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Traîneau à chiens

Le traîneau à chiens est une méthode inventée par les peuples autochtones du Nord pour se déplacer en hiver. Les premiers explorateurs et trappeurs européens l’ont adoptée, car elle constituait le moyen le plus efficace pour transporter des marchandises sur un terrain recouvert par la neige.
Traîneau arctique et attelage de chiens
Les patins des traîneaux, ou kometiks, sont enduits de salive gelée pour mieux glisser (oeuvre de Gordon Miller).
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Ce tableau, réalisé par Paul Kane, présente le mode de transport préféré des Métis pour se déplacer l'hiver (avec la permission du Musée royal de l'Ontario/912.1.48).
Attelage de chiens sur l
Le traîneau à chiens est devenu une activité sportive hivernale fort appréciée dans le Nord et, en dépit de la popularité de la motoneige, il est encore utilisé de nos jours pour le transport (Corel Professional Photos).

Des équipes de 2 à 12 chiens, voire plus, sont attachées, par paires, à une corde, appelée ligne de trait centrale, reliée au traîneau, permettant aux chiens de le tirer sur la neige. En l’absence de piste, lorsque le traîneau passe dans la neige profonde, les chiens peuvent être placés à la file entre deux lignes de trait et suivre la piste étroite créée dans la neige par le conducteur se déplaçant devant eux en raquettes. Dans l’Arctique, où la neige s’accumule et durcit, les Inuits utilisent souvent l’attelage en éventail où chaque chien est attaché au traîneau par sa propre ligne de trait.

Formation

Le ou les deux « chiens de tête », les plus en avant de la ligne de trait, dirigent et guident l’attelage. Les « chiens de pointe » qui se trouvent directement derrière les chiens de tête, encouragent ces derniers à aller de l’avant et sont souvent des chiens de tête « en formation ». Les « chiens de barre », la dernière paire de l’attelage située immédiatement devant le traîneau, sont généralement les plus puissants et ont pour mission de maintenir le traîneau sur la piste. On appelle « chiens du centre » ceux qui sont positionnés entre les chiens de tête et les chiens de barre.

Le conducteur dirige les chiens de tête à la voix. Il peut soit se tenir à l’arrière sur le traîneau, soit marcher à l’avant de l’équipage, soit courir à l’arrière. Les premiers conducteurs canadiens‑français criaient « Marche! » pour faire avancer et stimuler leur attelage. Les explorateurs anglais ont mal compris ce cri et l’ont interprété comme « mush » et, à partir de ce moment‑là, les conducteurs de traîneaux à chiens ont été appelés des « mushers ».

Types de traîneaux

Les traîneaux varient en fonction des peuples qui les fabriquent et des conditions de neige. Dans l’Arctique, les Inuits ont mis au point le qamutik, un lourd traîneau conçu pour transporter des charges importantes sur un terrain accidenté. Plus au sud, les Autochtones fabriquent des toboggans à fond plat ou traînes sauvages pour le transport de cargaisons sur la neige épaisse. Les Européens ont modifié les traîneaux traditionnels et conçu des modèles à panier, surélevés et montés sur deux lisses étroites, pour le transport sur des pistes de neige tassée. De nos jours, les conducteurs de traîneaux à chiens ont raccourci et modifié le traîneau à panier pour l’adapter à la course.

Types de chiens

Les races de chiens de traîneau ont tout d’abord été élevées par les peuples autochtones du Nord, il y a de cela plusieurs milliers d’années : ils ont domestiqué des loups pour les aider à chasser, leurs descendants étant sélectionnés pour donner naissance à des chiens capables de porter des charges, soit en les portant directement sur leur dos, soit en tirant un traîneau. Les Mahlemut, un peuple du nord de l’Alaska, ont obtenu l’une des races de chiens de traîneau les plus anciennes à avoir survécu jusqu’à nos jours, le malamute d’Alaska, un grand chien doté d’une fourrure épaisse et de pattes puissantes. Les Inuits du nord du Canada ont, eux, donné naissance au chien inuit du Canada, plus petit que le malamute, mais sélectionné pour transporter de lourdes charges sur la neige durcie. Aujourd’hui, ces deux races sont enregistrées auprès du Club canin canadien comme des races pures.

À l’époque de la traite des fourrures et des ruées vers l’or du XIXe et du début du XXe siècle dans le nord‑ouest du Canada et en Alaska, les chiens étaient amenés du sud, souvent après avoir été volés, pour satisfaire à la demande de chiens de trait pour le transport. Certains de ces chiens parmi les plus gros ont été croisés avec des malamutes et avec d’autres chiens de traîneau autochtones pour donner naissance à une race mixte, le Mackenzie River Husky, un grand chien de trait présentant une épaisse fourrure et de longues pattes puissantes lui permettant de tirer des charges dans la neige profonde.

Lorsque les courses de traîneaux se sont popularisées au XXe siècle, la sélection des chiens s’est poursuivie en privilégiant des caractéristiques de vitesse plutôt que des capacités à transporter des charges. Le husky de Sibérie, un chien de race pure, a été importé de Russie comme chien de course en raison de sa petite taille et de sa vitesse. Il a été croisé avec d’autres races de chiens de course, comme les lévriers, pour donner naissance à une race mixte, le husky d’Alaska. Parmi ceux‑ci, certains sont sélectionnés pour privilégier des critères de pure vitesse tandis que d’autres le sont pour des caractéristiques d’endurance et de capacité à courir pendant plusieurs jours sur de longues distances.

Courses de chiens

Bien que l’avion, l’automobile et la motoneige aient largement remplacé les traîneaux à chiens dans leur rôle traditionnel de moyen de transport, ces derniers sont devenus, de nos jours, un sport d’hiver extrêmement populaire. Des amateurs enthousiastes entraînent des équipages dans le cadre d’un large éventail d’activités allant de randonnées dans des zones sauvages à des courses organisées pour le plaisir ou pour empocher un prix en espèces sonnantes et trébuchantes. Des courses ont lieu dans tout le Canada, souvent simultanément avec des carnavals d’hiver. Certaines sont des courses sur de courtes distances, que l’on appelle courses de sprint, tandis que d’autres sont des courses d’endurance au cours desquelles les concurrents parcourent des centaines de kilomètres au cours d’un périple qui dure plusieurs jours. La Yukon Quest, la plus célèbre course d’endurance au Canada, se déroule chaque année entre Fairbanks en Alaska et Whitehorse au Yukon. Elle s’étend sur 1 600 km et se déroule sur 10 à 14 jours en fonction de l’état de la piste et des conditions météorologiques. En Alaska, entre Anchorage et Nome, la course de traîneaux à chiens Iditarod est à peu près de la même longueur. Des courses sont également lieu dans de nombreux pays, notamment dans le nord des États‑Unis, au Groenland, en France, en Norvège et en Russie.