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The Vindicator

The Vindicator était un journal hebdomadaire anglophone de courte durée publié à Montréal entre 1828 et 1837. Fondé par Daniel Tracey, immigrant irlandais arrivé à Montréal en 1825. C’est un fervent nationaliste irlandais, et son journal est la voix des Irlandais membres du Parti patriote à Montréal. Il soutient le Parti patriote, et tout comme l’éditorialiste de La Minerve, Ludger Duvernay, il aime que le parti ait une idéologie radicale réformiste. À la suite de la mort de Daniel Tracey, en 1832, Edmund Bailey O‘Callaghan prend la relève et continue son travail. Même si The Vindicator a duré moins d’une décennie, il a joué un rôle majeur pour promouvoir l’engagement des Irlandais dans la cause du Parti patriote.
Ludger Duvernay
Réminiscences de l'histoire du Canada. Ludger Duvernay, fondateur de la Société Saint-Jean Baptiste. Crédit: Bibliothèque et Archives Canada.
Édouard-Raymond Fabre
Louis-Joseph Papineau, (Daguerrotype)
Personnage complexe et contradictoire, Papineau a été le premier dirigeant politique réel de son peuple et le symbole parfait de son mécontentement (daguerréotype, avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-66899).

Création

Imprimé pour la première fois le 12 décembre 1828, The Vindicator a été créé par le docteur Daniel Tracey. Né en Irlande en 1794, Daniel Tracey — un catholique irlandais et physicien — quitte sa terre natale sous la domination anglaise en 1825 pour s’installer à Montréal, où il devient le porte-parole de la population irlando-canadienne. Il est fortement influencé par The Canadian Spectator, de Jocelyn Waller, qui fonde ce journal en 1822 et qui disparaît à la mort de son créateur, en 1828. Le journal de Jocelyn Waller soutient Louis-Joseph Papineau et les patriotes, ainsi que la réforme du système politique colonialiste. Après la mort de Jocelyn Waller, c’est à Daniel Tracey et The Vindicator de prendre le relais.

Années Daniel Tracey (1828-1832)

Avec Daniel Tracey, le journal a pour but de promouvoir l’émancipation politique des Irlandais catholiques de la domination anglaise. Même s’il soutient le Parti canadien ou Parti patriote, les affaires canadiennes sont secondaires. Cependant, cela change quand Daniel Tracey est forcé de vendre les parts de son journal à un groupe composé de Ludger Duvernay, Denis-Benjamin Viger et Édouard-Raymond Fabre après que son journal a connu des difficultés financières. Cependant, même si les nouveaux propriétaires ne veulent pas que Daniel Tracey ignore les affaires irlandaises, ils désirent qu’il se concentre plus sur les affaires du Bas-Canada.

Daniel Tracey partage la même idéologie radicale que Ludger Duvernay et son journal, La Minerve, surtout en ce qui concerne le Conseil législatif. Le 3 janvier 1832, il écrit : « [C’]est une absurdité de penser que huit hommes sur dix avec un talent hors du commun, sans grand intérêt pour le pays, peuvent agir avec tous les caprices que le corps fait. » Tout comme Ludger Duvernay, Daniel Tracey écrit souvent que le Conseil doit être aboli, ce qui résulte à l’arrestation et à l’emprisonnement des deux journalistes. Selon l’historien Yvan Lamonde, cette arrestation est un moment important, car elle a renforcé les liens entre les Canadiens français et les Irlandais réformateurs dans le Bas-Canada. Jusqu’à présent, les Canadiens français sont méfiants envers les immigrants irlandais. Malheureusement, Daniel Tracey décède peu de temps après. Il meurt en juillet 1832 pendant l’épidémie de choléra; il soignait les immigrants irlandais pendant l’épidémie.

Années Edmund Bailey O‘Callaghan (1833-1837)

The Vindicator étant le seul journal anglophone qui supportait les patriotes, ses propriétaires voulaient bien que cela continue après la mort de Daniel Tracey. En avril 1833, le docteur Edmund Bailey O‘Callaghan devient l’éditorialiste. Tout comme Daniel Tracey, il est un immigrant irlandais, un physicien et soutient le Parti patriote.

Edmund Bailey O

Pendant la période menant aux Rébellions, le journal continue à faire face à l’agenda du Parti radical. Pour une fois, Edmund Bailey O‘Callaghan continue à attaquer le Conseil législatif. Le 3 septembre 1833, il écrit : « Dans chaque lutte politique dans laquelle le pays a été engagé ces dernières années, ils se sont montrés être de violents partisans contre le peuple… » Le journal confirme également les 92 résolutions, les appelant la « nouvelle constitution », fondement du Bas-Canada. Cela défend également les Canadiens français des attaques de la presse tory, qui avance que les vrais alliés de la communauté irlandaise sont les patriotes et non pas le Parti britannique. Edmund Bailey O‘Callaghan étend le spectre du journal en donnant une place à l’actualité internationale plus importante. Par exemple, il lie souvent les différentes insurrections qu’il y a dans le monde, comme en Pologne, en Belgique ou en Irlande, avec le mouvement du Parti patriote.

Edmund Bailey O‘Callaghan et The Vindicator sont cependant dans une position délicate. Même si ce dernier peut compter sur le soutien implacable des membres radicaux de la communauté irlandaise, plusieurs des membres de la communauté plus modérés soutiennent le Parti britannique. Le nationalisme canadien-français et le radicalisme qui sont promus par le parti après les 92 résolutions mettent mal à l’aise les sympathisants. Cela amène Edmund Bailey O‘Callaghan d’éviter de traiter des sujets controversés tels que les personnages canadiens-français du parti et le régime seigneurial.

Malgré cela, Edmund Bailey O‘Callaghan et The Vindicator restent loyaux envers le parti, soutenant même la rébellion armée. Suivant les Résolutions Russell, Edmund Bailey O‘Callaghan incite ses lecteurs à prendre les armes et à se rebeller : « Nos droits ne doivent pas être violés en toute impunité. Un cri d’indignation doit s’étendre d’une extrémité à l’autre de la province […] Désormais, il ne doit plus y avoir la paix dans la province, pas de quartier pour les pillards. Soulevez-vous! Soulevez-vous!! SOULEVEZ-VOUS!!! »

Fin

Au début de novembre 1837, le journal cesse d’exister. Dans la nuit du 9 novembre, le matériel d’impression et de bureau est détruit par les membres du Doric Club, un groupe paramilitaire tory qui s’oppose au Parti patriote. Comme beaucoup de patriotes, Edmund Bailey O‘Callaghan s’enfuit vers les États-Unis d’Amérique lorsque le gouvernement lance un mandat d’arrêt contre lui. Alors qu’il est aux États-Unis, il continue de travailler avec ses collègues membres du parti tels que Ludger Duvernay et Robert Nelson en essayant de rallier les Américains à sa cause. Il voyage même jusqu’à Philadelphie pour obtenir un soutien financier et militaire. (Voir La jeune République américaine et les rébellions canadiennes de 1837 et 1838.)