Wiebe, Rudy Henry
Rudy Henry Wiebe, écrivain (Speedwell, près de Fairholme, Sask., 4 oct. 1934). Il est l'auteur de romans impressionnants, non seulement sur son peuple, les MENNONITES, mais aussi sur d'autres minorités ethniques proches de la terre. Il naît dans une petite communauté du Nord de la Saskatchewan, où l'on parle le bas-allemand, quatre ans après que ses parents aient émigré de Russie. Le cadet de sept enfants, il n'apprend l'anglais qu'en fréquentant l'école. Il étudie à l'école secondaire de Coaldale, en Alberta, puis à l'U. de l'Alberta.
Son premier roman, Peace Shall Destroy Many (1962), dont l'action se déroule dans un village semblable à celui dans lequel il a grandi, est à l'origine un exercice réalisé dans le cadre de sa maîtrise. Ce remarquable roman à thèse traite du conflit auquel sont confrontés le héros et sa communauté, déchirés entre leurs principes pacifistes et leur pulsion de violence, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Au moment de sa publication, le roman soulève des controverses parmi les Mennonites. Son deuxième roman, First and Vital Candle (1966), a pour cadre une communauté amérindienne du Nord de l'Ontario et traite de manière didactique de questions morales et religieuses. En 1970, son premier récit « épique », The Blue Mountains of China, présente une saga du peuple mennonite dispersé, mais toujours vivant, en Russie, au Paraguay et au Canada.
Wiebe se tourne ensuite vers le roman historique. The Temptation of Big Bear (1973; Les tentations de Gros-Ours, 1983), un long roman complexe, mettant en scène un chef cri des Plaines (voir BIG BEAR), lui vaut le Prix du Gouverneur général. The Scorched-Wood People (1977; trad. Louis Riel : la fin d'un rêve, 1985) se déroule à la même époque et présente l'affaire RIEL du point de vue des Métis. Ces deux ouvrages s'appuient sur de minutieuses recherches historiques et dressent un portrait compatissant mais non idéaliste d'un personnage complexe et controversé. Le roman My Lovely Enemy (1983) allie l'intérêt qu'il porte aux Mennonites et aux Amérindiens. Il s'agit d'un roman audacieux, expérimental, comportant une théologie radicale de l'amour. A Discovery of Strangers (1994), sur la première expédition de Franklin, lui vaut un second Prix du Gouverneur général dans la catégorie romans et nouvelles.
Wiebe publie quatre recueils de nouvelles, Where Is the Voice Coming From? (1974), Alberta/A Celebration (1979), The Angel of the Tar Sands (1982) et River of Stone: Fiction and Memories (1995). Il publie aussi une pièce de théâtre, Far as the Eye Can See, écrite en collaboration avec le Théâtre Passe Muraille (1977) et un court roman, The Mad Trapper (1980), basé sur une poursuite de la Gendarmerie royale pour retrouver Albert Johnson. En collaboration avec Bob Beal, il publie War in the West: Voices of the 1885 Rebellion (1985) et un recueil de documents et de mémoires illustrés. Parmi ses oeuvres publiées, on trouve également Chinook Christmas (1992), un livre pour enfants décrivant les festivités de Noël dans le Sud de l'Alberta, et Playing Dead (1989), un recueil d'essais sur le Grand Nord canadien.
Wiebe détient un baccalauréat en théologie (1962) du Mennonite Brethren Bible College de Winnipeg. Pendant 18 mois, il a dirigé le Mennonite Brethren Herald. En 1967, il commence à enseigner l'anglais et la création littéraire à l'U. de l'Alberta. Il est reconnu pour la diversité des thèmes qu'il aborde dans ses oeuvres de fiction, pour la manière dont il traite d'importantes questions morales et pour son style direct qui, bien que parfois maladroit, est souvent éloquent et évocateur. Wiebe reçoit la Médaille Lorne Pierce de la Société royale du Canada en 1987.