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La Bataille de la colline 187

La Bataille de la colline 187 s’est déroulée dans la nuit du 2 au 3 mai 1953, pendant la guerre de Corée. Ce fut l’une des dernières batailles avant la signature de l’armistice, le 27 juillet 1953. Au cours des combats, la compagnie Charlie, 3e Bataillon, The Royal Canadian Regiment (3 RCR), se vit dépassée par les forces chinoises, ce qui entraîna de lourdes pertes.

Robert Faulkner

Dates

2-3 mai 1953

Lieu

Corée du Sud

Pays impliqués

Canada, autres pays des Nations Unies
Chine

Victimes canadiennes

26 morts, 27 blessés, 7 prisonniers


Contexte

En mai 1953, les forces canadiennes étaient impliquées dans la guerre de Corée depuis près de trois ans. Des pourparlers de paix étaient en cours, mais les combats continuaient. Les lignes de front étaient statiques depuis la fin de l’année 1951, et les forces de l’ONU, notamment plusieurs unités canadiennes, occupaient des positions le long de lignes défensives telles que la « ligne Jamestown ». C’était une guerre de tranchées et de patrouilles, qui était non sans rappeler la guerre de tranchées menée sur le front de l’ouest pendant la Première Guerre mondiale. Les deux camps défendaient leurs secteurs et envoyaient des patrouilles pour recueillir des renseignements et capturer des soldats ennemis.

Le 3e Bataillon, The Royal Canadian Regiment, (3 RCR), arriva en Corée en mars 1953. Il fut rapidement envoyé en première ligne. Peu de membres de l’unité avaient de l’expérience au combat. Le 20 avril, le 3 RCR fut déployé sur la colline 187, « en très mauvais état », selon l’officier commandant, le lieutenant-colonel K.L. Campbell :

Il n’y avait pas assez de câblage. Les tranchées n’étaient pas assez profondes. On voyait des lacunes dans les tranchées de communication. […] Les bunkers étaient trop hauts, trop peu boisés et trop peu couverts.


Campbell mit ses hommes au travail pour renforcer les défenses, mais ils étaient gênés par les tirs ennemis. La zone neutre étant contrôlée par l’ennemi, Campbell envoya également des patrouilles de reconnaissance, puis des patrouilles de combat renforcées pour reprendre le contrôle de la zone.

Roy Jardine

La Bataille de la colline 187

Le RCR envoya des patrouilles de reconnaissance et une patrouille de combat dans la nuit du 2 au 3 mai 1953. La patrouille de combat de la compagnie « A », sous les ordres du lieutenant G.B. Maynell, se heurta à une force d’environ 60 soldats chinois, ce qui donne lieu à un échange intense de coups de feu. Maynell perdit la vie, et environ la moitié de la patrouille fut tuée ou blessée. Une patrouille de réserve de la compagnie « C », sous les ordres du lieutenant D. W. Banton, fut envoyée en renfort, mais elle tomba également dans une embuscade. Banton fut tué, et les survivants de sa patrouille se retrouvèrent dispersés.

Les Chinois attaquèrent ensuite les positions de la compagnie Charlie. Un lourd barrage d’artillerie et de tirs de mortiers fut immédiatement suivi de vagues d’assauts contre la ligne de défense canadienne. Une fois dans les tranchées, les soldats chinois détruisirent les ouvrages défensifs et capturèrent des prisonniers, qu’ils renvoyèrent rapidement dans leurs propres lignes. Mais, ils furent rapidement soumis à un feu nourri des mitrailleuses et des mortiers du bataillon, des chars du Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) et de l’artillerie du 81e Régiment d’artillerie de campagne. Le sous-lieutenant E. H. Hollyer du 7e Peloton demanda à l’artillerie de tirer sur sa propre position, puis ordonna à ses hommes de se replier dans leurs bunkers.

Nous lancions des tirs défensifs autour de la zone pour essayer de repousser les Chinois. […] Les patrouilles sont revenues, les Chinois ont levé leurs tirs de barrage, puis ils se sont précipités en masse. […] À l’époque, ils ne se souciaient pas des pertes, […]. Ils attaquaient en masse. […] Le premier groupe courait à travers le champ de mines, les faisant exploser et sautant dessus au passage. Le groupe suivant se jetait sur les barbelés et le groupe suivant les enjambait pour atteindre la position […] ils ont atteint la position du 7e Peloton et ils ont envahi les lieux. Ed Hollyer a donc […] demandé à ce que nous lancions des explosions fusantes sur le sommet de sa position. Pendant ce temps, il essayait de faire entrer tous ses hommes dans les bunkers. […] Nous avons lancé des tirs d’obus à air comprimé, afin de ne pas blesser ceux qui se trouvaient sous terre. Toutefois, les éclats touchaient bien les Chinois sur le sol. (Donovan (Reg) Redknap, 4e Régiment, Royal Canadian Horse Artillery; écoutez son récit ici).


Les Chinois subissaient de lourdes pertes, mais poursuivirent leur attaque. Après une résistance acharnée, ils finirent cependant par se retirer, et les Canadiens réoccupèrent leurs positions.

La Bataille de la colline 187 fut l’une des dernières batailles avant la signature de l’armistice. Le 3 RCR perdit de nombreux hommes au cours des combats : 26 hommes furent tués, 27 furent blessés et 7 finirent prisonniers. La plupart de ces victimes étaient des membres de la compagnie « C ». Deux artilleurs et deux hommes du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry furent également tués, et sept autres Patricias furent blessés au cours de la bataille. Trois Médailles militaires et deux Croix militaires ont été décernées à des membres du 3 RCR pour leur leadership et leur courage. Le lieutenant G.E.M. Ruffee, un officier observateur avancé du 81e Régiment d’artillerie de campagne qui a servi avec le 3 RCR, a également reçu la Croix militaire.