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Première Nation des Mississaugas de Credit

Les Mississaugas de Credit sont une Première Nation située dans le sud-ouest de l’Ontario. Leur réserve, appelée New Credit, occupe un peu moins de 6000 acres (à peu près 24 km2). Elle chevauche les comtés de Brant et Haldimand et est adjacente à la réserve des Six Nations de la rivière Grand. En date du mois d’avril 2025, la Première Nation des Mississaugas de Credit comptait 2876 membres inscrits. Parmi ces membres, 967 vivent sur la réserve de New Credit et 1865 membres vivent hors réserve (voir aussi Réserves en Ontario).


Origines

Les Mississaugas sont un sous-groupe de la Nation ojibwée (anichinabée). Les Français sont les premiers Européens qui entrent en contact avec eux, sur la rive nord du lac Huron et de la baie Georgienne en 1634. Comme ils participent à la traite des fourrures transatlantique, les Mississaugas deviennent impliqués dans les guerres franco-iroquoises du 17e siècle. À la fin du conflit, ils ont chassé les Haudenosaunee du sud de l’Ontario. Les Mississaugas s’établissent dans les plaines de rivières et de ruisseaux qui s’écoulent vers le sud dans le lac Ontario. Un groupe de Mississaugas revendique environ 4 millions d’acres de terres à l’extrémité ouest du lac Ontario comme étant leur territoire et la rivière Credit comme étant leur résidence principale. Le territoire des Mississaugas de Credit est aujourd’hui l’une des régions les plus peuplées et industrialisées de tout le Canada. Il englobe une grande partie de la région du Golden Horseshoe, dans le sud de l’Ontario.

Territoires de la Première Nation des Mississaugas de Credit selon les traités

Traités

Les Mississaugas se déplacent à travers leur territoire selon les saisons pour chasser, pêcher et faire la cueillette des ressources des terres lorsqu’elles sont disponibles. Grâce à leur participation à la traite des fourrures, les Mississaugas de la rivière Credit entretiennent des relations économiques avec les Français et les Britanniques jusqu’à ce que le Traité de Paris (1763) confirme l’hégémonie britannique sur une grande partie de l’Amérique du Nord. Sous pression pour acquérir des terres pour y installer les loyalistes à la suite de la Révolution américaine, la Couronne britannique négocie avec les Mississaugas de Credit huit traités entre 1781 et 1820 : le Traité d’achat des terres sur la Niagara n° 381 (1781), le Traité entre les lacs n° 3 (1792), le Traité de la parcelle de Brant n° 8 (1797), le Traité d’achat de Toronto n° 13 (1805), le Traité de Head of the Lake, n° 14 (1806), le Traité d’Ajetance n° 19 (1818), le Traité n° 22 (1820) et le Traité n° 23 (1820). Croyant qu’il s’agit seulement de partager le territoire avec les nouveaux venus, les Mississaugas acceptent volontiers de signer les premiers traités. Cependant, ils réalisent rapidement que la Couronne considère les traités comme des achats de terre purs et simples. Submergés par les réfugiés loyalistes, dont 2000 Haudenosaunee loyalistes, les Mississaugas voient rapidement leur territoire diminuer. De plus, leur économie traditionnelle s’effondre, car les nouveaux venus épuisent rapidement les ressources de poisson et de gibier. Les migrations saisonnières des Mississaugas deviennent également plus compliquées, car les colons établissent des fermes et des villages sur tout leur territoire et les chassent de leurs campements. Pour rendre leur situation encore plus difficile, les colons apportent avec eux des maladies étrangères qui font de nombreuses victimes parmi la population de la Première Nation. Vers les années 1820, lorsque les derniers traités sont conclus avec la Couronne, la population des Mississaugas de Credit a diminué de 60 %, passant de 500 à 200 personnes. Quant à leur territoire, il passe de 4 000 000 à 200 acres.

L’ancien Garry Sault

Village missionnaire de Credit et réserve de New Credit

La survie des Mississaugas de Credit en tant que nation semble menacée jusqu’à ce qu’un de ses membres, Kahkewaquonaby (révérend Peter Jones), aide son peuple à adopter un mode de vie agraire et chrétien. Créé en 1826, le Credit Mission Village est fondé sur le site où se trouve aujourd’hui le Mississauga Golf & Country Club, près de l’endroit où la Queen Elizabeth Way franchit la rivière Credit. Les Mississaugas y deviennent des agriculteurs prospères. Leur village comprend un hôpital, une école, une église, des ateliers de mécanique et des maisons en rondins. Les Mississaugas sont les actionnaires majoritaires de la Credit River Harbour Company, dont les employés construisent les quais dans le lac et perçoivent des péages pour la manutention de marchandises (principalement du bois) arrivant au port. Éventuellement, les Mississaugas construisent leur propre goélette pour transporter des marchandises sur le lac Ontario. Les empiètements continuels des colons, l’épuisement des ressources dans la région environnante et l’impossibilité d’obtenir un titre pour les terres du village contraignent les Mississaugas à se relocaliser. En 1847, ils s’installent dans leur site actuel. Leur établissement prend le nom de « New Credit ». Au début, les Mississaugas continuent à pratiquer leur agriculture prospère dans ce nouvel endroit. Toutefois, au début du 20e siècle, plusieurs membres de la Première Nation quittent la réserve pour aller travailler dans les usines des villes et villages voisins.

Gouvernement

À partir de 1830, les Mississaugas du Credit Mission Village adoptent des règlements et des coutumes sous forme écrite. Ces documents contiennent des dispositions sur la structure du gouvernement de la Première Nation, sur le traitement des affaires criminelles et sur l’utilisation des terres et des ressources. Les règlements, rédigés par le chef Peter Jones, combinent les lois traditionnelles de la Première Nation et les lois britanniques. Ils ne sont pas imposés par la Couronne britannique, mais ils sont établis par les Mississaugas eux-mêmes, par leur propre gouvernement autonome. Les Mississaugas de Credit commencent à tenir des élections en vertu de l’Acte pourvoyant à l’émancipation graduelle, à la suite de son introduction en 1869. Cet acte précède la Loi sur les Indiens de 1876, en vertu de laquelle les futures élections du conseil de bande sont organisées. Actuellement, les Mississaugas de Credit élisent un chef et sept conseillers tous les deux ans. Une fois élu, chaque conseiller se voit assigner un pilier de responsabilité relatif à la mise en œuvre du plan de croissance stratégique de la communauté. Les sept piliers sont la prospérité économique, le bien-être, l’environnement et la durabilité, l’éducation, la sensibilisation culturelle, les infrastructures de la communauté et la gouvernance. En 2016, les Mississaugas de Credit signent un accord de partenariat avec les autres Premières Nations des Mississaugas de l’Ontario, soit Alderville, Hiawatha, Curve Lake, Scugog Island ainsi que la Première Nation Mississauga (près de Blind River). Cet accord a pour objectif de renforcer collectivement la nation des Mississaugas et de lui donner une voix unifiée autour d’objectifs communs. Ces buts concernent des enjeux comme la souveraineté, l’économie, l’éducation et la santé.

Journée du chandail orange

Revendications territoriales

Les Mississaugas de Credit, conscients qu’un certain nombre d’injustices ont été commises durant la période où les traités ont été négociés, déposent plusieurs revendications auprès des gouvernements du Canada et de l’Ontario. Par exemple, en 1986, les Mississaugas déposent la revendication sur l’Achat de Toronto. Cette revendication allègue que la Couronne a acquis davantage de terres que ce qui avait été originalement négocié, et que de plus, la Couronne n’a pas offert un prix raisonnable pour les terres « achetées » à l’occasion de l’Achat de Toronto en 1805. En 2010, la revendication sur l’Achat de Toronto est réglée conjointement avec la revendication sur la parcelle de Brant pour un montant de 145 millions de dollars, le plus important règlement de revendication territoriale de l’histoire du Canada à l’époque. En date de 2022, trois des revendications déposées par les Mississaugas de Credit sont toujours devant les tribunaux. L’une d’entre elles concerne des terres traditionnelles non cédées dans la parcelle Rouge, qui comprend la plus grande partie des villes actuelles de Scarborough, Markham et Whitchurch-Stouffville. En mars 2025, les gouvernements du Canada et de l’Ontario proposent un règlement avec la Première Nation des Mississaugas de Credit concernant la revendication territoriale relative à la parcelle de la vallée de la rivière Rouge. Également en 2025, le gouvernement fédéral accepte de verser une avance de 30 millions de dollars dans le cadre des négociations relatives à une revendication territoriale présentée par la Première Nation des Mississaugas de Credit concernant les terres visées par les traités 22 et 23 (voir aussi Les cessions des terres du Haut-Canada). La revendication affirme que le gouvernement n’a pas protégé les intérêts de la Première Nation des Mississaugas de Credit lors de la cession des terres visées par les traités 22 et 23 en 1820.

Three Fires Homecoming Pow Wow

Culture

Fiers de leur appartenance anishinaabée, les Mississaugas animent le Pow Wow annuel Three Fires Homecoming depuis 1987. Cet événement accueille les peuples de tout le sud de l’Ontario et d’ailleurs. Il est considéré comme une occasion de partager la culture de la Première Nation avec les autres peuples. Un rassemblement historique annuel est également organisé pour aider les membres de la Première Nation et d’autres à explorer des sujets d’intérêt historique liés aux Mississaugas. Le Major Events Committee de la Première Nation s’efforce de promouvoir et de présenter activement la culture et l’histoire de la Première Nation à l’occasion de divers événements organisés sur ses terres de traité et son territoire. L’anishinaabemowin, la langue ojibwée, est enseigné activement sur la réserve et à la Lloyd S. King Elementary School, tandis que des cours pour adultes sont offerts régulièrement le soir. Des activités culturelles anishinaabées sont présentées aux jeunes comme aux adultes, car les Mississauga cherchent délibérément à promouvoir la renaissance culturelle de la Première Nation.

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Liens externes