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Foi bahá'íe

La foi bahá'íe est une religion mondiale qui compte des adeptes dans 235 pays et territoires. Elle est composée de 184 assemblées spirituelles nationales. On calcule qu’il y a, en 2015, plus de 30 000 bahá'ís au Canada, tant francophones qu’anglophones, répartis dans 1 200 communautés. On estime que plus de 18 % de ses membres appartiennent au peuple inuit ou aux Premières Nations. Les Canadiens et les Canadiennes issu(e)s de l’immigration récente comptent pour 30 % des croyants.

« Mondrian and the Prairie Landscape »

Origine

Le précurseur du bahá'isme est le mouvement babi. Ce dernier s’inspire du chi’isme iranien. (Voir Islam.) Cependant, la foi bahá'íe est indépendante, plutôt que d’être une secte d’une autre religion. Elle s'inspire de ses propres Écrits sacrés, constitués surtout par les écrits du fondateur, Bahá'u'lláh (1817-1892). Les bahá'ís considèrent celui-ci comme le messager de Dieu de notre époque. Bahá'u'lláh serait le plus récent d’une lignée qui remonte bien avant l’histoire connue dont font partie Abraham, Moïse, Krishna, Bouddha, Jésus-Christ et Mohammed. (Voir Bouddhisme; Christianisme; Hindouisme.)

Enseignements

Selon Bahá’ulláh, l’humanité forme une seule race humaine qui devrait s’unifier en une seule société mondiale. Il n’y aurait qu’un seul Dieu, et toutes les grandes religions auraient la même source divine et le même but essentiel de guider et d’éduquer les peuples. Les principes de justice qui fondent cet enseignement sont notamment : l’égalité des sexes, le droit de tous à l’éducation, l’obligation de chercher à connaître la vérité par soi-même, l’éradication des extrêmes de richesse et de pauvreté, l’abolition de toute forme de préjugé et l’objectif d’établir un gouvernement démocratique mondial doté de sa propre force de maintien de la paix.

Les bahá'ís croient que toutes les grandes religions du passé ont été des étapes de la révélation progressive. C’est ce que Bahá'u'lláh appelle « la Foi immuable de Dieu ». Dieu lui-même est inconnaissable, mais il se révèle d’âge en âge par ses messagers et ses messagères, dont la vie et l’enseignement sont un reflet des qualités divines. Ces révélations successives sont la principale force qui civilise la nature humaine et qui fait évoluer la société. D’autres messagers et messagères succéderont à Bahá'u'lláh aussi longtemps que l’univers existe. Cependant, le défi du prochain millénaire portera sur la réalisation de la vision d’unité mondiale et de justice sociale de Bahá'u'lláh.

La foi bahá’íe préconise l’harmonie fondamentale entre la science et la religion. Ces deux domaines de connaissance s’appuient mutuellement et sont nécessaires à l’évolution humaine. Sans la science, la religion devient superstition et fanatisme. Sans religion, la science devient un instrument de matérialisme qui, à son extrême, ne mène pas à une prospérité authentique.

Ce cheminement de toute une vie se réalise alors que la personne apprend à servir l’humanité en répondant au message de Dieu et, ce faisant, améliore ses capacités spirituelles, morales et intellectuelles. Pour réaliser cet objectif, la personne a recours à la prière, la méditation de la Parole créatrice et la maîtrise du tempérament physique. Pour les Bahá’ís, le service à l’humanité prend la forme de bénévolat et d’implication active à des activités et projets de développement communautaire. Tous les membres de leur communauté, peu importe leur âge, sont encouragés à participer.

Historique de la foi bahá'íe

La foi bahá'íe naît en Perse (ancien nom de l’Iran) en 1844 avec l’annonce de l’avènement d’une nouvelle ère par un précurseur de Bahá'u'lláh appelé le Báb (1819-1850), nom qui signifie « la Porte ». Celui-ci ainsi que plusieurs milliers de ses disciples perses sont jugés hérétiques par le clergé musulman. Ils sont persécutés et tués. Bahá'u'lláh quant à lui est emprisonné, puis exilé et détenu dans la prison-forteresse turque d’Akko, sur la baie de Haïfa, dans le territoire actuel d’Israël. Les sanctuaires où se trouvent les tombeaux du Báb et de Bahá'u'lláh sont aujourd’hui les centres d’attraction d’un imposant complexe de jardins et de bâtiments.

En 2015, plus de 2 100 groupes ethniques sont représentés dans les 116 000 centres bahá'ís qui existent dans le monde entier. Les persécutions menées contre les 300 000 bahá'ís d’Iran pour leur refus de renier leur foi s’intensifient sous le régime de l’ayatollah Khomeiny. La répression se poursuit de façon systématique sous la République islamique actuelle dans le but d’annihiler cette foi de son pays d’origine.

Communauté internationale

Les bahá'ís n’ont pas de clergé. Les affaires de la communauté sont dirigées par des conseils élus aux niveaux local, national et international . Aux deux paliers inférieurs, les conseils, appelés assemblées spirituelles, sont élus chaque année. Le conseil suprême d’administration, nommé Maison Universelle de justice, est élu tous les cinq ans. Son siège se trouve au Centre mondial de la foi bahá'íe, à Haïfa, près du mont Carmel. En raison de ses croyances, la foi bahá'íe accorde une grande importance à la coopération et consacre tous ses efforts à l’unité mondiale. L’organisme qui la représente dans les affaires internationales, la Communauté internationale bahá'íe (CIB), a un statut consultatif auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à titre d’organisme non gouvernemental. La CIB participe activement à de nombreuses activités humanitaires et éducatives de l’ONU. La Communauté possède des bureaux près du siège de l’ONU à New York, Genève et Bruxelles. Depuis 2012, elle a également un bureau et des représentants à l’Union européenne à Bruxelles.

Bahá'isme au Canada

Le Canada joue un rôle important dans l’histoire du bahá'ísme. Après une visite à Montréal, un des fondateurs, Abdul-Baha, confie à la communauté canadienne et américaine la responsabilité commune de la propagation de la foi bahá'íe à travers le monde. La communauté mondiale bahá'íe actuelle est la preuve de la dévotion et de l’efficacité dont ils font preuve. L’une des membres de la communauté, Mary Sutherland Maxwell, de Montréal, épouse en 1937 l’arrière-petit-fils du fondateur de la foi bahá'íe, Shoghi Effendi Rabbani. Ce dernier joue le rôle vital de Gardien de la Cause de Dieu jusqu’à sa mort en 1957.

Les bahá'ís au Canada apprécient les efforts énergiques des gouvernements canadiens successifs qui interviennent au nom de leurs coreligionnaires persécuté(e)s en Iran. (Voir aussi Iraniens-Canadiens.) En juin 1980, le Parlement canadien est la première législature à dénoncer l’Iran pour sa répression religieuse de la foi bahá'íe.

Entre 1971 et 2011, 18 945 personnes de foi bahá’íe immigrent et s’établissent au Canada.

Architectes et artistes canadiens bahá’ís

Il existe une relation particulièrement étroite entre la communauté canadienne et la conception de nombreux sanctuaires et lieux de culte imposants dans le monde entier. Deux architectes bahá'ís de Montréal, Jean-Baptiste Louis Bourgeois et William Sutherland Maxwell, conçoivent respectivement le premier lieu de culte de l’hémisphère occidental à Chicago, en Illinois, et le sanctuaire du Báb au mont Carmel, en Terre sainte. En 1986, un architecte bahá'í de Vancouver, Fariborz Sahba, crée l’extraordinaire « Temple du Lotus », à New Delhi en Inde, dont les publications internationales d’architecture font l’éloge.

Un autre bahá’í de Vancouver, H. Amanat, est le concepteur du complexe d’édifices monumentaux en marbre qui constituent le centre administratif international de cette religion, sur les pentes du mont Carmel, à Haïfa en Israël. Un cinquième architecte bahá'í canadien, Siamak Hariri de Toronto, remporte le concours pour la conception du « Temple mère » de l’Amérique du Sud, à Santiago, au Chili.

De confession bahá’íe, le peintre et sculpteur canadien de renommée internationale Otto Donald Rogers a été l’un des leaders du mouvement en Saskatchewan et a écrit abondamment sur cette religion, reconnaissant la place importante qu’elle occupe dans ses œuvres.

Présence internationale de la communauté canadienne

Les bahá’ís au Canada travaillent sur d’innombrables projets de développement communautaire. Leur assemblée spirituelle nationale collabore à diverses activités avec Affaires mondiales Canada ainsi qu’avec le Centre de recherche pour le développement international (CRDI). La communauté canadienne soumet également des mémoires lors de différentes commissions (comme lors de la tenue de la Commission royale sur les peuples autochtones au début des années 1990). Les croyants et les croyantes participent aussi aux débats nationaux sur le rôle de la religion dans la société, l’égalité entre les hommes et les femmes (voir Égalité des genres), le développement des jeunes, les droits de la personne et le développement durable.

La communauté canadienne prend l’initiative de former une organisation internationale pour les études bahá'íes qui réunit des universitaires, des étudiants et des étudiantes en vue d’appliquer les principes bahá’ís à diverses préoccupations sociales. L’Association d’études bahá'íes d’Amérique du Nord (Association for Bahá'í Studies ‒ North America), fondée en 1975, a son bureau central à Ottawa. Il existe aussi plusieurs types d’associations professionnelles comme l’Association des médecins bahá’ís du Canada.

Composition et cohésion du groupe

Cette foi attire des membres de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada, et ses fidèles appartiennent à tous les groupes ethniques et à toutes les classes sociales. Environ 5 de ses 274 assemblées spirituelles locales élues se trouvent dans des réserves autochtones. D’autres se composent d’Inuits et d’Inuites vivant dans des endroits éloignés de l’Arctique. L’Assemblée spirituelle nationale du Canada est la première institution bahá'íe du monde à être officiellement constituée en corporation par loi spéciale d’un parlement souverain (1949). Cet exemple est suivi par quelques pays seulement. Le Centre national Bahá'í est situé à Thornhill, en Ontario. L’ancienne maison des Maxwell, située sur l’avenue des Pins, à Montréal, est aujourd’hui un lieu de pèlerinage bahá'í. Il s’agit du seul sanctuaire bahá’í à l’extérieur des lieux saints situés en Israël, en Iran, en Irak et en Turquie.

Deux croyants canadiens, William Hatcher et Douglas Martin, sont les auteurs d’une introduction sur la foi qui est très répandue, La foi bahá’íe : l’émergence d’une religion mondiale (The Bahá'í Faith: The Emerging Global Religion) publiée en 1985.