Zebedee Nungak, O.Q., militant inuit, homme politique, auteur, journaliste, animateur radio (né le 23 avril 1951 à Saputiligait, au Québec). Zebedee Nungak est un leader inuit du Nunavik, au Québec. Il a représenté les intérêts des Inuits lors de négociations avec le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral. Il a été le négociateur clé, et un signataire, de la Convention de la baie James et du Nord québécois de 1975. De plus, il a coprésidé le Comité inuit sur les affaires nationales de 1984 à 1987 et il a été président de la Société Makivik de 1995 à 1998.
Jeunesse
Zebedee Nungak naît au sein d’un mode de vie traditionnel inuit dans la petite communauté de Saputiligait, dans la région du Nunavik au Québec. Saputiligait est situé sur la côte nord-est de la baie d’Hudson, au sud de Puvirnituq. On a attribué à Zebedee Nungak le numéro de disque E9-1956.
Zebedee Nungak fréquente l’externat fédéral de Povungnituk. En raison de sa réussite à l’école, il est choisi par le gouvernement fédéral canadien pour aller faire des études dans le sud. En 1962, deux garçons inuits issues de communautés du Nunavut, Peter Ittinuar et Eric Tagoona, sont retirés de leur famille et envoyés à Ottawa pour y fréquenter l’école. En 1963, Zebedee Nungak, âgé de 12 ans, est également envoyé à Ottawa pour aller à l’école. Les garçons vivent avec des familles blanches anglophones de classe moyenne.
Ces trois hommes font partie, sans le savoir, d’une « expérience sur les Eskimos » menée par le ministère du Nord canadien et des Ressources (voir aussi Ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord). Le projet est d’assimiler les garçons et de les éduquer pour qu’ils deviennent des leaders du Nord tout en ayant une manière de penser euro-canadienne du Sud. Les garçons passent six années à Ottawa et n’ont que très peu de contact avec leurs familles dans le Nord. Ils ne rentrent chez eux que pour les vacances d’été, en avion.
Zebedee Nungak a déclaré qu’il a été à la fois victime et bénéficiaire de cette expérience vécue dans le Sud. Il a appris Shakespeare et le calcul, mais il n’a qu’un savoir limité sur sa propre culture et ses traditions inuites, et sur les techniques de survie dans le Nord.
En 1997, les hommes apprennent qu’ils ont fait partie d’une expérience. Ils intentent une poursuite contre le gouvernement fédéral en 2008 pour leur retrait et assimilation forcés. Le documentaire de 2009 intitulé The Experimental Eskimos met cette histoire en lumière.
Zebedee Nungak retourne chez lui dans les années 1970, parlant couramment l’anglais et l’inuktitut. Il travaille pour le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien en tant que traducteur et interprète. Il utilise ses connaissances sur les deux modes de vie, soit celui du Qallunaat du Sud (les Blancs) et celui des Nunavimmiut du Nord (les Inuits de Nunavik) pour faire avancer la cause de son peuple. Il est rédacteur en chef du bulletin d’informations trilingue Tukisinaqtuk et il travaille plus tard en tant qu’animateur radio sur une émission bilingue inuktitut-anglais de CBC North.
Négociations des droits des Inuits
En 1971, le gouvernement du Québec entreprend des projets de centrales hydroélectriques sur la baie James (voir Projet de la baie James) sans consulter les Inuits et les Cris qui vivent dans la région. En réponse, Zebedee Nungak et Charlie Watt établissent l’Association des Inuits du Nouveau-Québec. Cet organisme a pour but de représenter et de protéger les intérêts des Inuits du Nunavik. La formation qu’a reçue Zebedee Nungak dans le Sud est un atout pour faire progresser l’établissement d’un gouvernement autonome inuit.
Les Inuits se joignent aux Cris et ils demandent une injonction pour arrêter le projet à la Cour supérieure du Québec. La Cour leur donne raison. Après des années de négociations, Zebedee Nungak est l’un des onze signataires de la Convention de la baie James et du Nord québécois (CBJNQ). Il s’agit de la première revendication territoriale des Inuits au Canada.
La Société Makivik est formée pour gérer les droits des Inuits et les fonds d’indemnisation de 225 millions de dollars provenant du règlement de la CBJNQ. Zebedee Nungak est président de la Société Makivik de 1995 à 1998.
De 1984 à 1987, Zebedee Nungak est coprésident du Comité inuit sur les affaires nationales, et il négocie avec le gouvernement canadien pour que les droits des Inuits soient inclus dans la Constitution.
Auteur acclamé
Zebedee Nungak est un auteur prolifique, et il a publié plus de 60 articles dans des magazines canadiens. Il est un ardent défenseur de l’inuktitut. Ses écrits font la promotion des histoires, de la culture et de la langue des Inuits. Il a publié en anglais et en inuktitut dans Inuktitut, Windspeaker, Atuaqnik et Taqralik. Les écrits de Zebedee Nungak font souvent une satire de ce qu’il appelle qallunology, l’étude inuite des Blancs. Son film Qallunaat ! Why White People are Funny en tire partie.
En 2017, Zebedee Nungak reçoit l’Ordre national du Québec en reconnaissance de ses contributions au service des Inuits du Nunavik.
Zebedee Nungak vit à Kangirsuk avec sa femme Jeannie. Le couple a sept enfants.