Les badlands de Cheltenham sont une formation rocheuse dans le sud de l’Ontario qui est constituée de monticules et de rigoles rouges. Elles sont situées dans la ville de Caledon au sein de la municipalité régionale de Peel, en Ontario, sur une propriété de 36,6 hectares portant le même nom et appartenant à la Fiducie du Patrimoine ontarien. Les badlands sont une section exposée des schistes de Queenston, une vaste bande de schistes qui traverse le sud de l’Ontario. Exposées par l’érosion causée par les premières pratiques agricoles, les badlands sont un curieux phénomène de merveille naturelle créée par l’activité humaine.
Géologie
Les roches qui forment les badlands de Cheltenham datent de la fin de l’ordovicienne (il y a de 458,4 à 443,8 millions d’années). À cette époque, le territoire de ce qui est maintenant l’Ontario est très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Le climat de la région est chaud et sec, semblable à celui de la côte nord-ouest de l’Australie d’aujourd’hui. À l’ouest, la région borde une mer le long d’une côte peu profonde. À l’est, près de ce qui est maintenant New York, les montagnes Taconic de la chaîne de montagnes des Appalaches s’élèvent graduellement. Les rivières coulent vers le rivage de la mer, où elles forment des deltas boueux. Au fil du temps, cette boue est enfuie sous de nouveaux rocs et elle est transformée en schistes.
De nos jours, les schistes constituent un groupe de rochers connus sous le nom de Formation de Queenston, du même nom que la ville de l’Ontario. Ils sont d’une épaisseur d’environ 61 à 244 m dans le sud de l’Ontario, et ils s’étendent à l’ouest de la ville de Niagara jusqu’à Hamilton, et de Milton au nord-ouest jusqu’à la baie Nottawasaga, et ils sont graduellement recouverts par les roches plus jeunes de l’escarpement de Niagara. La formation s’amincit à mesure qu’elle progresse vers le nord, et son épaisseur est réduite à seulement 61 m à la base de la péninsule Bruce. Aux badlands de Cheltenham, les rochers de la Formation de Queenston sont exposés à la surface.
Le saviez-vous?
Le terme badlands est dérivé de l’expression « mauvaises terres pour traverser ». L’expression était utilisée par les explorateurs français du 18e siècle, dans ce qui est maintenant le nord et le sud du Dakota, pour décrire les lieux qui étaient difficiles à traverser ou peu appropriés pour l’agriculture. Aujourd’hui, le nom badlands signifie à peu près la même chose; des terres à peine végétalisées de rocs tendres qui ont été profondément découpés et façonnés par l’érosion.
Peuples autochtones et colonisation européenne
Les peuples autochtones vivent dans la région des badlands de Cheltenham durant des milliers d’années. Les ancêtres des Mississaugas de Credit arrivent dans la région autour de 1700, ils installent des villages temporaires sur les plaines fluviales, et ils migrent selon les saisons. Toutefois, les badlands ne sont créées que durant la colonisation européenne, car leurs schistes demeurent enfouis sous le sol et la couverture forestière. La première mention de colonisation européenne dans la région remonte à 1848, lorsque la Couronne accorde le lot 34, concession III, à Joseph Wilkinson. On ne sait pas si Joseph Wilkinson cultive les terres, mais en 1861, la majeure partie de la couverture forestière est défrichée pour la culture. Au début des années 1900, la région est utilisée pour le pâturage du bétail.
Exposition des rochers
Le défrichement de la couverture forestière expose le sol peu profond qui recouvre les schistes, qui, lorsqu’exposés aux éléments, commencent à s’éroder, l’eau creusant de profondes rigoles et des buttes dans l’argile molle. Des photos aériennes montrent que les badlands ont commencé à se développer au moins autour de 1946, date à laquelle une grande partie de la région avait été approuvée pour l’agriculture et le pâturage. Lorsqu’exposées à l’air, les argiles de schistes s’oxydent, ce qui leur donne leur riche couleur rouge. Les eaux souterraines qui s’infiltrent dans les rochers entraînent également la formation occasionnelle de bandes d’un vert gris dans l’argile, résultant de la transformation de l’oxyde de fer rouge en oxyde de fer vert.
Le saviez-vous?
En tant que badlands les plus récentes au Canada, le site des badlands de Cheltenham s’est joint à deux autres sites de badlands du pays. Les badlands du parc provincial Dinosaur de l’Alberta sont célèbres pour leurs fossiles abondants et elles sont formées d’une manière semblable à celles de Cheltenham. Les roches sont composées de sédiments déposés il y a plus de 75 millions d’années sur une plaine côtière avec des deltas fluviaux se jetant dans une mer ancienne. Toutefois, contrairement aux badlands de Cheltenham, les rochers ont été exposés par des processus naturels. Il y a douze mille ans, durant la période glaciaire, le ruissellement des glaciers voisins a érodé les terres, créant la topographie des badlands d’aujourd’hui. Big Muddy Valley, en Saskatchewan, un autre site de badlands, a été créé de la même façon.
Après plus d’un siècle en tant que propriété privée, le site est devenu propriété publique en 2000, à la fois pour protéger les badlands et pour installer un sentier sur une portion de la piste de Bruce. L’accès public étant désormais possible, le site commence à accueillir de nombreux visiteurs, et la circulation piétonnière accélère l’érosion en cours des schistes tendres. En 2015, la Fiducie du patrimoine ontarien ferme l’accès public à la propriété. Après avoir entrepris un processus de planification avec des agences gouvernementales, des Premières Nations, et les communautés locales, la Fiducie apporte plusieurs changements au site. Ces changements incluent de nouvelles promenades en bois qui permettent l’accès aux badlands sans les exposer au trafic piétonnier.