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W5

L’émission W5 (1966-2024) était une émission hebdomadaire de journalisme d’enquête et de magazine d’information d’une durée d’une heure diffusée sur CTV. Son nom fait référence aux questions centrales du journalisme connues en anglais comme étant les « cinq W », soit who, what, where, when et why (qui, quoi, où, quand et pourquoi). W5 était l’émission d’actualités et de documentaires la plus regardée au Canada. C’était également l’émission d’actualités qui a été la plus longtemps diffusée aux heures de grande écoute en Amérique du Nord. Elle a inspiré d’autres émissions semblables, comme 60 Minutes de la chaine CBS et The Fifth Estate de la chaine CBC. L’émission W5 a remporté six prix Gemini, dont deux pour la meilleure série d’information, et 14 prix Écrans canadiens, dont le prix Gordon Sinclair pour l’excellence en journalisme en radiotélévision. Elle a été annulée en tant qu’émission autonome en février 2024. Le nom W5 a été conservé comme nom pour l’unité de journalisme d’enquête de CTV News.


Contexte historique

L’émission W5 fait ses débuts le 11 septembre 1966, quelques mois seulement après l’annulation de l’émission This Hour Has Seven Days, un magazine d’information révolutionnaire mais controversé de la CBC. (Voir Les Seven Days du peuple.) Le réseau naissant de CTV est au bord de la faillite. Il est prêt à prendre un risque avec ce qui est alors considéré comme une approche non conventionnelle du journalisme télévisé. Peter Reilly est embauché comme premier producteur exécutif et animateur de l’émission, mais il démissionne quelques semaines seulement après le début de la première saison.

W5 devient l’émission la plus influente de CTV et celle qui dure le plus longtemps. Elle inspire des émissions semblables, soit la vénérable émission 60 Minutes de CBS, qui fait ses débuts deux ans après W5, et l’émission The Fifth Estate de CBC, dont Peter Reilly est l’un des premiers animateurs.

Peter Reilly
Peter Reilly, l’homme clé de l’émission W5 de CTV, le 25 août 1966.
(photo prise par Douglas Glynn, avec l’aimable autorisation de Toronto Star via Getty Images)


Au cours de son histoire, l’émission W5 connait plusieurs changements de titre. Elle est brièvement appelée CTV Reports à la fin des années 1970. Elle est également appelée W5 with Eric Malling (en référence au mandat du journaliste en chef et animateur Eric Malling) pendant plusieurs années au milieu des années 1990. En 1996, elle change à nouveau de nom pour devenir W-FIVE avant de revenir à W5 quelque temps plus tard.

Pendant des décennies, W5 est l’émission d’actualités et de documentaires la plus regardée au Canada. En 2020, la série semble avoir le vent dans les voiles, enregistrant une croissance d’auditoire de 12 % pour une moyenne totale de 2,2 millions de téléspectateurs par épisode.

En février 2024, W5 est annulée après 58 ans de diffusion. Cette décision survient au moment où on apprend que CTV supprime 4800 emplois à tous les niveaux de la compagnie. CTV déclare que W5 « va évoluer » d’une série autonome pour former « une unité de reportage d’enquête multiplateforme et en plusieurs parties ». CTV annonce également que de nouveaux documentaires de CTV News seront produits et diffusés sous le titre W5: Avery Haines Investigates.

Journalistes

Au fil des années, de nombreux journalistes canadiens de renom travaillent pour W5. Parmi ceux-ci figurent des personnalités chevronnées de CTV News, comme Lloyd Robertson et Sandi Rinaldo. Valerie Pringle, Susan Ormiston, Bill Cunningham, Helen Hutchinson, Eric Malling, Lisa LaFlamme, Henry Champ, Tom Gould, Helen Hutchinson, Tom Clark, Kevin Newman et Avery Haines travaillent tous également pour W5.

Robertson, Lloyd

Épisodes controversés

L’émission W5 est une source réputée et respectée de journalisme d’enquête percutant tout au long de son existence. Mais l’émission produit au moins deux segments controversés dont l’héritage perdure longtemps.

Un reportage de W5 en 1979, intitulé « Campus Giveaway » et animé par Helen Hutchinson, affirme que des étudiants étrangers prennent les places des étudiants canadiens dans les universités. Cependant, il est plus tard déterminé qu’aucun des étudiants qui ont été filmés ne sont des étudiants chinois étrangers, comme le prétend l’émission. Le reportage se concentre sur la situation difficile d’un seul étudiant qui n’a pas pu être admis à un programme en pharmacie à l’Université de Toronto. Mais à l’époque, les étudiants étrangers ne sont pas en mesure de s’inscrire aux programmes de pharmacie des universités de l’Ontario.

L’épisode a un effet galvanisant sur la communauté chinoise du Canada. L’épisode est filmé et partagé avec les Canadiens d’origine chinoise de tout le pays. De plus, les responsables de l’université révèlent que W5 a multiplié par cinq le nombre de détenteurs de visas d’étudiant et d’étudiants étrangers. L’indignation de la communauté mène à la création des Ad Hoc Committees of the Council of Chinese Canadians Against W5 dans seize villes canadiennes, au début de 1980. En janvier de cette même année, quelque 2000 Canadiens d’origine chinoise organisent quatre manifestations devant les bureaux et les studios de CTV. CTV présente d’abord des excuses à l’antenne. Et en avril 1980, Murray Chercover, le président et directeur général de CTV, présente des excuses complètes et une rétractation.

Un reportage de février 1993, intitulé « New Zealand » et animé par Eric Malling, s’attire également une attention considérable au Canada. Selon le journaliste Eric Malling, le Canada devrait suivre l’exemple de la Nouvelle-Zélande en réduisant considérablement les dépenses sociales, et notamment en envisageant de privatiser les soins de santé publics et de se débarrasser des forêts publiques. L’épisode est vu par plus de 1,6 million de Canadiens et il est utilisé pour justifier les efforts que font les conservateurs pour réduire la dette publique. Cependant, d’autres journalistes font valoir que le reportage est rempli d’informations erronées et qu’il a déformé les problèmes économiques de la Nouvelle-Zélande en les présentant comme une faillite nationale et une perte de crédit, alors qu’en fait le pays traverse une crise monétaire à court terme. Eric Malling est accusé d’avoir adapté son histoire à un récit prédéterminé.


Distinctions

Tout au long de la vie de la série, W5 remporte de nombreux prix de la Radio Television Digital News Association (RTDNA). En 2010, W5 remporte un prix de l’Association canadienne des journalistes pour un documentaire produit au sujet de l’incapacité du système judiciaire à tenir les agents de la GRC responsables des personnes qu’ils ont tuées. En 2023, la série remporte deux prix nationaux de la RTDNA Canada.

Prix

Prix Gemini

  • Meilleur segment d’information (Michael Hannan, Robert Holmes, Leora Eisen) (1992)
  • Meilleure photographie dans une émission ou une série d’informations ou documentaire (Mike Nolan, pour « Railriders ») (1994)
  • Meilleur segment d’information (Susan Ormiston, Ian McLeod, pour « Multiculturalism 1 & 2 ») (1996)
  • Meilleure photographie dans une émission ou une série d’informations ou documentaire (Paul Freer pour « A Wing & a Prayer ») (1999)
  • Meilleure série d’informations sur l’actualité (Malcolm Fox, Anton Koschany) (2001, 2005)

Prix Écrans canadiens

  • Prix Gordon Sinclair (2014)
  • Animateur ou interviewer, émission ou série d’actualités ou d’informations (Tom Kennedy) (2015)
  • Segment d’actualités ou d’informations (Victor Malarek, Mary Dartis, Litsa Sourtzis, André Lapalme, Jerry Vienneau, Brian Mellersh pour « Hands of God ») (2016)
  • Émission d’actualités ou d’informations (« Healing Hands ») (2017)
  • Recherche éditoriale (Madeline McNair, Brennan Lefler, Victor Malarek pour «Making a Terrorist ») (2018)
  • Émission d’actualités ou d’informations (« The Baby in the Snow ») (2020)
  • Animateur ou interviewer, émission ou série d’actualités ou d’informations (Avery Haines pour « The Narco Riviera ») (2020)
  • Émission d’actualités ou d’informations (« The Invisible Man ») (2021)
  • Photographie dans une émission d’actualités ou d’informations, série ou segment (Jerry Vienneau pour « The Survivors ») (2021)
  • Animateur ou interviewer, émission ou série d’actualités ou d’informations (Avery Haines pour « A Town Divided ») (2022)
  • Recherche éditoriale (Stephen Bandera et Shelley Ayres pour « Flight 752 ») (2022)
  • Segment d’actualités ou d’informations (« The Humboldt Driver ») (2023)
  • Animateur ou interviewer, émission ou série d’actualités ou d’informations (Avery Haines) (2023)
  • Segment d’actualités ou d’informations (« Narco Avocados ») (2024)
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