Article

Catastrophes minières

L’extraction du charbon est une activité dangereuse. Les travaux en profondeur, le roc tendre, la poussière, les gaz toxiques et inflammables, les explosifs, la machinerie, les systèmes de transport et de ventilation et, dans l’ancien temps, les lampes à flamme nue sont autant de facteurs dans les nombreuses tragédies qui ont frappé les mines de charbon canadiennes, dont les plus meurtrières sont décrites dans cet article.
Westray Mine Disaster
Destruction at the mine entrance after the explosion May 9, 1992 that killed 26 men.
Springhill Mine Disaster
The 23 Oct 1958 mine collapse ended Springhill's trenure as a large scale mining town (courtesy Library and Archives Canada).

Nouvelle-Écosse

Le 13 mai 1873, l’industrie canadienne du charbon connaît son premier désastre majeur quand un coup de mine met feu au méthane sur le front de taille du charbon à Westville, dans le comté de Pictou en Nouvelle-Écosse. Le feu cause une explosion de gaz qui, alimentée par la poussière de charbon dans l’air, crée une réaction en chaîne qui tue les travailleurs et les pompiers qui tentaient de les secourir. Le monoxyde de carbone que le feu laisse dans son sillage achève ceux qui avaient survécu à la déflagration. La mine est scellée afin d’étouffer le feu en le privant d’oxygène, et ce n’est que deux ans plus tard que les dernières des 60 dépouilles sont récupérées.

Le terrain houiller du comté de Pictou était particulièrement dangereux à cause des grandes failles remplies de méthane qui pouvait prendre feu et exploser à la moindre étincelle. Des 676 décès connus sur le terrain houiller, 246 sont causés par des explosions. La mine Allan à Stellarton était considérée par les experts comme étant la mine la plus dangereuse du monde. Presque toutes les familles de cette petite communauté sont plongées dans le deuil quand l’explosion du 23 janvier 1918 tue 88 personnes.

De 1866 à 1987, on rapporte 1 321 décès dans les mines du Cap-Breton, dont 65 dans une explosion à New Waterford le 25 juillet 1917, et 16 autres dans les mines de Sydney le 6 décembre 1938 quand un câble brise, causant la chute d’un wagon de mine. La dernière explosion, le 24 février 1979 à Glace Bay, fait 12 victimes.

De 1881 à 1969, 424 personnes meurent dans les mines de Springhill en Nouvelle-Écosse, la plupart dans trois explosions. Le 21 février 1981, 125 mineurs sont tués dans une explosion de gaz provoquée par un coup de mine. Le 1er novembre 1956, six voitures d’un convoi de charbon qu’on ramenait à la surface se détachent et percutent un fil électrique. Le courant met feu à la poussière de charbon soulevée par l’accident, provoquant un énorme coup de poussière qui fait 39 morts. Cependant, 88 survivants sont retrouvés sains et saufs. Le 23 octobre 1958, une « secousse » (un tremblement de terre souterrain) tue 74 hommes dans la mine numéro deux. Par miracle, 12 hommes sont secourus après six jours sous terre, et sept autres trois jours plus tard. Pour les secourir, les sauveteurs descendent jusqu’à 3 960 mètres de profondeur – un record national.

L’Ouest canadien

Le pire désastre à frapper les mines de charbon canadiennes a lieu le 19 juin 1914 à Hillcrest, en Alberta. On croit qu’une chute de roche a produit une étincelle, provoquant des coups de poussière qui paralysent les ventilateurs et consument la moitié de l’oxygène dans la mine. En tout, 189 hommes meurent, laissant dans le deuil 130 veuves et 400 enfants. De l’autre côté du Col du Nid-de-Corbeau, une explosion de méthane fait 128 victimes le 22 mai 1902 à Coal Creek, près de Fernie en Colombie-Britannique. Plusieurs explosions dans cette région sont causées par la foudre.

Avant Hillcrest, le deuxième accident de mine le plus meurtrier au pays avait eu lieu à Nanaimo le 3 mai 1887, quand une explosion avait tué 150 personnes. L’île de Vancouver a eu sa part de désastres : les villes comme Ladysmith et Cumberland sont inscrites aux côtés de Bellevue et Lethbridge en Alberta, ainsi que River Hebert, Thorburn et Inverness en Nouvelle-Écosse dans les annales des désastres miniers au Canada.

Impact

En plus de tuer les mineurs, chaque tragédie frappait aussi leurs familles, qui se trouvaient privées de leur unique source de revenus dans une société sans indemnisation ni programmes de sécurité du revenu financés par l’État. De plus, de nombreux survivants avec des séquelles graves étaient rendus incapables de travailler, et la destruction d’une mine privait les mineurs de leur gagne-pain.

L’automatisation a réduit le nombre d’employés des mines de charbon modernes. Ainsi, quand la mine Westray à Plymouth en Nouvelle-Écosse explose le 9 mai 1992, tuant toute l’équipe en service, on compte « seulement » 26 morts. Il a été prouvé que les étincelles produites par la lame d’une machine de creusement de galeries ont mit feu à du méthane, ce qui ne se serait pas produit avec une surveillance et une ventilation adéquates. Alimentée par une accumulation illégale de poussière de charbon, l’explosion avait envahi la mine, détruisant tout sur son passage. Le rapport d’une commission d’enquête condamne la manière négligente dont la mine est opérée et les violations flagrantes du Coal Mines Regulation Act. Après l’explosion, le Westray Family Group et le Syndicat des Métallos réussissent à faire changer le Code criminel canadien pour que les organisations puissent être tenues criminellement responsables des actes de leurs employés et directeurs. Le projet de loi C-45 entre en vigueur le 31 mars 2004.

Les équipes de secours reçoivent un entraînement spécial afin de secourir les mineurs pris au piège par le gaz, le feu, l’eau, ou les explosifs, ou toute autre condition dangereuse. En 1906, le premier appareil de protection respiratoire autonome pour le sauvetage minier en Amérique du Nord est acheté par la mine de charbon de Glace Bay. Les secouristes, appelés draegermen, ont sauvé de nombreuses vies lors de désastres miniers, travaillant souvent dans des conditions précaires et au péril de leur propre vie. Voir aussi Santé et sécurité dans les mines.

En savoir plus