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Maria Campbell

Maria Campbell, O.C., écrivaine crie-métisse, aînée, dramaturge, cinéaste, universitaire, enseignante (née le 26 avril 1939 à Park Valley en Saskatchewan). L’autobiographie de l’aînée Maria Campbell, Halfbreed (1973; traduit en français en 2021 sous le même titre), est considérée comme une œuvre fondamentale de la littérature autochtone au Canada pour l’attention qu’elle porte à la discrimination, à l’oppression et à la pauvreté que certaines Métisses (et les peuples autochtones en général) subissent au Canada. Maria Campbell a écrit plusieurs autres livres ainsi que des pièces de théâtre, et elle a écrit des scénarios en plus de réaliser plusieurs films. En tant qu’artiste, Maria Campbell a travaillé avec des jeunes autochtones en théâtre communautaire, et elle s’est porté à la défense de l’embauche et de la reconnaissance des peuples autochtones dans le domaine des arts. Elle a été la mentore de plusieurs artistes autochtones durant sa carrière.

Maria Campbell

Jeunesse et éducation

L’aînée Maria Campbell naît sur un territoire de piégeage dans le nord-ouest de la Saskatchewan. (Voir aussi Trappage d’animaux à fourrure.) Elle grandit dans une communauté de réserve routière. Les réserves routières sont des bandes de terrain de neuf mètres de large situées de chaque côté d’une route, et elles appartiennent au gouvernement. Maria Campbell grandit en parlant le cri, le michif et le saulteaux (langue ojibwée). (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)

Lorsqu’elle a sept ans, elle est envoyée dans un pensionnat indien à Beauval en Saskatchewan. Durant sa première année au pensionnat, Maria Campbell est punie chaque fois qu’elle parle la langue crie. Elle décrit cette expérience dans Halfbreed (1973) : « On me poussait dans un petit placard sans fenêtre ni lumière, et j’y étais enfermée durant ce qui me semblait des heures. Quand on venait me chercher, j’étais presque paralysée de peur. »

Lorsque sa mère meurt, Maria Campbell quitte l’école pour prendre soin de ses frères et sœurs. À 15 ans, elle déménage à Vancouver, mais dans sa vingtaine, elle retourne dans les Prairies pour commencer à travailler comme organisatrice communautaire.

Carrière d’écrivaine

Ayant travaillé dans les villes en tant qu’organisatrice communautaire, l’aînée Maria Campbell coécrit Many Laws (1969), un manuel qui met en lumière les nombreux défis auxquels les peuples autochtones font face lorsqu’ils déménagent dans de grands centres urbains.

Le premier livre de Maria Campbell s’intitule Halfbreed (1973; traduit en français en 2021 sous le même titre). Le livre retrace les 33 premières années de sa vie, couvrant ses expériences de la pauvreté, de l’alcoolisme, de la toxicomanie, des tentatives de suicide, de la violence et de la prostitution. Le livre Halfbreed raconte également les nombreuses expériences de discrimination de Maria Campbell, tant de la part de colons canadiens que d’Autochtones. Elle y aborde son sentiment d’identité divisée qui résulte du fait qu’elle soit positionnée entre deux cultures en tant que personne métisse. Lorsque le livre est publié en 1973, il reçoit des critiques positives à la fois des lecteurs et des critiques littéraires. Le livre est toujours utilisé dans les cours sur la littérature canadienne, les études des femmes et les études autochtones. En 2019, Halfbreed est réédité avec une nouvelle préface de la docteure Kim Anderson et une postface de Maria Campbell discutant des changements, ou de l’absence de changements, pour les peuples autochtones depuis la première parution du livre. De plus, le livre réédité comprend des pages qui ont été supprimées du manuscrit original sans le consentement de Maria Campbell.

Maria Campbell est également autrice de livres pour enfants, dont People of the Buffalo: How the Plains Indians Lived (1975), Little Badger and the Fire Spirit (1977) et Riel’s People: How the Métis Lived (1978). Ces trois livres offrent des enseignements sur la spiritualité et l’héritage des Métis. (Voir aussi Religion et spiritualité des Autochtones au Canada.)

En 1991, Maria Campbell est interviewée par Hartmut Lutz pour le livre de ce dernier, Contemporary Challenges: Conversations with Canadian Native Authors. En 1995, elle écrit Stories of the Road Allowance People, dans lequel elle traduit en anglais des récits cri-michif. Le livre est illustré des peintures de Sherry Farrell Racette, une universitaire, autrice et artiste métisse.

Maria Campbell organise un camp d’écriture à Gabriel’s Crossing, près de Batoche en Saskatchewan, et il en résulte une anthologie intitulée Achimoona en 1985, qui est une collection d’histoires écrites par des auteurs autochtones émergents. Maria Campbell coécrit également le livre Give Back en 1992, sur les pratiques culturelles autochtones. Elle édite aussi en 2017 Keetsahnak, un livre sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées au Canada.

Radio, pièces de théâtre et films

Dans les années 1970, l’aînée Maria Campbell mène une carrière en radio en tant qu’autrice et intervieweuse. En 1989, elle coécrit avec Linda Griffiths la pièce de théâtre The Book of Jessica: A Theatrical Transformation, librement inspirée de son livre Halfbreed. La pièce de théâtre joue en première au Théâtre Passe Muraille à Toronto en 1986, et elle remporte le prix Chalmers pour la meilleure nouvelle pièce de théâtre canadienne, ainsi qu’un prix Dora Mavor Moore.

Flight, la première pièce de théâtre de Maria Campbell produite professionnellement, est la première production théâtrale entièrement autochtone au Canada. La production mélange les cultures autochtones, la danse moderne et le récit. Maria Campbell sert également de conseillère culturelle pour la Saskatchewan Native Theatre Company (aussi connue sous le nom de Gordon Tootoosis Mikiniwin Theatre). Elle offre des présentations culturelles sur le site historique national de Batoche pendant de nombreuses années.

Maria Campbell écrit le scénario de The Red Dress (1977), une production de l’Office national du film réalisée par Michael Scott. Le film raconte l’histoire d’une femme coincée entre deux mondes; sa culture autochtone et le monde qui se trouve à l’extérieur. Maria Campbell s’implique également dans une variété d’autres films à la fois en tant que scénariste et réalisatrice, comme Edmonton’s Unwanted Women (1968), Road to Batoche (1985), Cumberland House (1986), A Centre for Buffalo Narrows (1987), Joseph’s Justice (1994), La Beau Sha Sho (1994), Journey to Healing (1995) et Sharing and Education (1985). En 1984, Maria Campbell cofonde une compagnie de production vidéo et cinématographique qui produit sept documentaires entre 1984 et 1997, et elle coproduit l’émission de télévision My Partners My People (1987), présentée sur les ondes de CTV durant trois ans.

Activisme

En plus de son travail dans les arts, l’aînée Maria Campbell est bénévole, activiste et défenseure pour les droits des Autochtones et pour les droits des femmes. En 1963, elle fonde la première maison de transition pour femmes, ainsi que le premier centre d’urgence pour femmes et enfants à Edmonton. Maria Campbell est également la grand-mère nationale pour Walking With Our Sisters, une installation artistique sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées, qui est en tournée au Canada depuis 2013. (Voir aussi Questions relatives aux femmes autochtones du Canada.)

Carrière académique

L’aînée Maria Campbell travaille comme professeure adjointe à l’Université de la Saskatchewan, et elle est universitaire spéciale sous la direction du doyen de la faculté des arts et des sciences. Elle travaille également comme enseignante saisonnière au Saskatchewan Federated Indian College (maintenant l’Université des Premières Nations du Canada).

À l’Université de Brandon, Maria Campbell est professeure invitée distinguée Stanley Knowles (2000-2001). Elle est également universitaire invitée du Centre for World Indigenous Knowledge and Research de l’Université Athabasca.

Maria Campbell est autrice en résidence pour plusieurs institutions, dont l’Université de l’Alberta (1979-1980), la Regina Public Library (1980-1981), le Persephone Theatre (1983-1984), la Prince Albert Public Library (1994-1995), l’Université de la Saskatchewan (1998-1999) et l’Université de Winnipeg (2008-2009).

Principalement à la retraite, elle est conseillère culturelle à la faculté de droit de l’Université de la Saskatchewan et aînée en résidence au Centre for World Indigenous Knowledge and Research de l’Université Athabasca.

Prix et distinctions

  • Order of the Sash, Métis Nation of Saskatchewan (1985)
  • Prix du héros national, Native Council of Canada (1979)
  • Prix Vanier, Institut Vanier (1979)
  • Chef honoraire des Premières Nations de Black Lake (1978)
  • Doctorat honorifique, Université de Regina (1985)
  • Prix Chalmers pour la meilleure nouvelle pièce de théâtre (1986)
  • Prix Dora Mavor Moore (1986)
  • Médaille du mérite Gabriel Dumont, Institut Gabriel-Dumont (1992)
  • Doctorat honorifique, Université York (1992)
  • Prix Golden Wheel, Rotary Club of Saskatoon (1994)
  • Prix d’excellence de la Saskatchewan, gouvernement de la Saskatchewan (1994)
  • Prix d’excellence autochtone national (aujourd’hui prix Indspire) (1995)
  • Prix Chief Crowfoot, Département des études autochtones, Université de Calgary (1996)
  • Intronisée, Margaret Woodward Saskatchewan Theatre Hall of Fame (2000)
  • Doctorat honorifique, Université Athabasca (2000)
  • Prix Molson, Conseil des arts du Canada (2004)
  • Prix Distinguished Canadian, présenté par le Senior University Group et le Seniors Education Centre de l’Université de Regina (2006)
  • Membre, Ordre du mérite de la Saskatchewan (2005)
  • Officière, Ordre du Canada (2008)
  • Doctorat honorifique, Université d’Ottawa (2008)
  • Boursière, Fondation Pierre Elliott Trudeau (2012)
  • Doctorat honorifique, Université de Winnipeg (2018)

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection Métis

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