Éditorial

La fête de la Saint-Patrick au Canada

L'article suivant est un éditorial rédigé par le personnel de l'Encyclopédie canadienne. Ces articles ne sont pas généralement mis à jour.

La tradition irlandaise la plus connue est probablement la Saint-Patrick, célébrée d'un océan à l'autre avec force défilés et musique bien arrosés dans les nombreux pubs irlandais.
Parade de la Saint-Patrick à Montréal, Québec
Le commandant de l'Expédition 35, Chris Hadfield de l'Agence spatiale canadienne, en verte le 16 mars 2013.
Immigrants irlandais
Des émigrants irlandais attendent sur un quai, avec leurs quelques effets personnels, d'embarquer sur un bateau qui les mènera en Amérique du Nord. Des millions d'entre eux ont ainsi quitté leur pays, en raison de la famine qui y sévissait.

Qu’ont en commun Thomas D'Arcy McGee, père de la Confédération, Benjamin Cronyn, premier évêque anglican de Huron, Edward Blake, deuxième premier ministre de l'Ontario, Eugene O'Keefe, fondateur de la Brasserie O'Keefe, Eugene Whelan, ancien sénateur, Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada et Jean Charest, ancien premier ministre du Québec? Ces éminents Canadiens partagent bien plus qu'une place dans l'histoire du pays. Comme près de quatre millions de leurs concitoyens, ils sont tous de descendance irlandaise. Le trèfle aurait-il quelque chose à voir dans leur succès? Quand nous célébrons la Saint-Patrick, le 17 mars, nous honorons celui qui a répandu le christianisme en Irlande mais, surtout, nous soulignons la présence irlandaise dans l'histoire du Canada.

Certains prétendent que, des explorateurs irlandais, tels que Brendan le Téméraire, sont venus au Canada avant les Norvégiens. Même si peu de preuves appuient cette thèse, qui n'est peut-être que boniment, il n'en reste pas moins que les Irlandais, qui commencent à arriver au XVIIᵉ siècle, tiennent une place importante.

Même si les provinces maritimes entretiennent des relations étroites avec l'Irlande, c'est au Québec que les liens canadiens-irlandais sont les plus forts. En effet, 40 % de la population déclare être de descendance irlandaise. Cela n’est étonnant, étant donné que leur port d'entrée au pays a longtemps été la ville Québec. À cours de ressources pour continuer leur voyage, beaucoup d'immigrants irlandais s'installent dans la région et s'intègrent à la population francophone. Ils atténuent les différences culturelles qui séparent la majorité française ‒ dont ils partagent la religion (voir Catholicisme) ‒ et la minorité anglaise dont ils parlent la langue (voir Anglo-Québécois).

La plus grande vague d'immigration irlandaise commence au début du XIXᵉ siècle, lorsque la crise économique et la croissance démographique amènent l'Irlande au bord du désastre. La Grande Famine des années 1840 pousse hors du pays environ deux millions de personnes, dont des centaines de milliers débarqueront en Amérique du Nord britannique. Leur destination préférée est l'Amérique et, parmi ceux qui viennent au Canada, des milliers partiront en 1860.

La plupart des communautés irlandaises du Canada sont établies avant la famine. De ceux qui arrivent pendant ce fléau, près d'un quart n'atteindra jamais sa destination. C'est par milliers qu'ils meurent de faim ou de maladie dans les cales putrides des « bateaux cercueils » ou qu'ils succombent à la fièvre, au typhus ou à la dysenterie peu de temps après leur arrivée. Mis en quarantaine, ils se morfondent dans des bâtiments ancrés au large de Grosse Île. Pourtant si proches du salut, ils sont laissés à eux-mêmes dans leur puanteur, leur maladie, sans médicaments, sans soins, sans nourriture, sans même une goutte d'eau à boire.

Les « Irlandais de la famine » qui survivent fournissent de la main-d'œuvre à bon marché pour alimenter la croissance économique des années 1850 et 1860. Comme tous les pionniers immigrants, face à l'adversité, ils persévèrent et se taillent une place dans toutes les sphères de la vie canadienne. Leurs traditions et leur folklore ajoutent une touche de couleur à la mosaïque déjà riche de la diversité culturelle.

Leur tradition la plus connue est probablement la Saint-Patrick, célébrée d'un océan à l'autre avec force défilés et musique bien arrosés dans les nombreux pubs irlandais. Depuis 1824, les Canadiens, arborant le vert et frissonnant le long des rues de Montréal, regardent le plus vieux défilé de la Saint-Patrick de l'Amérique du Nord. La fête, qui rivalise avec celle de Dublin, honore Saint-Patrick comme l'incarnation de la liberté, du pardon et de l'amour.

L'histoire de saint Patrick reflète celle des Irlandais qui sont venus en Amérique du Nord et qui ont réussi car, en tant qu'étranger, il a lui-même dû se créer un foyer avant de devenir un meneur et un modèle de droiture pour le peuple indigène.

Saint Patrick est en fait né Maewyn Succat en Bretagne en 385 apr. J.-C. Kidnappé par des pirates et vendu comme esclave en Irlande, il est catholique non pratiquant mais, pendant ses six années d'esclavage, il trouve réconfort dans la prière. Après s'être échappé en Gaule, il adopte le nom de Patricius et étudie avec saint Germain. Convaincu qu'il est appelé à convertir les païens irlandais au christianisme, il retourne en Irlande.

Selon la légende, Patricius utilise un trèfle à trois feuilles pour expliquer le concept de la sainte Trinité (le Père, le Fils, le Saint-Esprit). Dans une légende probablement métaphorique, Patricius débarrasse l'Irlande de serpents (symbole païen) en les conduisant à la mer pour les noyer. Il meurt le 17 mars 461. Depuis lors, les emblèmes traditionnels irlandais, comme le trèfle et le vert, la couleur nationale de l'« île d'émeraude », ont fini par symboliser la Saint-Patrick.

Pour les Canadiens, c'est une fête qu'on souligne chaque année pour commémorer le courage de ceux qui ont lutté et parfois même péri en essayant de se refaire une vie et de ceux qui ont accueilli des étrangers. C'est pour ça que, à la Saint-Patrick, tout le monde est en effet irlandais. Erin Go Braugh! (l'Irlande à jamais).

Music of
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