Martha Louise Black, naturaliste et
politicienne (née le 24 février 1866 à Chicago, dans l’État d’Illinois, aux
États-Unis; décédée le 1er novembre 1957 à Whitehorse,
au Yukon).
Martha Black s’est jointe à la ruée
vers l’or du Klondike en 1898, en faisant de la randonnée dans le col de
Chilkoot. Elle est devenue membre de la Société géographique royale du Canada
pour ses recherches et ses conférences sur la flore du Yukon. De 1935 à 1940,
Martha Black représente le Yukon au Parlement.
Elle a été la deuxième femme élue à la Chambre
des communes du Canada.
Jeunesse
Martha Munger voit le jour à Chicago; c’est
l’aînée des trois enfants survivants de George Munger et Susan Owens. La
famille Munger vit aux États-Unis depuis 1645, et les ancêtres de Martha
combattent pendant la guerre
d’indépendance américaine, la guerre de
1812 et la guerre
de Sécession. George Munger est propriétaire d’une chaîne nationale de
blanchisseries à vapeur prospère, et les Munger font partie de l’élite
commerciale de Chicago. Martha fait ses études à St. Mary’s of Notre Dame, où
elle est première de sa classe, excellant en élocution et en botanique.
Premier mariage et enfants
En 1887, Martha épouse William Purdy, le
fils du président de la Chicago, Rock Island and Pacific Railway. Le couple a
trois fils, Warren (1889-1937), Donald (1895-1976) et Lyman (1899-1937). Après
son mariage, Martha Purdy compose des poèmes, enseigne dans l’un des premiers
jardins d’enfants de Chicago et participe à l’organisation de l’exposition
universelle de Chicago en 1893. Cependant, au bout de dix ans de mariage,
Martha écrira plus tard que « Will était à l’extérieur la plupart du temps,
et j’étais malheureuse. »
La ruée vers l’or du Klondike
En 1898, Martha Purdy se rend au Yukon avec
son frère cadet George Munger Jr. et son cousin Harry Peachy dans une
expédition financée par son père. Elle souhaite alors revendiquer l’or qui lui
a été promis par une connaissance, William Lambert. (Voir Ruée
vers l’or du Klondike.)
Le groupe voyage en bateau à vapeur de
Seattle, dans l’État de Washington, à Skagway, en Alaska. Il se rend ensuite au
lac Bennett en empruntant la piste du col de
Chilkoot, faisant appel à des porteurs pour transporter les provisions
requises pour une année d’entrée au Yukon. Martha Purdy écrira plus tard à
propos de ce voyage : « J’ai maudit mes corsets serrés et rigides, ma
longue jupe en velours côtelé et mes pantalons bouffants, que je devais
remonter à chaque pas. » Pendant le voyage, elle constate qu’elle est
enceinte de son troisième enfant.
Le groupe arrive à Dawson City
le 5 août 1898. Martha Purdy déchante : il n’y a aucune trace de l’or
promis. C’était « soit un énorme canular, soit un mystère insondable »,
se souviendra-t-elle plus tard. Martha Purdy apprend à faire du pain au levain
et cuisine pour les mineurs pendant que son frère et son cousin cherchent de
l’or.
Son plus jeune fils, Lyman, voit le jour en
janvier 1899. « Quel accueil triomphal le camp a réservé à mon
bébé! », écrira Martha Purdy plus tard à ce sujet. « Les hommes de
notre groupe et mes voisins, tous des hommes, ont pris les choses en main. Ils
ont entretenu les feux. Ils ont apporté des denrées alimentaires […] Notre
cabane est devenue un véritable centre social ». Martha Purdy rentre aux
États-Unis avec Lyman en 1899, mais revient au Yukon en 1900. Ses parents et
ses trois fils se joignent à elle en 1901. Ensemble, ils établissent une scierie et
une usine de broyage d’or à Dawson City.
Second mariage
Martha et William Purdy, qui vit alors à
Hawaii, entament une procédure de divorce en 1903. En juin de l’année suivante,
le divorce est définitif. Le 1er août 1904, Martha épouse George
Black, un avocat du Nouveau-Brunswick
qui travaille à Dawson City.
Dans ses mémoires, elle écrit : « Il était beau et intelligent. En
discutant, j’ai appris qu’il s’intéressait à la politique
et qu’il avait un désir sincère de servir le Yukon ».
Martha Black adopte instantanément les opinions politiques et religieuses de
son nouvel époux, écrivant plus tard : « Immédiatement après mon
mariage, sans aucun remords, je suis devenue anglicane,
impérialiste
et conservatrice ».
Carrière de naturaliste
Les Black partagent un grand amour du plein
air et écrivent un livre ensemble, Yukon Wild Flowers. On y retrouve les
réflexions écrites de Martha et les photographies de George. Martha Black dit
dans l’ouvrage : « Ensemble, nous avons parcouru les sentiers du Yukon et
pagayé sur les ruisseaux du territoire. » Martha Black rassemble 464
variétés de fleurs sauvages et autres plantes du Yukon. Le Chemin
de fer du Canadien Pacifique lui demande de mettre au point des collections
de fleurs sauvages qui seront présentées dans ses hôtels. Ses collections sont
également exposées au Smithsonian Institute et présentées à l’occasion de la
British Empire Exhibition de 1924.
En 1912, George Black est nommé commissaire
territorial pour le Yukon. Martha Black redécore la maison du gouvernement et
supervise les réceptions tenues avec non seulement l’élite territoriale, mais
aussi avec « tous ceux qui souhaitaient venir, quelle que soit leur
position sociale ». Parmi les invités, on compte des mineurs et des
animateurs de salle de danse de la ruée
vers l’or du Klondike.
Première Guerre mondiale
En 1916, George Black démissionne de son
poste de commissaire territorial pour organiser la Yukon Infantry Company du Corps
expéditionnaire canadien pendant la Première
Guerre mondiale. Dans un discours prononcé en 1916 à l’occasion de la fête du
Dominion au parc Minto de Dawson City,
Martha Black déclare : « La Grande Guerre est une guerre de femmes
aussi bien que d’hommes. Au retour de la paix, les conditions toucheront les
femmes de manière tout aussi vitale qu’elles toucheront les hommes ».
Martha Black accompagne son mari et son fils Lyman au Royaume-Uni, où elle rend
visite à des militaires malades et blessés du Yukon et se porte volontaire
auprès de la Croix-Rouge
canadienne.
Pendant son séjour en Grande-Bretagne,
Martha Black donne également plus de 200 conférences sur les paysages du Yukon. Elle
est nommée membre de la Société géographique royale du Canada en 1917.
Carrière politique
En 1921, George Black est élu à la Chambre
des communes en tant que député
conservateur
représentant le Yukon. Les
Black commencent à passer leurs hivers à Ottawa
et leurs étés à Dawson City.
En 1930, George Black devient président
de la Chambre des communes. Cinq ans plus tard, il souffre d’une dépression
nerveuse et le premier
ministre R.B.
Bennett demande à Martha Black de se présenter aux élections parlementaires
à sa place.
Dans ses mémoires, Martha Black décrit en
ces mots sa campagne électorale fédérale de 1935 :
« Ma campagne a été différente de toutes les autres au Canada. Il n’y avait que 1 805 électeurs inscrits sur un territoire de plus de 200 000 milles carrés […] Il n’y avait pas de stations de radio […] Pour atteindre les électeurs, j’ai dû voyager en avion, en bateau à rames et à moteur, en bateau à vapeur, en attelage de deux chevaux et faire usage de mes bonnes vieilles jambes. »
Martha Black est élue députée conservatrice
indépendante par 134 voix. Elle devient membre de l’opposition officielle sous
le gouvernement libéral
du premier ministre William
Lyon Mackenzie King. Pendant son mandat au Parlement, Martha Black, en
défenseure infatigable des intérêts du Yukon, soutient la construction de la route
de l’Alaska. Ses mémoires, intitulées My Seventy Years, sont
publiées en 1937. (Elles seront rééditées plus tard sous le nom de My Ninety
Years, puis Martha Black après sa mort).
Fin de vie
En 1940, George Black, qui a retrouvé la
santé, reprend sa carrière politique. Son épouse se retire de ses fonctions
pour lui permettre de retrouver son ancien siège au Parlement.
Après avoir quitté la Chambre
des communes, Martha Black continue de donner des conférences publiques
pendant la décennie suivante. En 1949, elle reçoit l’Ordre de l’Empire
britannique « pour avoir favorisé le développement de la vie sociale et
culturelle, en particulier dans le territoire du
Yukon ». George Black se retire de la politique en 1949, et le couple
retourne au Yukon. Il s’installe à Whitehorse
en 1953 lorsque cette ville remplace Dawson City
comme capitale territoriale. Martha Black s’éteint en 1957 à l’âge de 91 ans.
Fred Collins, commissaire
territorial du Yukon, lui rend hommage dans un discours prononcé devant le
Conseil du Yukon, déclarant : « S’étant distinguée dans les domaines
de l’art, des lettres, de la science et de la politique, et à titre de figure
d’importance nationale […] sa vie et sa carrière sont une source d’inspiration
pour tous les citoyens de notre nation. »