Le nom « Six Nations de la rivière Grand » désigne à la fois une réserve en Ontario et la Première Nation Haudenosaunee. La réserve, légalement connue sous le nom de Réserve indienne des Six Nations No 40, s’étend sur un peu plus de 182 km carrés, et est située le long de la rivière Grand dans le sud-ouest de l’Ontario. En date de septembre 2024, les nations qui constituent les Six Nations de la rivière Grand comptaient une population inscrite combinée de 29 209 membres, avec 12 834 membres vivants sur la réserve. Six Nations est la plus importante réserve des Premières Nations au Canada en termes de population, et la deuxième en termes de taille. La réserve comprend plusieurs communautés individuelles, la plus grande étant Oshweken (voir aussi Réserves en Ontario).
Six Nations est le foyer de six nations individuelles qui forment la Confédération Hodinöhsö:ni’ (Haudenosaunee). Ces nations sont les Kanyen’kehà:ka (Mohawk), les Onyota’a:ka ( Oneidas), les Onöñda’gega’ (Onondagas), les Gayogohono (Cayugas), les Onöndowága’ (Sénécas), et les Skaru:reh (Tuscaroras).
La ceinture wampum d’Ayenwahtah

La communauté est occasionnellement représentée par un drapeau montrant la ceinture wampum d’Ayenwahtah. Cette ceinture illustre la création de la Confédération Haudenosaunee par le prophète Peacemaker. Les cinq Premières Nations à s’être jointes à la Confédération Haudenosaunee sont dépeintes en blanc, qui est la couleur de la paix, sur un fond mauve, qui est la couleur de la guerre. Ceci souligne le conflit qui a précédé leur Confédération, et exprime également la manière dont le concept dekanikonhri:yo (un bon esprit) peut guider vers la paix et la guérison. Cette ceinture sert aussi de carte des patries Haudenosaunee, qui font maintenant partie de l’État de New York. De la droite vers la gauche, la carte dépeint le territoire des Mohawks, des Oneidas, des Onondagas, des Cayugas et des Sénécas. Le cœur central illustre le rôle important des Onondagas dans l’embrasement du Feu du Conseil de la Confédération Haudenosaunee. Les Tuscaroras cherchent refuge auprès de la Confédération Haudenosaunee en 1722, à la suite de l’expansion coloniale britannique sur leurs territoires dans les Carolines. Plus tard cette même année, ils sont acceptés comme sixième nation de la Confédération.
Histoire
Le territoire qui forme maintenant la réserve des Six Nations est autrefois les terres de chasses des Haudenosaunee. Ce territoire est également occupé par la Confédération des Neutres. À la suite de la Révolution américaine, la Confédération Haudenosaunee déménage dans cette région en 1784. Une grande partie de la Confédération est alignée avec les Britanniques durant ce conflit afin de pouvoir remplir les obligations du Traité, comme celles de la chaîne d’alliance. Ils tiennent également à défendre leurs patries contre l’empiètement des Américains. Les Britanniques promettent qu’après la révolution, les terres Haudenosaunee seront en sécurité. Cependant, le Traité de Paris de 1783, qui met fin à la Révolution américaine, cède le territoire Haudenosaunee aux États-Unis.
Pour compenser la perte de leurs patries, Joseph Brant (Thayendanegea) réussit à obtenir un lopin de terre pour la Confédération Haudenosaunee de la part de sir Frederick Haldimand, le gouverneur de la Province de Québec. Le terrain a une superficie de six mille de chaque côté de la rivière Grand, du lac Érié jusqu’à la tête de la rivière (au nord de ce qui est aujourd’hui Elora). Lorsqu’elle est arpentée en 1821, la concession foncière est d’environ 2740 km2. Les représentants subséquents de la Couronne, comme John Graves Simcoe, le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, réinterprète la concession comme une terre réservée à la Confédération, mais ne lui appartenant pas légalement. Ce changement de politique profite éventuellement aux squatters et prospecteurs non autochtones qui réclament des portions de la concession foncière afin de développer des propriétés familiales et des communautés.
Au cours du siècle suivant, le territoire sous la juridiction de Six Nations rétrécit. Ceci se produit à la suite de baux à long terme facilités par le Conseil de la Confédération, de ventes négociées par des particuliers comme Joseph Brant, ou en conséquence d’ententes conclues par les représentants de la Couronne. La dernière réduction de territoire a lieu en 1847, ne laissant que 5 % des terres d’origine de la Proclamation Haldimand, ce qui représente les limites actuelles de la réserve.
Cette même année, la bande de la Credit River of the Mississaugas s’adresse au Conseil de la Confédération des Six Nations. Les Mississaugas ont besoin d’un endroit où vivre après avoir pratiquement cédé leur territoire entier près du lac Ontario. Ils obtiennent l’utilisation principale de 19 km2 dans la portion sud-est de la réserve des Six Nations, maintenant connue légalement sous le nom de réserve indienne New Credit No 40A.
Gouvernance

Tout au long de l’histoire, les Six Nations de la rivière Grand conservent leur système de gouvernance. Dans ce système, les femmes attribuent le rôle de chef à des hommes sélectionnés, et ceux-ci gouvernent selon un modèle de prise de décision par consensus.
Des représentants du gouvernement fédéral, comme Duncan Campbell Scott, le surintendant général adjoint des Affaires indiennes, sont mécontents du mode de gouvernance des Six Nations. Ils veulent que les Six Nations se convertissent au système de gouvernance par élection qui reflète les municipalités canadiennes. Duncan Campbell Scott et le gouvernement fédéral sont souvent en conflit avec le Conseil de la Confédération, parce que le gouvernement fédéral croit qu’ils contrôlent le territoire, alors que les Six Nations se considèrent comme une nation souveraine.
Tout au long des années 1920, le Conseil de la Confédération présente son dossier pour la souveraineté à la Chambre des communes et à la Cour suprême du Canada. Ces revendications sont basées sur le fait que les Haudenosaunee n’ont jamais accepté d’être des sujets de la Couronne. Lorsque ces arguments ne sont pas entendus par le gouvernement du Canada, la Confédération délègue Deskaheh (Levi General) pour que celui-ci présente leurs arguments directement à la Couronne et à la Société des Nations. Deskaheh est président du Conseil et chef du clan Cayuga Bear.
Les tactiques de Deskaheh mettent Duncan Campbell Scott en colère. En 1924, il approuve un décret autorisant la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à destituer officiellement le Conseil de la Confédération du Conseil de la réserve des Six Nations. Peu de temps après, Duncan Campbell Scott et le délégué indien local, Colonel C. E. Morgan, facilitent l’élection du premier conseil élu de la réserve. Bien que le conseil élu soit maintenant reconnu par le gouvernement du Canada sous la Loi sur les Indiens, le conseil élu et le Conseil de la Confédération sont toujours en place aujourd’hui.
Pensionnat indien Mohawk Institute

Le pensionnat indien Mohawk Institue situé à Brantford en Ontario est le pensionnat indien le plus ancien du Canada. Fondé en 1828 sous le nom de Mechanics’ Institute, un externat pour les garçons des Six Nations de la rivière Grand, l’institut commence à accepter les filles en 1834. Le pensionnat est géré par l’Église anglicane du Canada jusqu’en 1969, année où le gouvernement fédéral en prend la charge. Ce pensionnat compte également des élèves venant d’aussi loin que Sarnia en Ontario, et Kahnawake au Québec. Les élèves du Mohawk Institute fréquentent la chapelle voisine, Her Majesty’s Chapel of the Mohawks, construite en 1785. De nos jours, cette chapelle est la plus vieille église existante de l’Ontario.
En 1972, le Woodland Cultural Centre est construit sur le site de l’ancien pensionnat indien, sous la direction de la Association of Iroquois and Allied Indians. Le centre culturel est maintenant patronné par les Mohawks de la baie de Quinte, les Six Nations de la rivière Grand, et les Mohawks Wahta. Le Woodland Cultural Centre travaille, entre autres activités, à restaurer le Mohawk Institute afin que l’école serve de rappel physique des mesures d’assimilation du gouvernement du Canada.
Culture

Six Nations est le foyer de nombreuses figures reconnues. Celles-ci incluent la poète Tekahionwake (E. Pauline Johnson), le gagnant du marathon de Boston Tom Longboat, l’acteur Jay Silverheels (The Lone Ranger) et le nominé aux Oscars Graham Green (Dances with Wolves [v.f. Il danse avec les loups]). Les Six Nations sont les hôtes du pow-wow annuel et internationalement reconnu Grand River Champion of Champions. Le pow-wow a lieu à Chiefswood, l’ancien domaine de E. Pauline Johnson. Chiefswood est reconnu comme site historique national du Canada en 1953. Des membres des Six Nations jouent également pour l’équipe de crosse Les Iroquois Nationals (maintenant les Haudenosaunee Nationals), de renommée internationale. En jouant en tant que nation souveraine, Les Nationals voyagent parfois pour se rendre à des tournois en utilisant leurs passeports Haudenosaunee.