Benjamin Tingley (B.T.) Rogers, homme d’affaires (né le 21 octobre 1865 à Philadelphie en Pennsylvanie; décédé le 17 juin 1918 à Vancouver en Colombie-Britannique). B.T. Rogers était un industriel qui a fondé la British Columbia Sugar Refining Co. Ltd. à Vancouver en 1890. Aujourd’hui connue sous le nom de Rogers Sugar Inc., la compagnie est la société de portefeuille de Lantic Inc. (Voir aussi Industrie du sucre.)

Jeunesse
B.T. Rogers est le deuxième enfant de Samuel Blythe Rogers et de Clara Augusta (née DuPuy). Son père travaille pour une compagnie sucrière de Philadelphie avant de devenir propriétaire et président d’une grande raffinerie de canne à sucre à la Nouvelle-Orléans. B.T. Rogers bénéficie d’une éducation privilégiée et il a des liens familiaux avec d’importants hommes d’affaires. Il étudie à la prestigieuse Phillips Academy à Andover dans le Massachusetts. Entre 1881 et 1883, il acquiert de l’expérience en tant que chimiste dans la raffinerie de sucre de son père.
Le père de B.T. Rogers meurt en février 1883. Après le décès de son père, B.T. Rogers s’installe à New York et, grâce aux relations personnelles de son père, il se trouve un emploi à la raffinerie de sucre Havemeyer & Elder. Le chimiste de la raffinerie, Paul Casamajor, est le pionnier d’un nouveau système de filtration du sucre utilisant de la sciure fine. En 1887, un incendie détruit l’usine Havemeyer et plus tard cette même année, Paul Casamajor meurt d’une crise cardiaque. B.T. Rogers travaille ensuite pour la firme Casamajor Filter Co. de New York, dont Paul Casamajor était l’un des directeurs, et B.T. Rogers y devient secrétaire.
La British Columbia Sugar Refining Company
En 1889, B.T. Rogers se rend à Montréal pour superviser l’installation de nouveaux filtres-presses à la Canada Sugar Refining Company. (Voir aussi Redpath Sugar Ltée.) Il y voit une occasion de faire concurrence aux raffineurs de sucre de l’est et d’établir sa propre entreprise sur la côte ouest. À l’époque, on peut trouver des récoltes de sucre provenant des plantations de canne à sucre des Indes orientales (aujourd’hui l’Asie du Sud-Est), notamment des Philippines et de Java. Vancouver est un emplacement idéal pour une nouvelle raffinerie, car le sucre brut peut y être traité dès son arrivée par bateau, ce qui réduit le temps de trajet et les coûts de transport. (Voir aussi Industrie du sucre.)
Avec l’aide de Lowell M. Palmer, un fournisseur de barils de sucre en bois de New York, B.T. Rogers rencontre les dirigeants de la Compagnie du chemin de fer du Canadien Pacifique (CP) en janvier 1890. Avec le soutien du Canadien Pacifique, B.T. Rogers soumet sa proposition de raffinerie de sucre au conseil municipal de Vancouver. La jeune ville est avide de nouvelles affaires et le conseil adopte un règlement sur la raffinerie de sucre en apportant des modifications à la proposition initiale de B.T. Rogers. Le conseil accepte notamment d’exonérer la raffinerie de taxes à condition que B.T. Rogers n’emploie pas de main-d’œuvre chinoise. (Voir aussi Imposition au Canada; Communauté chinoise au Canada.) B.T. Rogers se plie à la volonté du conseil.
À 24 ans, B.T. Rogers s’établit comme directeur général de la British Columbia Sugar Refining Company, qui est constituée le 27 mars 1890. Il place la première cargaison de sucre importé de la compagnie. En août, une cargaison de 1000 tonnes de sucre brut est expédiée des Philippines, marquant ainsi le début du commerce direct entre Manille et Vancouver. (Voir aussi Commerce international.) La raffinerie commence ses opérations avec une capacité quotidienne de 100 barils. En janvier 1891, elle a déjà effectué sa première fusion, et elle offre du sucre granulé au public plus tard ce même mois.
La compagnie doit faire face à plusieurs défis. La concurrence des intérêts commerciaux dans l’est du Canada est féroce. Les marchands de Victoria commencent également à vendre du sucre importé de Chine à prix réduit (voir Importation).
Le saviez-vous?
Pour faire concurrence au sucre importé, B.T. Rogers a diffusé des publicités qui utilisaient des stéréotypes et de fausses informations sur les travailleurs chinois et les produits importés de Hong Kong. Ces publicités remettaient en question la qualité et la propreté du sucre importé. (Voir aussi Racisme anti-asiatique au Canada.)
Années ultérieures
B.T. Rogers contrôle étroitement la chaine d’approvisionnement de la raffinerie, qu’il agrandit pour inclure la fabrication de produits comme des barils, qui sont utilisés dans le processus de production. En 1897, il devient président de la compagnie. En 1899, celle-ci est réorganisée et une société de portefeuille est créée, tandis que la société de raffinage du sucre d’origine poursuit ses activités.

Au tournant du 20e siècle, la compagnie est fréquemment en conflit avec le gouvernement canadien au sujet des taxes associées aux articles importés (voir Imposition au Canada; Importation). B.T. Rogers cherche alors de nouvelles sources d’approvisionnement en canne à sucre. Entre 1905 et 1907, il gère une plantation de canne à sucre à Fidji, ce qui fournit les matières premières à la compagnie. Cependant, l’approvisionnement est insuffisant malgré l’embauche de main-d’œuvre sous contrat.
En 1910, la compagnie enregistre sa marque de commerce canadienne, B.C. Sugar Refinery—Rogers. Quelques années plus tard, son produit phare, le Rogers' Golden Syrup, est créé à partir d’un sous-produit de la canne à sucre raffinée. B.T. Rogers exerce une autorité stricte sur la raffinerie. En 1917, il refuse de traiter avec les travailleurs qui réclament des salaires plus élevés et il ne reconnait pas leur syndicat (voir Syndicats ouvriers). La direction engage des détectives privés et des briseurs de grève pour tenter de mettre fin à la grève prolongée. Cette même année, la compagnie est également sous surveillance gouvernementale pour fixation des prix. Néanmoins, la raffinerie de sucre de canne continue d’être assez rentable pour B.T. Rogers, qui parvient à élargir ses activités.
Vie personnelle
B.T. Rogers s’installe à Vancouver en 1891, mais il ne devient sujet britannique qu’en 1906. (Voir aussi Statut de sujet britannique.) Le 1er juin 1892, il épouse Mary Isabella Angus, dont l’oncle est Richard Bladworth Angus du Canadien Pacifique. B.T. Rogers et Mary ont quatre fils (qui sont tous présidents de la société de raffinage du sucre) et trois filles.
B.T. Rogers meurt à son manoir de Vancouver des suites d’une hémorragie cérébrale en juin 1918.
Legs
Au cours de sa vie, B.T. Rogers siège au conseil d’administration de l’Hôpital général de Vancouver, il est président de la branche de la Colombie-Britannique de l’Association des manufacturiers canadiens et il est membre du Royal Vancouver Yacht Club, où il est commodore de 1912 à 1918.
Ses deux manoirs, nommés « Gabriola » sur la rue Davie (1901) et « Shannon » (1925) sur Granville, sont désignés propriétés patrimoniales à Vancouver.
La compagnie Rogers Sugar Inc. fusionne avec Lantic Sugar Limited en 2008. Rogers Sugar est maintenant la société de portefeuille de Lantic Inc., un producteur canadien de sucre et de produits édulcorants. Le nom Rogers figure toujours sur les produits fabriqués par Lantic Inc. et une raffinerie est toujours en activité à Vancouver.