Canadiennes dans la All-American Girls Professional Baseball League (AAGPBL) | l'Encyclopédie Canadienne

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Canadiennes dans la All-American Girls Professional Baseball League (AAGPBL)

La All-American Girls Professional Baseball League (AAGPBL) a été en fonction entre 1943 et 1954. Un total de 68 Canadiennes venant de six provinces ont signé des contrats pour jouer sur le circuit. La ligue a plus tard été immortalisée dans le film hollywoodien A League of Their Own (1992; v.f. Une ligue de jupons). Les joueuses canadiennes étaient parmi les meilleures lanceuses et frappeuses de la ligue. Mary « Bonnie » Baker était une vedette sur le terrain, et elle a fait des apparitions au nom de la ligue à la télévision et dans les magazines. Helen Fox menait la ligue en tant que lanceuse, Eleanor Callow était la meilleure frappeuse puissante, et Helen (Callaghan) Candaele St. Aubin était reconnue comme la « Ted Williams féminine ». Les Canadiennes qui ont joué dans la AAGPBL ont été intronisées en groupe au Musée et Temple de la renommée du baseball canadien en 1998. Helen Candaele St. Aubin a été intronisée individuellement en 2021.

Contexte et formation

En 1943, le propriétaire des Chicago Cubs de la Ligue majeure de baseball (MLB) fait face à un dilemme. Philip K. Wrigley craint que la conscription continue des jeunes hommes dans l’effort de guerre américain entraîne la suspension des jeux de la MLB, comme c’est arrivé pour des équipes et des ligues de la ligue mineure. Philip K. Wrigley, un magnat du « chewing gum » dont le nom orne toujours le stade des Chicago Cubs, veut s’assurer que le baseball peut continuer à être une activité commerciale durant la Deuxième Guerre mondiale. Sa solution : organiser une ligue féminine de joueuses de softball.

La All-American Girls Professional Baseball League (AAGPBL) commence ses activités en 1943 avec plusieurs franchises dans les villes du Midwest américain. Elle offre une rare chance aux athlètes féminines de gagner de bons salaires tout en jouant professionnellement. La ligue commence en tant que ligue de softball avec un lancer par en dessous, mais elle évolue avec le lancer de côté et le lancer par-dessus, et avec des balles de différentes tailles.

Plusieurs joueuses signent des contrats après avoir été évaluées par Hub Bishop, un directeur général de longue date de hockey et de sports, originaire de Regina. Il est le commissaire canadien de la ligue. L’un des premiers gérants de la ligue est Johnny Gottselig, un joueur de hockey originaire de la Russie, dont la famille a émigré à Regina. Il a joué en tant qu’ailier gauche durant 16 saisons avec les Blackhawks de Chigago pour la Ligue nationale de hockey.

Les séances d’entrainement pour la saison inaugurale se tiennent au Wrigley Field de Chicago durant le printemps de 1943. Les 14 Canadiennes invitées obtiennent toutes l’une des 60 places disponibles dans les quatre équipes originales : les Rockford Peaches de l’Illinois, les Kenosha Comets du Wisconsin, les Racine Belles du Wisconsin, et les South Bend Blue Sox de l’Indiana.

Règlements de la ligue

Alors que les athlètes veulent démontrer leurs talents de baseball, la ligue leur demande également de suivre des cours d’étiquette sociale, incluant l’application de maquillage, dans les cours du soir du Helena Rubenstein’s Beauty Salon.

Chaque équipe se voit attribuer un chaperon, et les joueuses doivent obéir à des règles strictes concernant leur comportement en société, et leur conduite en dehors du terrain de baseball. On leur dit d’être « soignées et présentables dans leur apparence et leur tenue vestimentaires, d’avoir l’air propre et saine en apparence, d’être polies et prévenantes dans leurs contacts quotidiens, d’éviter d’être bruyantes, brusques, et tapageuses dans leurs paroles et leurs actions, d’être à tous égards de vraies filles dont tous les Américains rêvent. » Elles ne doivent pas fumer ou boire de l’alcool en public; elles ne doivent pas fraterniser avec des hommes sans la présence du chaperon; elles ne doivent pas porter d’uniformes dans les gradins avec les partisans; et elles ne doivent pas porter de pantalons à l’extérieur du terrain. « Nous devions jouer comme des hommes », déclare un jour Helen (Callaghan) Candaele St. Aubin au magazine People, mais nous devions « avoir l’air de femmes. »

Pour la question des uniformes, les joueuses portent des tuniques d’une pièce de couleur pastel, évasées et ceinturées. Les manches sont courtes et un rabat de corsage boutonné se trouve sur le côté gauche, ainsi qu’un blason circulaire sur la poitrine. Les joueuses ont souvent des éraflures et des contusions sur leurs jambes qui sont exposées lorsqu’elles glissent sur les terrains de terre battue.

L’accent mis par la ligue sur la féminité mène les journalistes sportifs de l’époque, presque tous des hommes, à faire référence au circuit comme étant la « Lipstick League » (ligue du rouge à lèvres) ou « Glamour League » (ligue de charme). Au cours des premières saisons de la ligue, celle-ci évolue de l’utilisation d’une balle molle en lancer par en dessous à l’utilisation d’une balle légèrement plus grosse qu’une balle de baseball lancée par-dessus.

Représentation canadienne

Au cours des 12 saisons de la ligue, près de 600 femmes signent des contrats pour jouer, incluant 68 Canadiennes. La plupart de ces dernières viennent des trois provinces des Prairies, où les meilleurs talents sont présentés dans les circuits de softball féminins. Au cours de l’histoire de la ligue, 28 joueuses viennent de la Saskatchewan, 13 viennent du Manitoba, et dix sont de l’Alberta. Le softball est un sport bien établi au Sunnyside Park de Toronto, alors dix autres joueuses viennent de l’Ontario. Six joueuses sont originaires de la Colombie-Britannique, et une seule vient du Québec.

Les joueuses sont issues d’horizons variés. Elles sont employées de bureau, enseignantes, sténographes, fermières, et femmes au foyer. Certaines d’entre elles quittent leur emploi dans les industries de guerre pour jouer au jeu qu’elles aiment. La plupart d’entre elles ne sont pas mariées durant l’époque des jeux de la ligue, et d’autres s’identifient comme étant lesbiennes, bien qu’elles ne puissent pas se marier ou reconnaitre leurs relations en vertu des lois et des mœurs sociales de l’époque. (Voir aussi Droits des lesbiennes, des gais, des bisexuels et des transgenres au Canada.)

Canadiennes de renom

La Canadienne la plus reconnue de la ligue est Mary « Bonnie » (George) Baker, une receveuse de Regina. Sa beauté et son attitude charmante lui valent le surnom « Pretty Bonnie Baker. » Elle est présentée dans les magazines nationaux, incluant les magazines Life and Sport, et elle fait une apparition en tant qu’invitée mystère à la populaire émission télévisée What’s My Line? en 1952. Mary « Bonnie » Baker est également joueuse/entraineuse pour les Kalamazoo Lassies du Michigan en 1950. Après sa retraite en tant que joueuse, Mary « Bonnie » Baker retourne à Regina où elle est embauchée comme directrice des sports pour la station de radio CKRM. La station la présente comme l’une des premières commentatrices sportives féminines du Canada.

Helen (née Nicol) Fox, originaire du hameau d’Ardley en Alberta, effectue un impressionnant record de 31–8 pour aider les Kenosha Comets à remporter la ligue lors de sa saison inaugurale. Elle mène également la ligue dans plusieurs catégories de lancers, incluant des victoires, des pourcentages de victoires (0,795), une moyenne de points mérités (1,81), les matchs lancés (47), les manches lancées (348), et les retraits au bâton (220). Elle est nommée lanceuse de la ligue cette année-là. Elle est à nouveau lanceuse de l’année lors de la deuxième saison de la ligue, avec une fiche de 17–11, et une moyenne de points mérités de 0,93.

Helen Fox prend sa retraite après dix saisons. Elle joue pour les Comets et les Rockford Peaches. Elle détient des records de lancé en carrière pour les matchs (313), pour les manches lancées (2382), et pour les retraits au bâton (1076). Elle mène également des victoires (163) et des défaites (118). Ses 13 victoires consécutives enregistrées en 1943 sont inégalées.

Helen (Callaghan) Candaele St. Aubin est reconnue comme étant la « Ted Williams féminine » pour ses prouesses de frappeuse. Cette petite athlète de 5 pieds et un pouce et de 115 livres (1,55 m, 52 kg), est la deuxième de la ligue pour sa moyenne au bâton en 1944, et elle mène la ligue avec une moyenne de 0,299 lors de la saison suivante. Sa sœur aînée, Margaret (Callaghan) Maxwell, est sa coéquipière durant plusieurs saisons. L’un des fils de Helen, Kelly Candaele, coproduit un documentaire en 1987 au sujet de la ligue, qui sert d’inspiration pour le film hollywoodien qui porte le même nom. Son fils cadet, Casey Candaele, a une carrière de neuf ans dans la Ligue majeure de baseball, en commençant avec les Expos de Montréal en 1986. Ce gérant de la filiale AAA des Blue Jays de Toronto, en date de 2023, est le seul joueur de la ligue dont la mère a également été joueuse professionnelle de baseball.

Parmi les autres joueuses canadiennes accomplies de la AAGPBL figurent Gladys « Terrie » Davis de Toronto, qui remporte le titre de la ligue au bâton lors de la première saison avec une moyenne de 0,332; la lanceuse gauchère Doris Barr, qui lance un coup sûr pour les Racine en 1945, la même saison où elle remporte 20 matchs; Evie (Wawryshyn) Moroz, une enseignante qui atteint 0,266 en 544 matchs en carrière, incluant la saison des étoiles en 1950; et Eleanor Callow de Winnipeg, qui est la meilleure frappeuse puissante de tous les temps de la ligue avec 60 triples et 55 coups de circuit. Ses 407 points en carrière sont classés au troisième rang de l’histoire de la ligue.

Culture populaire

La AAGPBL est en grande partie oubliée après sa dissolution jusqu’à la sortie du documentaire de 1987 réalisé par le fils d’une ancienne joueuse. Le documentaire sert d’inspiration pour le film hollywoodien de 1992 A League of Their Own (v.f. Une ligue de jupons), mettant en vedette Geena Davis, Tom Hanks, et Madonna. La popularité du film ravive l’intérêt pour la ligue et ses athlètes pionnières. Il sert également d’inspiration pour une série de comédie dramatique fictive du même nom qui sort en 2022, et qui raconte les amitiés et les histoires d’amour entre les joueuses.

En 2020, Netflix sort le documentaire A Secret Love qui raconte l’histoire d’amour entre Terry Donahue, une receveuse de la Saskatchewan, et Pat Henschel. Les femmes ont gardé leur relation secrète durant des décennies en raison des préjugés de l’époque.


Distinctions

Les Canadiennes jouent un rôle de premier plan tout au long des 12 saisons de l’histoire de la AAGPBL, remportant des honneurs en tant que championnes au bâton et au lancé. En 1998, le Musée et Temple de la renommée du baseball canadien de St. Marys, en Ontario, intronise toutes les Canadiennes de la ligue en tant que groupe. Helen (Callaghan) Candaele St. Aubin est intronisée individuellement en 2021. Le National Baseball Hall of Fame and Museum de Cooperstown, à New York, possède une exposition permanente qui met en vedette les femmes du baseball, incluant certaines de Canadiennes qui ont joué dans la AAGPBL. Plusieurs de ces joueuses ont également été honorées par les temples de renommée des sports municipaux et provinciaux.

Les joueuses

Les 68 Canadiennes honorées par le Musée et Temple de la renommée du baseball canadien, avec leurs lieux de naissance ou villes natales. (Les 14 joueuses originales en gras; nom de jeune fille entre parenthèses.)

  • Flora Velma “Abby” Abbott, Regina
  • Mary « Bonnie » (George) Baker, Regina
  • Barbara Barbaze, Sarnia, Ontario
  • Doris « Dodie » Barr, Starbuck, Manitoba
  • Christine (Jewett) Beckett, Regina
  • Catherine Bennett, Regina
  • Ethel « Phoebe » Boyce, Phoenix, Colombie-Britannique
  • Eleanor “Squirt” (Knudsen) Callow Litterick, Winnipeg
  • Muriel Coben, Gelert, Ontario
  • Dorothy Cook, St. Catharines, Ontario
  • Mary “Penny” “Peanuts” (Marteniuk) O’Brian Cooke, Smoky Lake, Alberta
  • Audrey « Dimples » (Haine) Daniels, Winnipeg
  • Gladys « Terrie » Davis, Toronto
  • Marguerite (Jones) Davis, Regina
  • Lena “Lee” (Surkowski) Delmonico, Moose Jaw, Saskatchewan
  • Anne (Surkowski) Deyotte, Moose Jaw, Saskatchewan
  • Terry Donahue, Melaval, Saskatchewan
  • Betty (Carveth) Dunn, Edmonton, Grande Prairie, Alberta
  • Julianna “Julie” (Sabo) Dusanko, Regina
  • Elsie « Windy » (Wingrove) Earl, Saskatchewan
  • June “Venus” Emerson, Moose Jaw, Saskatchewan
  • Helen (Nicol) Fox, Ardley, Alberta
  • Ruth (Middleton) Gentry, Winnipeg
  • Jeanne Gilchrist, New Westminster, Colombie-Britannique
  • Thelma (Golden) Fidler, Toronto
  • Ethel (McCreary) Gould, Regina
  • Olga Grant, Calgary
  • Marjorie Hanna, Calgary
  • Irene Headin, Saskatoon, Saskatchewan
  • Lillian Hickey, Vancouver, Colombie-Britannique
  • Agnes « Aggie » (Zurowski) Holmes, Edenwold, Saskatchewan; Regina
  • Thelma (Grambo) Hundeby, Saskatchewan
  • Dorothy “Dottie” Hunter, Winnipeg
  • Alice Janowski, Sherbrooke, Québec
  • Daisy (Knezovich) Junor, Regina
  • Dorothy “Dottie” (Ferguson) Key, Virden, Manitoba
  • Mary (Justra) Shastal & Kustra, Winnipeg
  • Olive “Ollie” (Bend) Little, Poplar Point, Manitoba
  • Martha “Marty” (Rommelaere) Manning, LaFleche, Saskatchewan
  • Ruby (Knezovitch) Martz, Regina
  • Ruth Mason, Moose Jaw, Saskatchewan
  • Margaret (Callaghan) Maxwell, Vancouver
  • Mildred “Millie” (Warwick) McAuley, Regina
  • Colleen “Smity” (Smith) McCulloch, Vancouver
  • Lex McCutchan, Regina
  • Kay “Heimie” (Heim) McDaniel, Edmonton
  • Anne Jane « Annabelle » (Thompson) McFarlane, Edmonton
  • Genevieve “Gene” (George) McFaul, Regina
  • Evelyn « Evie » (Wawryshyn) Litwin Moroz, Tyndall, Manitoba
  • Doreen « Betty » (Petryna) Allen & Mullins, Liberty, Regina
  • Arleene “Johnnie” (Johnson) Noga, Ogema, Saskatchewan
  • Vickie Panos, Saskatchewan
  • Janet (Anderson) Perkin, Saskatchewan
  • Virginia (Carrigy) Piersol, Regina
  • Erla Jean (Thomas) Reynolds, Winnipeg
  • Lucella « Lu » (MacLean) Ross, Lloydminster, Saskatchewan
  • Helen (Nelson) Sandiford, Toronto
  • Joan Schatz, Winnipeg
  • Yolande “YoYo” (Teillet) Schick, St. Vital, Manitoba
  • June “Moneybags” Schofield, Toronto
  • Shirley Smith, Toronto
  • Helen (Callaghan) Candaele St. Aubin, Vancouver
  • Marion (Watson) Stanton, Chatham, Ontario
  • Mae Starck, Hamilton, Ontario
  • Thelma Walmsley, Sudbury, Ontario
  • Elizabeth « Betty » « Bobo » « Wiggles » (Berthiaume) Wicken, Regina
  • Hazel (Measner) Wildfong, Saskatchewan
  • Dora Doris (Shero) Witiuk, Winnipeg

(Voir aussi Les femmes et le sport; Les femmes et le sport au Canada : une histoire.)

Liens externes