Brenda Atkinson Milner (née Langford), C.C., G.O.Q, MSRC, MSR, neuropsychologue (née le 15 juillet 1918 à Manchester, en Angleterre). La Dre Brenda Milner est une pionnière dans le domaine de la neuropsychologie, qui allie la neurologie et la psychologie. Elle a notamment découvert que la partie du cerveau appelée le lobe temporal médian (qui comprend l’hippocampe) est essentielle à la formation de la mémoire à long terme. Les travaux ultérieurs de Brenda Milner ont révélé que l’apprentissage de compétences impliquant la combinaison de la vision et du mouvement ne fait pas partie du système du lobe temporal médian. Ces découvertes ont prouvé qu’il existe différentes formes de mémoires situées dans différentes régions du cerveau. Par l’observation de patients, Brenda Milner a modifié définitivement notre compréhension des mécanismes d’apprentissage et de mémorisation du cerveau.
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Jeunesse et éducation
Brenda Milner est la fille du pianiste et critique musical Samuel Langford et de sa femme, Leslie Doig, qui avait été l’élève de Samuel en chant. Brenda et sa mère survivent toutes les deux à la grippe espagnole qu’elles contractent pendant la pandémie de 1918.
Brenda Milner passe ses premières années entourée d’influences musicales. Elle étudie à la maison, apprend les lettres classiques avec son père et le français avec sa mère. Lorsqu’elle a huit ans, son père meurt de la tuberculose. Elle entre alors à l’école pour filles Withington où elle se découvre une passion pour les mathématiques. En 1936, elle reçoit une bourse de la ville de Manchester pour étudier les mathématiques au collège Newnham de l’Université de Cambridge.
Brenda Milner comprend rapidement qu’elle ne sera pas une grande mathématicienne. Sur les conseils de professeurs émérites du département de psychologie de Cambridge, elle bifurque vers la psychologie. En travaillant avec le psychologue expérimental Oliver Zangwill, Brenda Milner commence à s’intéresser aux effets des lésions cérébrales sur le comportement. Elle obtient son baccalauréat en 1939.
Grâce à une bourse de deux ans octroyée par le collège Newnham, Brenda Milner commence à étudier la manière dont les gens réagissent à la désinformation sensorielle (par exemple, lorsque le sens de la vue semble ne pas correspondre au sens du mouvement). Cependant, avec l’arrivée de la Deuxième Guerre mondiale, ses études sont détournées vers l’effort de guerre. Elle commence à élaborer et à faire passer des tests d’aptitude aux recrues de l’armée de l’air. Ces tests aident à déterminer quelles recrues seront pilotes de chasse et lesquelles seront pilotes de bombardier.
Réalisations professionnelles
Lorsque sa bourse est épuisée en 1941, Brenda Milner commence à travailler au ministère britannique de l’approvisionnement. Son travail consiste à déterminer quels écrans et commandes sont les plus intuitifs pour les opérateurs de radar. C’est là qu’elle rencontre son futur mari, l’ingénieur électricien Peter Milner.
En 1944, Peter Milner rejoint un groupe de scientifiques dans le cadre d’un programme d’un an visant à développer la recherche atomique au Canada. Le couple se marie et, deux semaines plus tard, part s’établir à Montréal, au Québec.
Brenda Milner accepte son premier emploi universitaire à l’Institut de psychologie de l’Université de Montréal, où elle enseigne en français. En 1950, elle entame un doctorat à l’Université McGill sous la direction de Donald Hebb. Elle commence des recherches sur la façon dont les personnes aveugles de naissance utilisent le toucher pour forger leur conception du monde extérieur. Cependant, Brenda Milner change d’orientation lorsqu’elle est invitée à collaborer avec Wilder Penfield. Elle commence à effectuer des tests psychologiques et à analyser les données de patients épileptiques avant et après l’ablation chirurgicale de certaines parties de leur cerveau. Son objectif est de déterminer l’effet de ces opérations sur le comportement. Brenda Milner obtient son doctorat en psychophysiologie en 1952.
Une fois diplômée, Brenda Milner se voit offrir un poste par Wilder Penfield à l’Institut neurologique de Montréal. Là, elle poursuit ses travaux sur les effets comportementaux des opérations chirurgicales sur le lobe temporal. Brenda Milner et Wilder Penfield présentent les résultats de leurs travaux sur P.B. et F.C., deux patients souffrant d’amnésie post-chirurgicale, lors de la réunion de 1955 de l’American Neurological Association. Le neurochirurgien William Scoville, du Connecticut, prend contact avec eux après la présentation. Il a constaté des troubles de la mémoire similaires chez son patient connu sous le nom de H.M., qui sera plus tard associé à la plus grande découverte de Brenda Milner. (Voir Découvertes clés.)
En 1964, le Conseil de recherches médicales du Canada apporte son soutien à la Dre Milner, à la fois par une bourse de chercheur de carrière pour son salaire et par un financement séparé pour sa recherche. Au cours de cette période, elle fait œuvre de pionnière dans le domaine de la neuropsychologie, en réunissant les disciplines de la neurologie et de la psychologie. En 1990, elle quitte son poste de directrice de la neuropsychologie à l’Institut neurologique de Montréal pour se consacrer à ses recherches.
Découvertes clés
Dans les années 1950, les scientifiques pensent que les processus d’apprentissage et de mémoire font intervenir l’ensemble du cerveau. Les études de Brenda Milner, portant sur le patient opéré connu sous le nom de H.M., réfutent ce point de vue et vont changer notre compréhension du cerveau.
En 1953, le neurochirurgien William Scoville retire le lobe temporal médian du cerveau de H.M. pour mettre fin à des crises d’épilepsie débilitantes. Depuis lors, H.M. souffre d’amnésie antérograde. Autrement dit, il ne peut plus convertir ses souvenirs à court terme en souvenirs à long terme, un processus connu sous le nom de consolidation de la mémoire. Wilder Penfield et William Scoville invitent Brenda Milner à effectuer des tests psychologiques pour évaluer les aptitudes d’apprentissage et de mémorisation de H.M. Elle observe que, bien que H.M. puisse se souvenir suffisamment d’un moment à l’autre pour tenir une conversation, il oublie les événements qui ont eu lieu quelques minutes auparavant. Cela lui permet de prouver que la consolidation de la mémoire se produit dans le système du lobe temporal médian.
Elle poursuit son évaluation de H.M. En 1962, elle conçoit une expérience pour étudier son apprentissage des habiletés motrices. Elle découvre qu’en dépit de ses problèmes de mémoire, il est toujours capable d’acquérir de nouvelles habiletés motrices. Cela signifie que l’apprentissage des habiletés motrices ne fait pas partie du système du lobe temporal médian. Cependant, H.M. ne se souvient pas d’avoir acquis les habiletés pendant les expériences de Brenda Milner. C’est la preuve essentielle qui démontre qu’il existe plus d’un système de mémoire dans le cerveau.
Les études de Brenda Milner avec H.M. se poursuivent pendant plus de 30 ans. Elle le considère comme un bon ami, même s’il ne la reconnaît pas d’une rencontre à une autre.
Brenda Milner fait d’autres découvertes importantes sur les effets des lésions cérébrales sur les fonctions cognitives. En 1963, en s’appuyant sur le Wisconsin Card Sorting Test, elle découvre que les patients souffrant de lésions du lobe frontal sont incapables de s’adapter à un changement d’instructions de tâches (que la lésion soit située dans l’hémisphère droit ou l’hémisphère gauche). Ses recherches ultérieures montrent que la fonction langagière peut se réorganiser dans les hémisphères du cerveau après une lésion cérébrale (un processus connu sous le nom de latéralisation). Elle étudie également les difficultés de résolution de problèmes causées par des lésions des lobes frontal et temporal. En l’occurrence, elle observe que les patients souffrant de lésions du lobe frontal ont une plus grande tendance à prendre des risques. En outre, les lésions du lobe frontal gauche et du lobe temporal gauche entraînent des problèmes d’interprétation linguistique. Ces phénomènes sont indépendants des degrés d’intelligence, que les lésions n’affectent pas.
Vie ultérieure
Brenda Milner continue à superviser et à mener des recherches à McGill bien au-delà de ses 90 ans. Un symposium de deux jours à McGill célèbre son 100e anniversaire en 2018. En 2019, une école de Châteauguay, au Québec, est nommée en son honneur. Elle est toujours membre du corps professoral de McGill en tant que titulaire de la chaire Dorothy J. Killam.
Prix et distinctions
Brenda Milner compte parmi les scientifiques les plus décorés de l’histoire du Canada. Tout au long de sa carrière, elle reçoit plus de 25 diplômes honorifiques et 90 prix célébrant l’importance de son travail, dont les suivants:
- Membre de la Société royale du Canada (1976)
- Membre de la National Academy of Sciences (1976)
- Membre de la Royal Society of London (1979)
- Prix Killam pour les sciences de la santé, Conseil des Arts du Canada (1983)
- Prix Wilder-Penfield (Prix du Québec) (1993)
- Médaille McLaughlin de la Société royale du Canada (1995)
- Intronisée, Temple de la renommée médicale canadienne (1997)
- Prix de la National Academy of Sciences en neurosciences (2004)
- Compagnon de l’Ordre du Canada (2004)
- Prix de la fondation internationale Gairdner en recherche médicale (2005)
- Prix Balzan pour les neurosciences cognitives (2009)
- Grand officier de l’Ordre national du Québec (2009)
- Prix Kavli en neurosciences (2014)
- Médaille pour réalisations exceptionnelles de l’Université McGill (2017)
- Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale du Québec (2018)
- Intronisée, l’Allée des célébrités du Canada (2023)