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Tipi

Habitation de forme conique consistant en une armature de perches recouverte de peaux, le tipi était pour les Indiens nomades des Plaines une habitation facile à déménager, malgré sa taille.
Tipi siksika (Pieds-Noirs)
La partie foncée au sommet du tipi représente le ciel; la bande foncée à la base représente la Terre.
Tipi à Dél\u012fn\u0119, dans les Territoires du Nord-Ouest (2008)
Tipis d'un campement ojibwé
Ronds de tipis
Anneaux de tipis le long du côté d'une vallée dans les hautes terres des Prairies près de la rivière Saskatchewan Sud... on trouve fréquemment des anneaux de tipis le long des côtes des vallées.
Tsuut
Astokumi (Crow Collar), du peuple autochtone tsuut'ina, en compagnie de sa femme,
Tipi en peau de loutre exposé au musée Glenbow
Tipi à Banff
Tipi dans le parc national de Banff, en Alberta.

Qu’est-ce qu’un tipi?

Un tipi (peut aussi s’écrire teepee) est une sorte d’abri de forme conique. Traditionnellement, il est construit de poteaux de bois et recouvert de peaux de bison cousues ensemble. Le tipi est important pour les peuples autochtones des Plaines, qui voyagent souvent pour chasser, participer à des rassemblements sociaux (comme la danse du soleil) ou trouver refuge en hiver, et qui ont donc besoin d’habitations qui peuvent être montées et démontées facilement. Les Autochtones des Plaines conçoivent donc une sorte d’habitation portable – le tipi – qui est parfaitement adapté à leur mode de vie.

LE SAVIEZ-VOUS?
L’origine précise du tipi des Plaines est incertaine. Cependant, les anneaux de pierres utilisés pour retenir le bord des peaux couvrant les tentes sont révélateurs des anciens sites de camps de tipi qui remontent jusqu’à il y a au moins 5000 ans dans les Prairies, et plus longtemps encore dans les régions nordiques.

Comment les tipis sont-ils fabriqués?

Les peuples autochtones des Plaines transportent d’abord les poteaux et les couvertures des tipis vers leur lieu de campement désiré en utilisant des chiens. Après la fin du 18e siècle, ils utilisent des chevaux. Les chiens et les chevaux tirent un travois rempli des effets des voyageurs, tandis que ces derniers marchent à côté.

Une fois arrivés au lieu du campement, les peuples autochtones des Plaines construisent des tipis d’environ 4 à 6 mètres de diamètre à la base, amincis vers le haut pour former un exutoire de fumée au sommet. Cet exutoire est essentiel, car sans cette ouverture, les feux construits au milieu du tipi provoqueraient l’incendie de la structure. Des rabats soutenus par des poteaux externes règlent parfois l’appel d’air de l’exutoire pour améliorer la ventilation et favoriser l’évacuation de la fumée. L’armature du tipi est recouverte de peaux de bison tendues sur jusqu’à 20 poteaux. Des pierres sont souvent utilisées pour retenir le bord inférieur de la couverture de peau. Le tipi mesure en moyenne entre 5 et 6 mètres de hauteur, avec, en général, une entrée orientée vers l’est, car c’est la direction du soleil levant, et le côté opposé aux vents dominants. La place d’honneur du propriétaire du tipi ou de l’homme le plus âgé est souvent située en face de l’entrée.

Lors d’événements importants, des campements (lieux où plusieurs tipis sont érigés) sont organisés en cercle, généralement avec une entrée orientée vers l’est. Les tipis sont disposés dans un ordre précis à l’intérieur du cercle, selon les bandes et les familles. À l’occasion, ces divisions engendrent des cercles secondaires. Souvent, les tipis peints composent un petit cercle central, surtout pendant de grands événements, comme les cérémonies de la danse du soleil.

Les tipis du 19e siècle sont souvent assez larges pour loger plusieurs cellules familiales et ils sont embellis de décorations de piquants de porc-épic et peints. Des bourses sacrées sont suspendues sur des trépieds à l’intérieur du tipi. Ce sont les femmes qui montent et démontent ces habitations, et elles se spécialisent dans la taille et la couture des peaux de bison, qui doivent s’ajuster à l’armature conique. Après l’arrivée des chevaux dans les Plaines, les tipis deviennent plus grands et le mobilier devient plus élaboré et décoré, car les chevaux peuvent supporter des charges plus pesantes que peuvent les chiens.

Le dessin des tipis varie d’un peuple des Plaines à l’autre, la différence majeure étant le nombre de poteaux principaux utilisés pour l’armature. Les Siksikaitsitapi (Confédération des Pieds-Noirs) et leurs alliés préfèrent une armature à quatre poteaux, tandis que les Cris, les Ojibwés et les peuples qui s’expriment en langues sioux (Dakotas) utilisent généralement trois poteaux. Le tipi tetrapolaire présente une forme plus circulaire et nécessite moins de poteaux supplémentaires, mais est moins stable que le tipi tripolaire. L’affiliation à une nation en particulier est facilement identifiable à distance grâce aux variations du profil du tipi, de la forme des rabats de ventilation et de la longueur des poteaux.

LE SAVIEZ-VOUS?
À l’extérieur de la région des Plaines et autour des Grands Lacs et de la partie canadienne de la région du Plateau, une habitation en forme de dôme, appelée « wigwam » dans les langues algonquiennes, est construite de poteaux pliés en arceaux et recouverts d’écorce de bouleau, de peaux ou de tapis (voir Histoire de l’architecture : Autochtones.)

Tipis et spiritualité

Les peuples des Plaines créent de puissantes associations symboliques entre le tipi et le royaume spirituel. Le sol intérieur du tipi représente la Terre, mère nourricière; la couverture représente le ciel et le Père. Les poteaux relient la Terre au ciel et forment des sentiers, le long desquels les prières peuvent se rendre aux cieux.

Certains tipis – peut-être un sur dix parmi ceux des Siksikaitsitapi – sont recouverts d’images peintes, ce qui les transforme en loges sacrées associées à des rituels spécifiques. Les images peintes sur ces tipis reflètent la bande ou la Première Nation du propriétaire, et ont des significations à la fois littérales et cosmologiques. Les dessins de la bordure inférieure incarnent la Terre et les choses relatives à celle-ci, tandis que les dessins de la bordure supérieure décrivent le ciel et le monde des esprits. Entre ces deux régions s’étend une zone qui représente les aspects de ce monde, ou d’un autre monde auquel l’occupant principal (ou son ancêtre direct) a accédé dans une vision. Par conséquent, les images de cette zone centrale vont des représentations d’exploits humains aux évocations de créatures surnaturelles qui ont transmis des pouvoirs au premier propriétaire de la vision. Lorsque les peaux s’usent – généralement après un ou deux ans –, elles sont remplacées. Les peintures de l’ancien tipi sont transférées sur la nouvelle couverture. Ainsi, les dessins passent d’une génération à l’autre.

Tipis d’hier et d’aujourd’hui

Avec l’arrivée des immigrants européens et la perte des troupeaux de bisons, pendant la deuxième moitié du 19e siècle, la mode de vie traditionnelle des peuples autochtones des Plaines disparaît. Pendant un certain temps, ils réussissent à s’adapter en modifiant leur régime alimentaire et en substituant des doublures de toile pour les peaux de bison qui couvrent leurs tipis, mais finalement, le gouvernement fédéral les force à s’installer dans des réserves aux limites définies. Peu à peu, le tipi cède la place aux formes architecturales imposées, liées à la vie sédentaire (non mobile).

Cependant, les tipis demeurent importants dans la culture autochtone. Dans certains cas, ils sont encore utilisés pour tenir des événements spirituels et culturels. Certains chasseurs utilisent également des structures semblables aux tipis lors de leurs déplacements. Symboles de l’identité autochtone, les tipis se retrouvent aussi dans des installations artistiques ou à des lieux où les peuples autochtones se réunissent pour défendre leurs droits ancestraux et leurs terres.