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Mary Simon

Mary Jeannie May Simon (Ningiukudluk); diplomate, fonctionnaire (née le 21 août 1947, à Kangirsualujjuaq au Nunavik, au Québec). Mary Jeannie May Simon est une défenseure de la coopération internationale dans l’Arctique et de l’éducation et des droits autochtones. Elle a occupé plusieurs postes dans la fonction publique, incluant celui de secrétaire et de codirectrice des politiques de la Commission royale sur les peuples autochtones, et celui de membre de la Commission d’établissement du Nunavut. Elle a également été la première vice-présidente de la Société Makivik et la première Inuite au Canada à être promue au rang d’ambassadrice. Mary Simon a été présidente de l’Inuit Tapiriit Kanatami et de ce qui est maintenant connu sous le nom de Conseil circumpolaire inuit. Le 26 juillet 2021, Mary Simon est devenue la 30e gouverneure générale du Canada et la première personne autochtone à occuper ce poste.

Jeunesse et éducation

Mary Simon naît deuxième de huit enfants à Kangirsualujjuaq (anciennement George River), un petit village à l’embouchure de la rivière George sur la côte est de la baie d’Ungava au Nunavik, au Québec. Sa mère est Inuite. (Voir aussi Inuits.) et son père est un Canadien anglais du sud qui est gérant du poste local de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Mary Simon grandit dans la communauté de Kuujjuaq (Fort Chimo), située à environ 156 km au sud-ouest de Kangirsualujjuaq. Elle vit selon un mode de vie inuit traditionnel qui implique une famille élargie et des mois à vivre de la terre chaque année. Lors d’une entrevue en 1999, Mary Simon raconte que « c’était un mode de vie simple et très épanouissant. Le genre de vie qui suscite la paix intérieure ». Elle commence ses études dans une école gérée par le gouvernement fédéral, mais elle est par la suite scolarisée à domicile et elle obtient son diplôme par correspondance.

Durant une courte période au début des années 1970, Mary Simon est productrice et présentatrice pour le Service du Nord de la CBC, avant de pivoter vers la carrière de sa vie, la défense des intérêts des Inuits et de l’Arctique.

Fonction publique

Le travail à la fonction publique de Mary Simon commence lorsqu’elle est élue secrétaire du conseil d’administration de l’Association des Inuits du Nouveau-Québec. Cette association défend les droits des Inuits et est une voix plus forte dans les négociations avec le gouvernement québécois concernant le projet hydroélectrique de la baie James. Le travail de l’organisme, ainsi que celui de nombreux dirigeants cris et inuits, mène à la signature, en 1975, de la Convention de la baie James et du Nord québécois, le premier règlement global de revendications territoriales autochtones du Canada.

Mary Simon est élue première vice-présidente de la Société Makivik et elle occupe ce poste de 1978 à 1980. La Société Makivik est formée en 1978 pour administrer les conditions de l’accord, qui incluent la protection des terres inuites et l’investissement du fonds d’indemnisation de 120 millions de dollars. Mary Simon est également présidente de la Société Makivik de 1983 à 1985.

Mary Simon a été membre du Comité inuit sur les affaires nationales. Ce Comité est supervisé par le groupe de défense Inuit Tapiriit Kanatami. En tant que membre du Comité, elle participe à plusieurs conférences fédérales-provinciales. Elle soutient que malgré la Constitution récemment rapatriée, avec sa Charte des droits et libertés, et la Convention de la baie James et du Nord québécois, l’égalité et les droits des Autochtones doivent être mieux compris et ont besoin d’une définition juridique plus claire. Son travail et celui du Comité mènent à un remaniement de ce qui est maintenant l’article 35 de la Constitution. Cette section assure la protection des droits autochtones.

À la suite de la crise d’Oka en 1990, le premier ministre de l’époque, Brian Mulroney, crée la Commission royale sur les peuples autochtones. Mary Simon occupe d’abord le poste de secrétaire de la Commission, et ensuite celui de codirectrice des politiques.

En 1997, le gouvernement fédéral nomme Mary Simon pour être l’une de trois Canadiens du Comité consultatif public mixte de la Commission de coopération environnementale de l’Accord de libre-échange nord-américain. Le Comité réunit des experts du Canada, du Mexique et des États-Unis afin de développer des recommandations visant à améliorer la protection durable de l’environnement en Amérique du Nord. Mary Simon est présidente du Comité en 1998.

Elle est également présidente de la Conférence circumpolaire inuite (maintenant renommé Conseil circumpolaire inuit, ou CCI) de 1986 à 1992. En 2021, le CCI représente environ 180 000 Inuits en Alaska, en Russie, au Groenland, et au Canada. Il fait avancer l’unité des Inuits et fait la promotion de leurs intérêts dans la sauvegarde de l’environnement arctique tout en améliorant le développement social et économique. Mary Simon est ambassadrice du Canada aux Affaires circumpolaires de 1994 à 2003. Elle est également ambassadrice du Canada au Danemark de 1999 à 2001. Elle est la première Inuite du Canada à détenir le rang d’ambassadrice. Elle affirme que sa plus grande réalisation au cours de cette période est la création du Conseil de l’Arctique en 1996. Ce Conseil est un forum intergouvernemental qui fait la promotion de la coopération et du développement durable parmi les huit pays ayant un territoire arctique.

Mary Simon est affiliée au Centre Carter depuis 2001 en tant que conseillère pour son International Council for Conflict Resolution. Fondé par le président américain Jimmy Carter, le centre travaille dans le monde entier pour prévenir et résoudre les conflits afin d’instaurer une paix durable.

Mary Simon fait partie de neuf dirigeants nommés par le gouvernement fédéral à la Commission d’établissement du Nunavut, le 10 décembre 1993. Cette Commission négocie la création du territoire autonome du Nunavut en 1999. Mary Simon est également élue présidente de l’Inuit Tapiriit Kanatami de 2006 à 2012. C’est durant ce mandat qu’elle est invitée, le 11 juin 2008, avec d’autres dirigeants et survivants autochtones, à s’assoir à la Chambre des communes pour recevoir les excuses officielles du premier ministre de l’époque, Stephen Harper, au sujet des politiques des pensionnats indiens. Dans son discours ce jour-là, Mary Simon déclare : « les mots choisis pour exprimer ces excuses nous aideront tous à marquer la fin de cette période sombre de notre histoire collective en tant que nation ». (Voir aussi Réconciliation au Canada.)

Mary Simon a toujours reconnu que l’éducation est la clé pour améliorer la vie des gens. Elle reçoit de nombreux doctorats honorifiques au fil des années, et est chancelière de l’Université Trent de 1995 à 1999. Elle préside au Comité national sur l’éducation des Inuits de 2008 à 2014. Elle dirige la mise en œuvre du rapport de 2011 Un nouveau modèle de leadership partagé dans l’Arctique. Ce rapport identifie et élimine les lacunes dans l’éducation. Il réduit également les taux de décrochage scolaire tout en s’assurant que l’enseignement aux enfants inuits soit fait dans leur langue. (Voir aussi Inuktitut.) Mary Simon est la présidente fondatrice de la Fondation des jeunes et des enfants de l’Arctique. Depuis 2012, l’organisme aide la jeunesse inuite en offrant des moyens sécuritaires pour demander de l’aide au sujet d’une myriade de problèmes.

Gouverneure générale

Le 6 juillet 2021, le premier ministre Justin Trudeau annonce que, sur ses conseils, la reine Elizabeth II a nommé Mary Simon la 30e gouverneure générale du Canada. Mary Simon est la première gouverneure générale autochtone du Canada. Elle avait été considérée pour ce rôle en 2010, mais David Johnston avait été choisi à la place. Cette annonce est particulièrement émouvante étant donné qu’au cours des semaines précédentes, le public a été informé de la découverte de tombes anonymes d’enfants autochtones morts dans les pensionnats indiens. La nomination de Mary Simon recentre l’attention sur l’injustice raciale systémique. S’exprimant en inuktitut et en anglais, Mary Simon déclare : « ma nomination reflète notre progrès collectif vers l’édification d’une société plus inclusive, juste et équitable. »

La réaction à la nomination de Mary Simon est positive. Toutefois, certains sont préoccupés par le fait qu’elle représente un bris à la tradition étant donné que Mary Simon ne parle pas français. Cette dernière aborde ce point en disant qu’elle est bilingue parce qu’elle parle l’inuktitut et l’anglais. Elle s’engage à ce que son bureau mène les affaires dans les deux langues officielles, et assure qu’elle apprendra le français. Mary Simon est officiellement installée à la fonction de gouverneure générale le 26 juillet 2021.

Vie personnelle

Mary Simon épouse Whit Fraser en 1994. Elle a auparavant été mariée deux fois, ses enfants sont adultes, et elle a de nombreux petits-enfants.

Les passe-temps de Mary Simon incluent jouer de l’accordéon et faire du canot. Elle visite régulièrement sa famille à Kuujjuaq et retourne sur la terre. Selon un profil publié en 1996 dans Maclean’s, ses jeunes années passées à vivre dans les deux cultures lui ont fourni les bases qui l’ont aidée tout au long de sa carrière et de sa vie.

Distinctions et prix

Au cours de sa longue et distinguée carrière, Mary Simon a reçu plusieurs distinctions et prix :

  • Ordre national du Québec, 1992.
  • Gold Order of Greenland, 1992
  • Prix national d’excellence décerné aux Autochtones (maintenant Indspire), 1996
  • Médaille d’or de la Société géographique royale du Canada, 1998
  • Membre de l’Institut arctique de l’Amérique du Nord, 1999
  • Médaille Symons, Centre des arts de la Confédération, 2009
  • Intronisée, International Women’s Forum Hall of Fame, 2010
  • Médaille du Gouverneur général pour la nordicité (maintenant la médaille polaire), 2011
  • Compagnon extraordinaire de l’Ordre du Canada, 2021
  • Membre, Société géographique royale du Canada, 2022
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