Beverly Mascoll

Jeunesse et carrière

Beverly Mascoll naît à Fall River, en Nouvelle-Écosse (voir Halifax). Elle est l’une des quatre enfants de Gwendolyn et Arthur Ash, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale qui devient conducteur de camion-bétonnière lorsque la famille déménage à Toronto à la fin des années 1950.

Beverly Mascoll fréquente la Central Technical School et, après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, commence à travailler pour une entreprise de produits de beauté, la Toronto Barber and Beauty Supply. Elle devient plus tard l’adjointe du président de l’entreprise, Nat Kaufman. En 1964, Beverly Ash épouse Emerson Mascoll, originaire de Sydney, en Nouvelle-Écosse. Ils ont un fils, Edlon (né en 1970).

Devenue mère, Beverly Mascoll a l’idée de démarrer sa propre entreprise lorsqu’elle constate qu’il n’y a pas sur le marché de produits de soins capillaires et cutanés destinés aux femmes noires. Avant de lancer son entreprise, qui sera plus tard constituée en société sous le nom de Beverly Mascoll Ltd, elle se rend dans des villes américaines à proximité, notamment à Buffalo, dans l’état de New York, pour acheter des produits de beauté destinés aux Noirs en vue de les revendre à Toronto et de tester le marché et la demande. En 1970, après s’être rendue à Chicago pour rencontrer George E. Johnson, le fondateur de Johnson Products, la plus grande entreprise de produits de beauté appartenant à des Afro‑Américains de l’époque, Beverly Mascoll devient distributrice canadienne exclusive des produits Johnson au Canada. Cependant, les banques refusant de lui accorder un prêt, c’est avec seulement 700 dollars de son propre argent qu’elle lance son entreprise à domicile et commence à vendre des produits de beauté à partir de sa voiture. À la fin de la décennie, la femme d’affaires figure parmi les principaux distributeurs de produits de beauté pour les Noirs au Canada.

Entrepreneuriat dans le secteur de la beauté

L’entreprise de Beverly Mascoll est reconnue à l’échelle nationale. En 1973, elle ouvre son premier magasin au 870, rue Bathurst, non loin de l’endroit où sa famille s’est installée à son arrivée à Toronto, et dans un quartier appelé par euphémisme « Blackhurst » en raison du nombre d’entreprises appartenant à des Noirs qui jalonnent les rues de la collectivité dans les années 1970 et 1980.

Beverly Mascoll étend ensuite ses activités en y ajoutant des démonstrations de produits de beauté, des conférences, et des séminaires sur les soins capillaires professionnels. En 1984, elle tient l’un des premiers salons commerciaux consacrés aux produits de beauté pour les Noirs au Canada. À la fin des années 1990, elle est toujours distributrice de produits de beauté pour les Noirs, mais se tourne davantage vers la vente au détail. Son entreprise connue sous le nom de Mascoll Beauty Supply compte jusqu’à cinq magasins en activité en même temps.

À son apogée, Mascoll Beauty Supply Ltd propose plus de 3 000 produits de beauté pour tous les segments du marché des soins capillaires et du visage. L’entreprise devient une société multimillionnaire, distribuant ses produits à 350 coiffeurs et coiffeuses et détaillants à travers le Canada. Elle fournit également des produits de beauté destinés aux Noirs aux principaux grands magasins du Canada, comme Eaton, Simpsons et d’autres grands détaillants partout au pays.

Travail communautaire

En plus de gérer une entreprise prospère, Beverly Mascoll s’investit dans diverses organisations et initiatives communautaires. Elle est vice-présidente du Canadian Club of Toronto, administratrice du Harry Jerome Scholarship Fund et administratice du Centre des sciences de l’Ontario. Elle crée également la Beverly Mascoll Community Foundation en 1996 pour venir en aide aux jeunes, aux femmes et aux minorités racisées. La fondation soutient des organismes de la communauté noire, comme le Camp Jumoke (un camp pour les enfants atteints de drépanocytose).

Le projet de Beverly Mascoll de redonner à sa communauté culmine avec ses collectes de fonds qui aboutissent à la création du premier programme d’études sur les Canadiens noirs et la diaspora africaine au Canada à l’Université Dalhousie. (Voir aussi Diasporas immigrantes au Canada.)

Dernières années

En 2000, Beverly Mascoll obtient son baccalauréat ès arts de l’Université York, en étude des femmes.

Décès et hommages posthumes

En 2001, à l’âge de 59 ans, Beverly Mascoll succombe à un cancer du sein au Sunnybrook Hospital. Plus de 1 000 personnes assistent à ses funérailles. De nombreux médias lui rendent hommage, notamment le Share, un journal noir qui dessert les Canadiens d’origine antillaise de la région du Grand Toronto, qui publie un article nécrologique en son honneur le 31 mai 2001. Après la vente de Mascoll Beauty Supply, son souvenir se perpétue grâce à une reconnaissance à titre posthume.

En 2019, l’Université Ryerson (l’Université métropolitaine de Toronto, depuis 2022) décerne le tout premier prix de diplômé émérite (nommé cette année-là en l’honneur de Beverly Mascoll) lors de la 11^e cérémonie annuelle de remise des prix Viola Desmond. (Voir aussi Viola Desmond.) Le prix est remis par son fils, Eldon Mascoll. En 2024, lors du Gala d’intronisation au Temple de la renommée des affaires de la Nouvelle-Écosse, l’honorable Mayann Francis prononce un discours rédigé par Beverly Mascoll. Cette dernière est intronisée en 2023.

Héritage

Le 9 juillet 2021, Heritage Toronto dévoile une plaque commémorant la vie de Beverly Mascoll au 819, rue Bathurst, à la sortie de la station de métro Bathurst. « Mon entreprise comble un vide et occupe un créneau sur le marché », déclare Beverly Mascoll dans le cadre d’une interview réalisée à la suite de sa nomination à l’Ordre du Canada. Aujourd’hui, l’histoire de Beverly Mascoll continue d’inspirer des générations de Canadiens noirs à faire carrière en entrepreneuriat, en travail communautaire et en philanthropie.

Prix et récompenses

Beverly Mascoll a reçu de nombreux prix et récompenses en reconnaissance de ses réalisations commerciales et de ses actions pour la défense des droits de la communauté noire :

• Prix Harry Jerome pour l’excellence en affaires, Black Business and Professional Association (1991)
• Médaille commémorative du gouverneur général (1992)
• Prix Femme de mérite en entrepreneuriat, YWCA Toronto (1993)
• Membre de l’Ordre du Canada (1998)
• Doctorat honorifique en droit, Université métropolitaine de Toronto (anciennement l’Université Ryerson) (1999)
• Doctorat ès lettres (humanités), Université Mount Saint Vincent (2001)