Festival international de Vancouver/Vancouver International Festival
Festival international de Vancouver/Vancouver International Festival. L'idée d'une telle manifestation germa en 1949 lorsqu'Iby Koerner, Mary Roaf et Elena Arkell Wait, tous membres du conseil exécutif du Community Arts Council of Vancouver, discutèrent, avec des membres des milieux académiques et artistiques et avec des hommes d'affaires de Vancouver, de la possibilité d'un festival d'été. Après le succès de la Summer School of the Arts à l'Université de la Colombie-Britannique, les plans d'un tel festival furent rediscutés en 1954 et, en 1955, le Festival international de Vancouver fut incorporé. Le soutien financier fut assuré par le CAC, la Fondation Leon et Thea Koerner et les dons de compagnies et de particuliers.
Le premier festival, organisé par Nicholas Goldschmidt, eut lieu à l'été de 1958 à l'Orpheum Theatre, au Georgia Auditorium et à la salle de bal de l'hôtel Vancouver, et présenta notamment des concerts d'orchestre, des récitals de musique de chambre, une grande œuvre chorale (le Requiem de Verdi), un opéra (Don Giovanni), une pièce de théâtre en création (The World of the Wonderful Dark de Lister Sinclair) et un festival international du film. Parmi les artistes se trouvaient les chanteurs Pierrette Alarie, Maureen Forrester, George London, Lois Marshall, Aksel Schiøtz, Léopold Simoneau et Joan Sutherland, le pianiste Glenn Gould, les chefs d'orchestre André Previn et William Steinberg, le mime Marcel Marceau et le Trio Oscar Peterson. Deux prix de 1000 $, l'un pour une pièce d'orchestre, l'autre pour une œuvre de musique de chambre, furent offerts aux compositeurs canadiens par BMI Canada (SDE Canada) et CAPAC, les œuvres gagnantes devant être créées au cours du festival. Un seul gagnant fut choisi, Paul McIntyre, pour sa cantate Judith. Le prix fut décerné par CAPAC uniquement.
Le second festival (1959) fut encore plus ambitieux. La ville de Vancouver et les gouvernements provincial et fédéral apportèrent leur soutien financier. Une nouvelle salle (le Queen Elizabeth Theatre) aida à élargir le calendrier des manifestations. Trois œuvres furent commandées : le Quatuor à cordes no 3 de Harry Somers à l'intention du Quatuor à cordes hongrois; Tryptique, œuvre pour orchestre de Pierre Mercure; et Four Songs pour voix élevée et orchestre de Robert Turner. Le festival présenta également Harry Belafonte, les Cassenti Players, la Chorale Bach de Montréal, Anna Russell et le Théâtre de danse Takarazuka, et les chefs d'orchestre Herbert von Karajan et Bruno Walter furent invités à diriger l'orchestre du festival. Pour diminuer le déficit financier, le troisième festival (1960) fut réduit et moins spécialisé. Les grandes attractions en furent l'Opéra de Pékin, des concerts symphoniques dirigés par William Steinberg et Carlos Chavez, deux concerts de l'Orchestre philharmonique de New York dirigés par Leonard Bernstein, le Kingston Trio, Glenn Gould et Kerstin Meyer.
L'affiche du quatrième festival en 1961 incluait les Disciples de Massenet, le New York City Ballet, le Chœur de l'Armée rouge et le soprano Irmgard Seefried. On y présenta encore de l'opéra (la création nord-amér. de A Midsummer Night's Dream de Britten, avec Russell Oberlin et Mary Costa) et le contenu pop fut augmenté de façon substantielle. Malgré cela, le festival encourut un déficit considérable, en plus d'être jugé sévèrement par la critique. Dans le Canadian Music Journal (automne 1961), Kenneth Winters le décrivit comme « une semaine de festival en un mois de médiocrité » et qualifia la tendance grandissante de la programmation vers la musique pop de « capitulation de la patience, de la clairvoyance et du courage pour une question de gros sous ».
Ce ne fut pas avant le début de l'année 1962 que des fonds suffisants (dons de particuliers, de la ville et de la province, recueillis en partie grâce aux efforts de la station radiophonique CHQM) assurèrent la tenue d'un cinquième festival. En 1962, les têtes d'affiche furent la Comédie-Française, la production du Festival de Stratford de The Pirates of Penzance de Gilbert et Sullivan, et le Mormon Tabernacle Choir. De plus, la Vancouver Opera Assn présenta La Flûte enchantée et le public fut invité à des concerts et récitals de l'Orchestre (de chambre) de la SRC, du Quatuor Juilliard et des pianistes-duettistes Vronsky et Babin. Un festival international du film fut présenté pour la dernière fois dans le cadre de cette manifestation. En raison d'un déficit important et toujours croissant, on envisagea de supprimer le festival 1963 et une nouvelle politique fut adoptée. Il fut décidé que les festivals subséquents seraient organisés autour de thèmes reflétant la vie des pays dont le Canada tient son héritage culturel. Le gouvernement provincial offrit plus d'argent (au prorata des fonds du secteur public) et des concerts-bénéfices furent présentés à l'hiver 1962-63. Le sixième festival (1963), dont le thème était la Grande-Bretagne, présenta plusieurs pièces de théàtre et The Best of Spring Thaw. Durant l'hiver 1963, le festival fit venir à Vancouver le Cirque de Moscou afin de recueillir des fonds pour le festival 1964. Ayant pour thème la France, le programme de 1964 regroupa des étoiles du ballet de l'Opéra de Paris, Charles Munch (au pupitre de l'Orchestre symphonique de Vancouver qui participait au festival pour la première fois sous son propre nom), Zizi Jeanmaire et les Ballets de Paris. En 1965, le nom fut changé en celui de Festival de Vancouver (Vancouver Festival) et la politique des thèmes fut abandonnée. On se souvient surtout du huitième festival à cause de la présence d'Igor Stravinsky comme chef d'orchestre et de celle de Margot Fonteyn et de Rudolf Nureyev. Pour le festival 1966, il fut décidé que la Vancouver Opera Assn, la Playhouse Theatre Co. et l'OS de Vancouver prépareraient chacun au moins une production. La VOA présenta Hansel and Gretel, le festival, Oliver, et le Playhouse Theatre, Big Soft Nellie et L'Opéra de quat'sous. L'orchestre donna deux concerts sous la direction de Meredith Davies, l'un deux pour marquer le centenaire de la naissance de Busoni. Le Ballet du Bolchoï et une présentation de l'ONF firent aussi partie du programme. Le festival 1967 fut inauguré par un concert dirigé par sir Arthur Bliss. La VOA monta The Girl of the Golden West de Puccini, et Van Cliburn et George Malcolm donnèrent des récitals. Malgré le succès artistique du Robert Joffrey City Center Ballet et de quelques autres manifestations, le festival 1968 subit de lourdes pertes. Il fut décidé que la 11e saison serait la dernière.
Les présidents du festival ont été W.C. Mainwaring (1958-59), le général sir Ouvry Roberts (1960-61), T.N. Beaupre (1962-63), David S. Catton (1964), Martin A. Linsley (1965) et R.A.C. Douglas (1966-68). Les directeurs artistiques furent Nicholas Goldschmidt (1955-62), Dino Yannopoulos (1962-64) et Gordon Hilker suivi de William Crawford (1964). Durant trois ans (1965-67), en l'absence d'un dir. artistique, le festival fut supervisé par Hugh Pickett, Dora McQuade et Julia Switzer. Hilker en assuma de nouveau la direction la dernière année, soit en 1968. On peut trouver des comptes rendus du festival dans les numéros d'automne du CMJ (vol. III-VI, 1958-61).