Cet article provient de notre série « Toronto Feature ». Les articles provenant des séries précédentes ne sont pas mis à jour.
Ce contenu fait partie d'une série créée en collaboration avec les services au musée de la Ville de Toronto et Heritage Toronto. Nous remercions le ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport de l'Ontario et le ministère du Patrimoine canadien pour leur financement.
« William Peyton Hubbard : un politicien de race noire avant-gardiste »
La salle du conseil est comble dans le vieil hôtel de ville en cette après-midi du 5 novembre 1913. On y rencontre de nombreux dignitaires, le maire et ses prédécesseurs et les conseillers municipaux qui se sont tous réunis pour célébrer la carrière de William Peyton Hubbard, à l’occasion de son départ à la retraite.
Fils d’un Virginien et natif de Toronto, Wiliam Hubbard est libéré de l’esclavage avant de travailler comme boulanger et conducteur de taxi jusqu’à la cinquantaine. Un événement fortuit change alors à jamais le cours de sa vie, sans parler de celle du journaliste et politicien George Brown. Encouragé par George Brown à se présenter aux élections, William Hubbard devient le premier élu de la ville de race noire. Il siège au conseil municipal de 1894 à 1908 et une nouvelle fois en 1913, ainsi qu’une dizaine d’années au Board of Control (Conseil de contrôle). Ayant cultivé toute sa vie ses relations dans la haute société, William Hubbard finit par percer brillamment et par gagner le respect de ses collègues, à une époque où les membres de la communauté noire ne pouvaient même pas pénétrer dans de nombreux établissements de Toronto.
Lors de la cérémonie de son départ à la retraite, plusieurs invités prononcent des discours ventant les nombreuses réussites politiques de ce conservateur respecté. Sa nature paisible et calme cachait des talents d’un puissant orateur qui, dans la salle du conseil, n’hésitait pas à vilipender, avec le zèle d’un réformiste attaché au principe de responsabilité du gouvernement, tout collègue reconnu coupable de faute grave. Son éloquence passionnée faisait de lui le favori des médias locaux à la recherche de gros titres et ses collègues allèrent même jusqu’à le surnommer le « Cicéron du conseil ».
Défendant le contrôle des services publics par l’administration, il devient vite un important allié de sir Adam Beck, qui fait une apparition surprise lors de la cérémonie du départ à la retraite pour déclarer que William Hubbard est indispensable à la mise en place d’un réseau de distribution de l’électricité appartenant à la Province de l’Ontario.
Il meurt le 13 avril 1935, à l’âge de 93 ans.