Michaëlle Jean, C.P., C.C., C.M.M., C.O.M., C.D., gouverneure générale du Canada de 2005 à 2010, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie de 2015 à 2019, activiste sociale, journaliste, documentariste (née le 6 septembre 1957 à Port-au-Prince en Haïti). Pendant une grande partie de sa vie, Michaëlle Jean a défendu les droits des femmes. Après une carrière remarquable de journaliste et de cinéaste, elle est devenue la première gouverneure générale haïtienne et noire du Canada en 2005. De 2015 à 2019, elle a été la première Canadienne et la première femme secrétaire générale de la Francophonie.
Jeunesse et éducation
Michaëlle Jean passe son enfance dans un quartier de la classe moyenne de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Son père est directeur d’école et professeur de philosophie dans une école préparatoire protestante d’élite. Elle est éduquée à la maison parce que ses parents, Roger et Luce, ne veulent pas qu’elle fréquente l’école où elle devrait prêter serment d’allégeance au dictateur François « Papa Doc » Duvalier. En 1965, son père est arrêté et torturé. En 1967, il s’enfuit au Canada; sa femme et leurs deux filles le rejoignent l’année suivante.
La famille s’installe à Thetford Mines, une ville minière du Québec, où Roger enseigne au collège local. Plus tard, Michaëlle Jean se rappelle que son père est, à cette époque, un « homme brisé », de plus en plus enclin à la violence. Le mariage de ses parents se désintègre, et elle déménage à Montréal avec sa mère et sa sœur. Elles vivent dans un logement dans un sous-sol pendant que sa mère subvient à leurs besoins en travaillant d’abord dans une usine de vêtements, et ensuite comme aide-soignante de nuit dans un hôpital psychiatrique.
Michaëlle Jean étudie à l’Université de Montréal. Elle y obtient un baccalauréat en italien et en espagnol. Elle y poursuit ses études supérieures en vue d’une maitrise en littérature comparée et elle y enseigne l’italien. Michaëlle Jean obtient des bourses d’études qui lui permettent de faire plusieurs voyages en Italie pour étudier dans les universités de Pérouse, de Florence et de Milan. Elle parle couramment cinq langues (le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol et le créole haïtien).
Michaëlle Jean est également une activiste qui se bat contre la violence conjugale. Elle travaille dans des refuges pour femmes battues et elle coordonne une étude subventionnée par le gouvernement sur la violence conjugale durant ses études universitaires.
Faits saillants de carrière
En 1986, Michaëlle Jean retourne en Haïti en compagnie d’une amie afin d’y effectuer des recherches pour un article sur les femmes de l’île. Les deux amies arrivent juste à temps pour être témoins de la destitution Jean-Claude « Baby Doc » Duvalier, le dictateur du pays et le fils de l’homme dont la famille de Michaëlle Jean a fui le régime. Son travail attire l’attention d’un producteur de l’Office national du film. Elle est invitée à retourner en Haïti en tant que recherchiste et intervieweuse pour un film sur les élections haïtiennes de 1987, qui est diffusé à l’émission Le Point, un magazine d’actualités télévisé de la Société Radio-Canada.
Lorsque Radio-Canada embauche Michaëlle Jean, celle-ci devient la première personne noire à présenter les actualités francophones à la télévision au Canada. Elle travaille en tant que journaliste ou présentatrice pour plusieurs émissions du réseau, dont Actuel, Montréal ce soir et Virages. Vers le milieu des années 1990, elle passe à RDI, la chaine d’information continue de Radio-Canada, et elle devient la présentatrice du Journal RDI et d’autres émissions. Elle remporte de nombreux prix au fil du temps, incluant un prix Gémeaux. En 2004, elle est suffisamment connue des Canadiens francophones pour lancer sa propre émission d’actualités intitulée Michaëlle sur RDI. Au Canada anglais, elle est bien connue des spectateurs des émissions documentaires de CBC Newsworld, The Passionate Eye et Rough Cuts, qu’elle anime depuis 1999.
Avec son mari, le cinéaste Jean-Daniel Lafond, Michaëlle Jean réalise plusieurs documentaires durant les années 1990. Ces films comprennent Tropique Nord qui traite de l’expérience d’être un Noir au Québec; Haïti dans tous nos rêves, un film primé; et L’heure de Cuba, film sur le thème du 40e anniversaire de la révolution cubaine.
Gouverneure générale
En août 2005, le premier ministre Paul Martin annonce la nomination de Michaëlle Jean au poste de gouverneur général, nomination qui soulève la controverse. Une publication souverainiste québécoise laisse entendre que Michaëlle Jean et son mari ont soutenu la cause séparatiste au Québec. Michaëlle Jean refuse d’abord de répondre, mais elle publie ensuite une brève déclaration insistant sur le fait qu’elle n’a jamais appartenu au mouvement séparatiste. Le débat sur sa double citoyenneté (elle est devenue française en épousant Jean-Daniel Lafond, qui est né en France) cesse après sa renonciation à sa citoyenneté française peu de temps avant d’entrer en fonction.
Assermentée le 27 septembre 2005, Michaëlle Jean succède à Adrienne Clarkson. Elle devient la première personne noire à occuper le poste de gouverneur général. Descendante de personnes asservies, elle utilise sa fonction pour mettre de l’avant avec passion la liberté comme un élément central de l’identité canadienne. S’inspirant de son expérience d’immigrante, Michaëlle Jean soutient qu’il est temps d’« éliminer le spectre » des deux solitudes, la française et l’anglaise, qui caractérisent depuis longtemps l’histoire du pays.
En tant que gouverneure générale, Michaëlle Jean s’avère être une oratrice passionnée et avoir une présence photogénique. Elle utilise sa fonction pour faire progresser les droits de la personne, pour soutenir les arts, attirer l’attention sur les problèmes socio-économiques du Nord canadien et promouvoir le Canada à l’étranger, en particulier en Afrique et en Haïti, sa terre natale.
En décembre 2008, Michaëlle Jean accepte, à la demande du premier ministre Stephen Harper, de proroger le parlement durant sept semaines. Cette décision controversée permet à Stephen Harper d’éviter d’être défait à la Chambre des communes, où les partis d’opposition se sont entendus pour remplacer son gouvernement par une coalition de libéraux et de néo-démocrates dirigée par Stéphane Dion. Conformément à la tradition parlementaire canadienne, la gouverneure générale n’explique pas ses raisons publiquement.
Le 1er octobre 2010, Michaëlle Jean est remplacée par David Johnston au poste de gouverneur général.
Après sa carrière vice-royale
En 2010, Michaëlle Jean devient envoyée spéciale de l’UNESCO en Haïti. Elle crée également la Fondation Michaëlle Jean pour aider les jeunes défavorisés des milieux ruraux et nordiques du Canada. Michaëlle Jean est nommée présidente du Conseil d’administration de l’Institut québécois des hautes études internationales de l’Université Laval en octobre 2010. Elle devient chancelière de l’Université d’Ottawa en février 2012, mais elle démissionne en 2015 en raison de ses fréquents déplacements et responsabilités importantes liés à son poste de secrétaire générale l’Organisation internationale de la Francophonie.
Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie
Le 30 novembre 2014, Michaëlle Jean est élue secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Elle est la première femme et la première Canadienne à occuper ce poste, qu’elle prend en charge officiellement en janvier 2015.
Alors qu’elle dirige l’OIF, des critiques examinent de près ses dépenses budgétaires. Leurs critiques portent notamment sur les sommes importantes qu’elles dépensent pour rénover son appartement à Paris.
Vers la fin de son mandat, le premier ministre Justin Trudeau et le président français Emmanuel Macron saluent tous deux son travail en faveur des droits des femmes. (Voir aussi Politique étrangère féministe du Canada.)
En 2018, Michaëlle Jean brigue un deuxième mandat de secrétaire générale. Cependant, de nombreux pays, dont l’Union africaine et la France, préfèrent la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. Comme l’OIF choisit son dirigeant par consensus, même le Canada et le Québec retirent éventuellement leur soutien à Michaëlle Jean. Suite à une élection controversée, les membres de l’OIF choisissent Louise Mushikiwabo comme secrétaire générale au lieu de Michaëlle Jean.
Prix et distinctions
- En 2007, l’École élémentaire publique Michaëlle-Jean, à Barrhaven en Ontario, est nommée en son honneur.
- En 2009, Michaëlle Jean reçoit le Prix Canada 2009 du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (Canada), pour son engagement en faveur de l’égalité des sexes.
- À l’étranger, Michaëlle Jean reçoit de nombreux prix et distinctions. En 2003, l’Organisation internationale de la Francophonie lui décerne l’Ordre de la Pléiade. En 2014, elle est promue au rang de Grand-Croix de l’Ordre de la Pléiade. La même année, la France lui décerne la prestigieuse Grand-Croix de la Légion d’honneur.
- Selon son site web, elle a 21 doctorats honorifiques d’universités au Canada et à l’étranger.