Vivian Barbot, militante, leader féministe, syndicaliste, politicienne (née le 7 juillet 1941 à Saint-Marc, en Haïti). Vivian Barbot a dirigé la Fédération des femmes du Québec de 2001 à 2003. Elle a été la première femme d’origine haïtienne élue députée à la Chambre des communes du Canada. Vivian Barbot a siégé sous la bannière du Bloc québécois de 2006 à 2008. De mai à décembre 2011, elle est cheffe intérimaire du Bloc québécois à la suite du départ de Gilles Duceppe; elle devient ainsi la première personne noire à diriger un parti politique au Parlement canadien.
Famille et formation
Vivian Barbot grandit dans une famille aisée; son grand-père est propriétaire de plantations. À l'âge de 16 ans, elle part étudier en France.
En 1960, le régime dictatorial de François Duvalier rend le contexte politique et social difficile en Haïti. Vivian Barbot rentre au pays sans pouvoir terminer ses études. Sa famille est en résidence surveillée et son père, Clément Barbot, est emprisonné. D’abord ami et homme de confiance de Duvalier (il a organisé avec lui la milice paramilitaire des Tontons macoutes), il s’est ensuite opposé au dictateur. Ce dernier le soupçonne de vouloir prendre le pouvoir et l’accuse de complot contre l’État. Il sera assassiné par les Tontons macoutes peu après sa sortie de prison.
Dans ce contexte de persécutions politiques, Vivian Barbot, sa mère, son frère et ses deux sœurs se réfugient à l’ambassade d’Argentine de Port-au-Prince. La famille y restera pendant près de deux ans, avant de pouvoir quitter le pays pour l’Argentine. Vivian Barbot a 23 ans.
Quelques mois après son arrivée en Argentine, Vivian Barbot rencontre Réal Lymburner, un Québécois qui fait le tour du monde et qui deviendra son mari. Le couple décide de s’installer au Québec et arrive à Montréal pendant l'Expo 67. Ensemble, Vivian Barbot et Réal Lymburner auront trois enfants.
Vivian Barbot s'épanouit dans sa terre d’accueil. Elle obtient un baccalauréat en études littéraires, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en 1975. (Voir aussi Réseau de l’Université du Québec.) L’année suivante, elle obtient un certificat d’aptitudes pédagogiques à l’enseignement secondaire (CAPES) de l’Université de Sherbrooke. De 1988 à 1994, elle suit le programme de maîtrise en médiation interculturelle à l’Université de Sherbrooke.
Carrière professionnelle et militantisme
Vivian Barbot enseigne le français au Cégep de Victoriaville de 1983 à 2001. Au cours de cette période, soit 1991 à 1992, elle est la présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep. Elle appuie également la cause de diverses organisations féministes et syndicales du Québec. (Voir aussi Centrales syndicales québécoises.)
En 2001, Vivian Barbot pose sa candidature à la présidence de la Fédération des femmes du Québec; elle y est alors vice-présidente. Élue par acclamation, elle succède à Françoise David à la tête de l’organisation et occupe ce poste pendant deux ans. Lors d’un entretien en mars 2003, Vivian Barbot confie une anecdote évocatrice de son caractère et de son engagement. « Ma mère rappelle souvent que nous n’avons qu’une vie à vivre et qu’il faut la vivre debout! ». Vivian Barbot, souvent présentée comme une personne combative, incarne ce dicton à la lettre et cette image lui colle à la peau.
Femme engagée et féministe, Vivian Barbot possède une feuille de route impressionnante. Tout au long de sa carrière, elle a été au centre d'une multitude de débats sur des questions fondamentales touchant notamment l'égalité entre hommes et femmes (voir Égalité des genres), le logement social (voir Logement et politique du logement), les conditions de vie des aînés, l'intégration des personnes immigrantes (voir : Immigration au Canada; Diasporas immigrantes au Canada), ainsi que le respect de l'intégrité et des droits de la personne.
Carrière politique
Vivian Barbot développe des affinités avec les idéaux politiques du souverainisme (voir Séparatisme) québécois et devient membre du Bloc Québécois. ( Voir Nationalisme francophone au Québec.)
Aux élections fédérales de 2006, elle se présente comme candidate du Bloc et est élue députée de la circonscription de Papineau. Elle remporte ces élections avec une majorité de 990 voix sur l’ex-ministre (voir Cabinet) libéral Pierre Pettigrew. Il s’agit d’une victoire importante pour le Bloc québécois et pour Vivian Barbot qui devient la première femme d’origine haïtienne élue au Parlement canadien.
Ce succès est en partie attribuable au soutien des communautés culturelles qui se sont mobilisées pour appuyer Vivian Bardot. On compte parmi ses appuis le Regroupement des Algériens du Canada, ainsi que des membres des communautés marocaine, tunisienne et mauritanienne.
Aux élections du 14 octobre 2008, Vivian Barbot perd son siège contre Justin Trudeau à l’issue d’une lutte serrée. Près de 900 voix séparent les deux. Elle sera de nouveau vaincue par le député libéral en 2011.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est également défait aux élections de 2011. Au cours des six élections fédérales tenues de 1993 à 2011, le Bloc québécois avait remporté la majorité des 75 sièges au Québec. Toutefois, aux élections de 2011, il n’obtient que quatre sièges. Après cette défaite, le Bloc québécois perd son statut de parti officiel à la Chambre des communes, qui lui garantissait un budget de recherche et un droit de parole minimal. Gilles Duceppe se retire et Vivian Barbot, alors vice-présidence du parti depuis 2009, est nommée présidente par intérim. Elle est ainsi la première personne noire à diriger un parti fédéral avec représentation parlementaire. Elle demeure en poste jusqu'à l'élection du nouveau chef, Daniel Paillé, le 11 décembre 2011. Elle quitte son poste de vice-présidente en 2012.
Retraite
Alors âgée de 70 ans, Vivian Barbot quitte le monde politique en 2012. Elle souhaite se concentrer sur ses projets d’écriture, s’occuper de ses petits-enfants et de sa mère âgée.
En septembre 2013, elle se dissocie de la Fédération des femmes du Québec à la suite d'une divergence d'opinions au sujet de la Charte des valeurs du Québec. L’organisme, que Vivian Barbot a dirigé de 2001 à 2003, s'oppose au projet de loi.
Ardente féministe, Vivian Barbot participe à plusieurs conférences et causeries sur la place de la femme en politique, notamment celle de la femme racisée, après avoir quitté ses fonctions au Bloc québécois. En 2018, dans le cadre de l’exposition Shalom Montréal au Musée McCord, elle participe à la causerie sur les différentes façons dont les femmes immigrantes et racisées contribuent à la vie montréalaise.
Prix et Distinctions
- Souper-Gala des Patriotes 2017: Prix Marie-Victoire-Félix-Dumouchel pour sa grande contribution à l’avancement des causes souverainistes et patriotiques;
- Femme de l’année de l’Association des femmes d’affaires et professionnelles haïtiennes de Montréal (AFAPHM) 2001;
- Ambassadrice de l’Université de Sherbrooke 2001;
- Chevalière de l’Ordre de la Pléiade et du dialogue des cultures par l’Assemblée des parlementaires de la Francophonie 2006.