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Bataille de la Thames (Moraviantown)

Le chef de guerre shawnee TECUMSEH conteste cette décision; ses guerriers hésitent à battre en retraite et tiennent à guerroyer contre les Américains qu'ils méprisent.
Dans \u00ab Battle of the Thames \u00bb, le peintre William Emmons reproduit la bataille du 5 octobre 1813 au cours de laquelle le légendaire chef de guerre shawnee Tecumseh trouva la mort (avec la permission de la Collection Coverdale, Bibliothèque et Archives Canada/C-04103).
Guerre de 1812
Tecumseh, chef shawnee
Tecumseh a rallié ses forces à celles des Britanniques pendant la guerre de 1812 et sa participation a été décisive. Peinture de W.B. Turner (avec la permission de la Metropolitan Toronto Library, J. Ross Robertson/T-16600).

Bataille de la Thames (Moraviantown)

La bataille de la Thames (parfois appelée bataille de Moraviantown) a lieu le 5 octobre 1813, pendant la guerre de 1812. À la suite de la victoire navale américaine, remportée sous le commandement du capitaine Oliver H. Perry dans la bataille du lac Érié, à Put-in-Bay le 10 septembre 1813, toute la péninsule occidentale du Haut-Canada est menacée de tomber entre les mains de l'ennemi. Le major-général Henry Proctor qui commande toutes les forces britanniques et canadiennes à l'ouest de Burlington est à court d'approvisionnements et décide de battre en retraite vers l'amont de la rivière Thames.

Les objections de Tecumseh

Le chef de guerre shawnee Tecumseh conteste cette décision; ses guerriers hésitent à battre en retraite et tiennent à guerroyer contre les Américains qu'ils méprisent. Tecumseh remet bien vite en question la volonté des Britanniques à prendre des actions décisives à l'encontre des Américains et à les affronter, et craint que ses alliés ne trahissent la confiance des Premières nations, comme cela s'est déjà produit. Tecumseh craint qu'un repli ne mette en danger les communautés autochtones à l'ouest de Detroit et à ses yeux, il faut affronter l'incursion américaine, non l'éviter. Henry Proctor parvient à convaincre les autochtones de se rallier à son commandement et leur promet qu'ils auront l'occasion de résister à l'ennemi avant de se mettre en route pour rejoindre les forces du major-général Vincent. Proctor est à la tête d'environ 900 hommes, nombre non négligeable mais sur qui il n'a aucune autorité, et environ 500 guerriers autochtones dirigés par Tecumseh. Ils battent en retraite le 27 septembre 1813.

L'assaut américain

À la fin du mois de septembre, sous le commandement du major-général William Henry Harrison, futur président des États-Unis, les Américains donnent l'assaut, débarquent à Amherstburg et chassent les Britanniques qui battent en retraite. Bientôt, 500 fusiliers montés et volontaires du Kentucky se joignent à eux. Heureusement pour les Britanniques, Harrison est un général prudent, il ne se presse pas pour rattraper l'ennemi. Heureusement pour les Américains, Proctor est un chef sans énergie et peu habile, il ne fait presque rien pour entraver la progression des Américains, il ne détruit ni ponts ni autres points d'accès. Pis encore, le commandement de Proctor en matière de tactique de combat est rapidement mis à l'essai et laisse à désirer.

Position de Procter à Moraviantown

Après un lent repli désordonné, Proctor prend position près de Moraviantown. Les forces britanniques, épuisées et découragées, se retirent peu de temps après le début du combat. Ils disposent, certes, d'une pièce d'artillerie de 6 livres, mais pas de munitions. Pourtant, ils se sont préparés pour la bataille. Les autochtones sont couchés dans les marais, à droite des Britanniques; Tecumseh chevauche à proximité des troupes britanniques, il serre la main de chaque homme avant que la bataille ne fasse vraiment rage.

Harrison a choisi de concentrer le plus gros de ses troupes en une colonne centrale, les fusiliers montés du Kentucky lancent l'assaut depuis les bois pour décourager les Britanniques qui se sont dispersés avant même de tirer une salve mortelle et qui bien vite ne lancent que des coups de feu isolés. Les Britanniques se rendent, les cavaliers américains mettent pied à terre pour affronter les guerriers toujours couchés dans les marais, mais ne rencontrent qu'une coriace résistance.

Mort de Tecumseh

La bataille dans les marécages bat son plein quand Tecumseh est blessé et meurt, de même que Stiahta (connu aussi sous les noms de Stayegtha et Roundhead), le chef des Wyandot. Privés de leurs chefs courageux et habiles, les autochtones n'ont plus la volonté de résister aux braves soldats américains, leur détermination faiblit, ils ne s'opposent plus à l'idée de battre en retraite. À l'issue de la bataille, Proctor prend la tête du repli.

Près de 250 soldats britanniques prennent la fuite et se dirigent vers l'embouchure du lac Ontario, ils abandonnent derrière eux environ 600 morts ou prisonniers. Environ 33 soldats autochtones ont été tués, leurs corps récupérés par les survivants en fuite. Quant aux Américains, ils ont perdu 7 hommes et ils ont 22 blessés. Harrison expliquera plus tard au secrétaire de la guerre américain John Armstrong que les guerriers autochtones sont responsables des pertes américaines, non les soldats britanniques. Incapable de s'appuyer sur sa victoire pour tenter d'autres percées, Harrison part avec ses troupes pour Detroit, les Américains contrôlent désormais la frontière du Nord-Ouest. Proctor continuera de commander les hommes qui ont pris part à la bataille de Moraviantown, mais sa piètre organisation du repli et de la bataille signera sa perte.

Répercussions de la Bataille de Moraviantown

Aux yeux des autochtones, le comportement de Proctor confirme leurs pires craintes quant au manque de résolution et d'engagement authentique de leur vieil allié, le roi George III. La coalition qu'ils ont formée ne résistera pas à la mort de Tecumseh et de Stiahta : le sens du commandement, les habiletés et la présence des deux chefs étaient essentiels à l'unité des tribus. Harrison signera rapidement des accords de paix avec diverses tribus dans le but de diviser et d'affaiblir les principaux alliés des Britanniques. La plupart des prisonniers faits par les Américains seront internés dans des camps à Sandusky, en Ohio; un très grand nombre succombera à de graves maladies contractées en captivité. Désormais relégué à des tâches ingrates, Proctor verra sa carrière militaire prendre fin. En mai 1814, il est accusé de négligence et de mauvaise conduite. Son procès en cour martiale, retardé en raison d'opérations militaires, a lieu en décembre. Le juge lui reproche son comportement pendant le repli de ses troupes. Proctor se voit retirer ses galons et sa paie sera suspendue pendant 6 mois. Il n'assumera plus jamais un commandement important.