauguré en 2020 après plus d’une décennie de développement, est actuellement le plus grand réseau en exploitation en Alberta. Le système de 1,2 milliard de dollars, financé par les gouvernements du Canada et de l’Alberta, utilise le dioxyde de carbone capté pour la RAH.

Le projet de CSC de Boundary Dam est une centrale au charbon de la Saskatchewan qui a été modernisée au coût d’un milliard de dollars pour intégrer la capture du carbone. Une étude publiée en 2024 a révélé que ce projet de captage du carbone avait un taux de captage de 57 % sur neuf ans, malgré les affirmations selon lesquelles il aurait un taux de captage de 90 %. L’installation utilise le carbone capturé pour la RAH.

Carte montrant les installations commerciales de capture du carbone dans le monde, y compris celles encore en développement.
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