Freeman Freeman-Thomas, baron Willingdon de Ratton et 1er marquis de Willingdon, gouverneur général du Canada de 1926 à 1931 (né le 12 septembre 1866 à Ratton au Royaume-Uni; décédé le 12 août 1941 à Londres au Royaume-Uni). Lord Willingdon a été le premier gouverneur général à représenter la Couronne canadienne plutôt que le gouvernement britannique à la suite de la déclaration Balfour de 1926. Il a également été le premier à effectuer des visites officielles à l’étranger et le premier à voyager au Canada par avion.

Famille et éducation
Lord Willingdon est le fils unique de Freeman Frederick Thomas (1838-1868), officier de la brigade de fusiliers de Ratton et Yapton et joueur de cricket accompli, et de l’honorable Mabel Brand (1845-1924), troisième fille de Henry Brand, 1er lord Hampden, président de la Chambre des communes de 1872 à 1884. Il a trois sœurs; Florence, Margaret et Helen. Lord Willingdon fait ses études secondaires au Eton College et il fréquente le Trinity College de Cambridge de 1886 à 1889, devenant capitaine de l’équipe de cricket lors de sa dernière année.
Mariage et enfants
Le 20 juillet 1892, lord Willingdon épouse l’honorable Marie Adelaide Brassey, quatrième fille de Thomas Brassey, 1er comte Brassey, député libéral du Parlement britannique et gouverneur de la colonie de Victoria en Australie de 1895 à 1900, et d’Anna Allnutt, autrice du livre à succès A Voyage in the Sunbeam: Our Home on the Ocean for Eleven Months (1878). Le grand-père paternel de Marie Adelaide, également prénommé Thomas Brassey, est l’entrepreneur en génie civil qui construit le Grand Trunk Railway of Canada. C’est un mariage heureux et lord Willingdon déclare plus tard : « Ma femme a été une source d’inspiration et d’encouragement constants. »
Le couple a deux fils; l’honorable Gerard Frederick Freeman-Thomas (1893-1914), sous-lieutenant du 1er bataillon des Coldstream Guards, tué à la bataille de l’Aisne pendant la Première Guerre mondiale, et Inigo Brassey Freeman-Thomas, 2e marquis de Willingdon (1899-1979), qui est whip libéral à la Chambre des lords britannique de 1948 à 1950.
Débuts de carrière politique et diplomatique
De 1897 à 1900, lord Willingdon est aide de camp de son beau-père, gouverneur de Victoria en Australie. Il est élu à la Chambre des communes britannique en tant que député libéral représentant Hastings en 1900 et il occupe le poste de lord junior du Trésor de 1905 à 1906. De 1913 à 1918, lord Willingdon est gouverneur de Bombay et il se concentre sur le recrutement et le soutien des troupes indiennes durant la Première Guerre mondiale. Il fonde le Willingdon Sports Club, qui est ouvert aux membres britanniques et indiens. De 1919 à 1924, lord Willingdon est gouverneur de Madras. Il dirige la délégation indienne de la Société des Nations en 1925.
En 1910, lord Willingdon devient gentilhomme de compagnie du roi George V et il reçoit le titre de baron Willingdon de Ratton. Il développe une relation étroite avec le monarque. Lord Willingdon et le roi sont tous deux des joueurs de tennis passionnés et ils jouent souvent ensemble. Le roi recommande personnellement lord Willingdon pour le poste de gouverneur général du Canada. Le premier ministre canadien William Lyon Mackenzie King est favorable à la nomination de lord Willingdon parce qu’ils sont tous deux des politiciens libéraux. Gouverneur général du Canada
Lord et lady Willingdon arrivent à la ville de Québec le 2 octobre 1926 et ils reçoivent une salve de 19 coups de canon de la Citadelle. Lors d’une cérémonie de bienvenue au Château Frontenac, lord Willingdon déclare : « À partir de maintenant, je suis au service du Canada… Pendant les cinq prochaines années, ce sera un privilège pour moi de travailler avec vous tous à l’édification du Canada en tant que nation. » Lord Willingdon reconnait le potentiel du Canada à jouer un rôle de maintien de la paix dans le monde, et il déclare : « J’espère et je prie pour que notre pays fasse un grand pas en avant vers la réalisation de sa destinée, celle de devenir une grande nation exerçant une puissante influence pour assurer la paix et la satisfaction parmi les peuples du monde. »
La déclaration Balfour de 1926 décrit le Royaume-Uni, le Canada et les autres dominions autonomes du Commonwealth comme des « communautés autonomes au sein de l’Empire britannique, de statut égal, nullement subordonnées l’une à l’autre dans quelque aspect que ce soit de leurs affaires intérieures ou extérieures. » Cela fait du gouverneur général un représentant de la Couronne plutôt que du gouvernement britannique. À ce titre, les Willingdon reçoivent de nombreuses personnalités politiques étrangères à Rideau Hall, dont la reine Marie de Roumanie et le premier ministre britannique Ramsay MacDonald.
Lord Willingdon voyage beaucoup au Canada, visitant les provinces des Prairies et la côte du Pacifique chaque année de son mandat de gouverneur général, et effectuant de fréquentes visites dans les provinces maritimes. Il est le premier gouverneur général à voyager en avion, faisant l’aller-retour d’Ottawa à Montréal en 1927. Il reçoit des doctorats honorifiques en droit de l’Université Queen’s et de l’Université de Toronto.
Le 11 juin 1929, lord Willingdon ouvre le Royal York à Toronto (alors un hôtel du chemin de fer du Canadien Pacifique, et connu aujourd’hui en tant que le Fairmont Royal York) et il s’enregistre à l’hôtel en tant que premier invité officiel.

60e anniversaire de la Confédération
En juillet 1927, lord Willingdon préside les célébrations du jubilé de diamant du Canada, le 60e anniversaire de la Confédération en 1867. Il accueille en visite officielle le premier ministre britannique Stanley Baldwin et deux des fils du roi George V, le futur roi Édouard VIII et le prince George, duc de Kent, qui inaugurent les portes des Princes à l’Exposition nationale canadienne à Toronto, ainsi que le pont de la Paix sur la rivière Niagara. Lord Willingdon inaugure la nouvelle tour de la Paix sur la Colline du Parlement et il inaugure le carillon. La cérémonie et la sonnerie des cloches sont diffusées à la radio.

Visite aux États-Unis et aux Caraïbes
En décembre 1927, lord Willingdon devient le premier gouverneur général du Canada à effectuer une visite officielle aux États-Unis. La visite est organisée par le futur gouverneur général Vincent Massey, qui est à l’époque le premier ministre canadien à se rendre à Washington. Les Willingdon sont accueillis par une escorte de cavalerie et des salves de 21 coups de canon et ils sont les invités d’honneur d’un souper d’État offert par le président Calvin Coolidge et la première dame Grace Coolidge à la Maison-Blanche. Le président Herbert Hoover déclare plus tard en 1931 : « Les relations entre le Canada et les États-Unis ont été très heureuses pendant votre mandat distingué de gouverneur général, et nous garderons toujours le plus agréable souvenir de votre visite à Washington. »
En 1929, lord Willingdon effectue une tournée dans les Caraïbes, visitant Trinidad et la Jamaïque qui font alors partie de l’Empire britannique. Lord Willingdon est favorable à l’intégration des Antilles britanniques au Canada, une initiative qui est soutenue par d’éminents Canadiens qui ont des intérêts commerciaux dans les Caraïbes, comme Thomas Bassett Macaulay, président de la compagnie d’assurance Sun Life du Canada.
Activités culturelles
Lord et lady Willingdon sont des collectionneurs passionnés d’art chinois et indien et ils décorent Rideau Hall avec leurs acquisitions, notamment avec une table en palissandre de Madras et des meubles en laque chinoise. En 1993, le Grand salon de Rideau Hall est restauré dans un style chinois introduit par les Willingdon.
Lord Willingdon crée la Willingdon Arts Competition, un concours d’art pour l’excellence en musique, littérature, peinture et sculpture. Il choisit également un nouvel emplacement pour le Musée des beaux-arts du Canada sur l’île Green, sur la rivière Rideau. Mais ces initiatives deviennent obsolètes en raison des conditions économiques de la crise des années 1930, ainsi que de la fin du mandat de lord Willingdon en tant que gouverneur général.
Vice-roi de l’Inde
En 1931, le mandat de lord Willingdon en tant que gouverneur général du Canada prend fin lorsqu’il reçoit un appel téléphonique personnel du roi George V, qui insiste pour qu’il devienne le prochain vice-roi de l’Inde. Trois des gouverneurs généraux du Canada précédents, soit lord Dufferin, lord Lansdowne et lord Minto, ont également occupé le poste de vice-roi de l’Inde après leur mandat.
Le nouveau vice-roi, maintenant comte de Willingdon, est favorable à un changement constitutionnel en Inde qui permettrait une plus grande autonomie provinciale et une plus grande participation au gouvernement des personnalités politiques indiennes, tant hindoues que musulmanes, ce qui aboutit au Government of India Act de 1935. Mais il défend également la place de l’Inde dans l’Empire britannique, ce qui l’entraine dans un conflit avec le Mahatma Gandhi et d’autres partisans de l’indépendance indienne. Le mandat de lord Willingdon en tant que vice-roi de l’Inde prend fin en 1936, et il retourne au Royaume-Uni, où il reçoit le titre de marquis de Willingdon.
Vie ultérieure
Plus tard dans sa vie, lord Willingdon poursuit une carrière diplomatique active. Il dirige une mission de bonne volonté en Amérique du Sud et il représente le gouvernement britannique lors du 100e anniversaire du traité de Waitangi en Nouvelle-Zélande en 1940. Lord Willingdon meurt d’une pneumonie à sa résidence de Londres. Ses cendres sont enterrées dans la nef de l’abbaye de Westminster à Londres. William Lyon Mackenzie King déclare : « Le décès de lord Willingdon est une perte pour le Commonwealth britannique entier ainsi que pour l’amitié et la bonne volonté internationales. Pour moi, c’est un deuil personnel. Nous partagions une amitié très étroite et chaleureuse. »
Legs au Canada
La Coupe Willingdon, un trophée offert par lord Willingdon en 1927, est décernée en golf à l’équipe interprovinciale qui remporte le Championnat amateur masculin du Canada.
Le village de Willingdon en Alberta, fondé en 1927-1928 dans la subdivision Willingdon du Canadien Pacifique (de Lloydminster à Edmonton), doit son nom à lord Willingdon, tout comme Mount Willingdon en Alberta, et Willingdon Beach à Powell River en Colombie-Britannique. Des écoles portent le nom de lord Willingdon en Colombie-Britannique et au Québec, et on trouve un boulevard Willingdon à Toronto et une avenue Willingdon à Burnaby en Colombie-Britannique.