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Condition féminine

Aucune femme ne se trouve dans les premières expéditions européennes venues au Canada pour explorer le pays et faire la traite des fourrures.

D'après les documents des compagnies de traite des fourrures, il arrive souvent que des marchands français et anglais épousent des femmes autochtones à la façon du pays, c'est-à-dire selon un mélange de coutumes européennes et indiennes.

Ces épouses de commerçants de fourrures tissent un lien important entre les deux cultures : le commerçant assure la traite de la bande ou de la tribu de sa femme et apprend d'elle les méthodes de survie, les coutumes et les langues autochtones. Certaines Amérindiennes devenues interprètes non rémunérées pour les compagnies de traite de fourrures acquièrent beaucoup d'influence. Ces arrangements matrimoniaux se poursuivent jusqu'à ce que les missionnaires et les compagnies les découragent vivement au XIXe siècle. Au début de la TRAITE DES FOURRURES, une Amérindienne abandonnée par son mari retourne dans sa tribu, mais à cause de la détérioration de la base économique de la vie amérindienne, les tribus ont de la difficulté à accueillir ces femmes et leurs enfants. En 1876, l'adoption de la LOI SUR LES INDIENS vient confirmer cette vulnérabilité : en effet, les femmes autochtones mariées à des hommes non autochtones perdent immédiatement leur statut et abandonnent le droit de vivre dans des réserves. Cette discrimination, puisque la loi ne touche pas les hommes autochtones épousant des blanches, suscite une grande détresse et entraîne plus tard des protestations politiques de la part des femmes autochtones.

Colonisation française

Quelques Françaises parviennent en NOUVELLE-FRANCE au début des années 1600, mais leur nombre ne s'accroît qu'en 1663, avec l'arrivée de jeunes femmes d'âge nuptial, surnommées FILLES DU ROI, amenées gratuitement en Nouvelle-France et pourvues d'une dot. La majorité des femmes de la colonie, y compris les veuves, ne tardent pas à se marier pour porter et élever les enfants de la colonie, tenir maison, faire la cuisine, coudre et jardiner. Les premiers documents canadiens-français montrent aussi que souvent les femmes possèdent des biens, dirigent des auberges, tiennent les livres et, de façon générale, gèrent l'entreprise familiale (voir COMMUNAUTÉ DES BIENS).

La débrouillardise et la force de ces pionnières sont bien illustrées par Agathe de Saint-Père qui, âgée de 15 ans seulement, élève 10 frères et soeurs et poursuit sa propre carrière dans les affaires après s'être mariée à l'âge de 28 ans. Propriétaire de métiers à tisser installés dans des maisons de Montréal, elle gère son industrie de textiles pendant huit ans, puis se retire pour se consacrer au travail dans un hôpital de Québec.

Les religieuses jouent un rôle important dans l'évolution des premières institutions de la Nouvelle-France. Marguerite BOURGEOYS fonde la congrégation de Notre-Dame qui ouvre sa première école en 1658 et participe à la création de bien d'autres écoles, y compris celle de la Providence, une école technique pour les filles. En 1753, Marie d'YOUVILLE reçoit une charte royale pour les Soeurs grises ou soeurs de la Charité qui gèrent l'Hôpital général de Québec et deviennent l'ordre le plus actif de religieuses hospitalières (voir COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES CHRÉTIENNES).

Régime britannique

Le caractère éminemment rural de l'Amérique du Nord britannique d'avant 1850 influe sur la situation sociale des femmes. Les colons possèdent surtout de petites exploitations indépendantes dont la survie dépend du travail des femmes (voir PEUPLEMENT DES TERRES). Selon les recensements du XIXe siècle, plus de 90 p. 100 des filles nées entre 1810 et 1870 se marient. Les femmes mariées et leurs enfants constituent une unité de production travaillant à la ferme, tout près de la maison et des dépendances. Les femmes produisent une grande partie des denrées nécessaires à la famille : elles élèvent le bétail, font le jardin, mettent les fruits et les légumes en conserve, filent, tissent et cousent, comme le rapportent certaines écrivaines du XIXe siècle telles Susanna MOODIE et Catharine Parr TRAILL (voir COLONS, VIE DES).

Avec les années, diverses tendances viennent modifier la position traditionnelle des femmes dans la société. L'unité agricole prend une place de plus en plus grande dans l'économie de marché à mesure qu'augmente la demande de cultures destinées à la vente et que se perfectionne la technique agricole. Bon nombre des biens de première nécessité qui étaient produits sur la ferme sont remplacés par produits achetés. La production diversifiée caractéristique des premières propriétés foncières cède le pas à une production agricole plus spécialisée.

L'urbanisation progressant, les enfants moins occupés à la ferme peuvent passer plus de temps à l'école. Les femmes, dorénavant moins prises par la production agricole et domestique, sont davantage chargées de servir les membres de la famille dans le cadre de leurs relations avec la société. Les femmes de la campagne restent malgré tout plus liées que celles des villes au rythme et aux besoins de la production agricole.

Confédération

À la fin du XIXe siècle, l'essor rapide des ASSOCIATIONS DE FEMMES révèle la politisation croissante des femmes. Dans les années 1870 et 1880, on voit des sociétés missionnaires féminines se former dans la plupart des Églises canadiennes. La première association locale de la YOUNG WOMEN'S CHRISTIAN ASSOCIATION (YWCA) est fondée en 1870, suivie par la WOMAN'S CHRISTIAN TEMPERANCE UNION en 1874 (voir MOUVEMENT POUR LA TEMPÉRANCE) et le Dominion Order of King's Daughters en 1886. Dans les années 1880 et 1890, des groupes de femmes de l'Ontario et du Manitoba forment les premiers organismes en faveur du vote des femmes (voir FEMME, DROIT DE VOTE DE LA). À la fin du XIXe siècle, plusieurs associations féminines ayant acquis une envergure nationale, on assiste en 1893 à la formation d'une fédération de groupes de femmes, le CONSEIL NATIONAL DES FEMMES DU CANADA. Les femmes qui militent en faveur du droit de vote ont souvent bénéficié d'une période d'« apprentissage » de l'action politique dans les organisations qui précèdent le mouvement pour le suffrage féminin.

Malgré le vigoureux débat sur l'utilité d'éduquer les filles, le pourcentage de celles qui fréquente l'école passe de 23,1 p. 100 en 1842 à 75,6 p. 100 en 1881 (voir FEMME ET ÉDUCATION). Les étudiantes formées dans les écoles normales peuvent prendre un emploi rémunéré à titre d'institutrices, première des professions dites « féminines ». À partir de 1875, les femmes occupent la majorité des postes d'enseignants au Canada. Depuis des siècles, les religieuses dispensent des soins infirmiers et jouent un rôle important dans l'enseignement. Depuis longtemps aussi, les femmes assument bénévolement la fonction de sages-femmes dans les collectivités rurales (voir ACCOUCHEMENT, MÉTHODES D'), et la création d'écoles d'infirmières laïques après 1874 permet aux diplômées de travailler comme infirmières rémunérées. En 1875, Grace Annie LOCKHART est la première femme à recevoir un diplôme universitaire canadien de l'Université Mount Allison. Emily STOWE, première femme médecin canadienne, commence à exercer en 1867 après avoir dû faire ses études aux États-Unis. Clara Brett MARTIN devient la première avocate canadienne en 1897.

L'industrie canadienne est stimulée par la POLITIQUE NATIONALE des tarifs douaniers instituée par sir John A. MACDONALD en 1879. Les jeunes filles et les femmes partent chercher du travail à la ville et trouvent souvent des emplois dans des ateliers de misère et des usines. Les industries textiles et du vêtement, notamment, engagent d'importants effectifs pour les faire travailler en usine ou à la pièce dans de petits ateliers ou à la maison (voir FEMMES DANS LA POPULATION ACTIVE). Même mal rémunéré, le travail en usine donne aux femmes plus de liberté que le travail traditionnel de servante dans les maisons privées (voir TRAVAIL DOMESTIQUE) ou d'employée agricole.

La demande de servantes se poursuit pendant tout le XIXe siècle et les politiques d'IMMIGRATION encouragent les femmes à venir au Canada comme domestiques. Vers 1891, le recensement fait état de l'entrée des femmes sur le marché du travail : près de 196 000 femmes, soit 11,07 p. 100 de la population active, détiennent des emplois rémunérés, surtout dans les professions « féminines » mal payées de domestique (41 p. 100), couturière, enseignante, piqueuse, tailleur, employée de maison, blanchisseuse, chapelière et vendeuse.

Jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, le Canada demeure avant tout rural, mais on assiste à l'expansion des secteurs de fabrication et des services dont le fonctionnement demande de nombreux employés de bureau. De 1901 à 1911, la main-d'oeuvre féminine augmente de 50 p. 100, en particulier dans les professions de commis, de dactylographe et de vendeuse. La rémunération des femmes représente en général 50 à 60 p. 100 de celle des hommes et, en 1907, le Conseil national des femmes adopte une résolution réclamant « un traitement égal pour un travail égal ». Avant la guerre, les femmes actives sont surtout des célibataires puisque, selon l'idéologie dominante de l'époque, hommes et femmes font partie de sphères distinctes, l'homme étant le gagne-pain et la femme restant à la maison. Les autres femmes exerçant un emploi rémunéré passaient pour des « malheureuses » : veuves, divorcées, femmes séparées ou abandonnées, ou encore épouses de chômeurs.

1914-1945

Pendant la Première Guerre mondiale, les femmes entrent dans la population active à mesure que se créent des emplois et que les hommes quittent les leurs pour entrer dans l'armée. Nombre d'entre elles occupent des emplois familiers de secrétaire, de commis, de dactylographe et d'ouvrière d'usine. Pourtant, on assiste pour la première fois à l'entrée de nombreuses femmes dans l'industrie lourde, surtout celle des munitions : en 1917, 35 000 femmes travaillent dans les usines de munitions de l'Ontario et de Montréal. Durant la guerre, la majorité des travailleuses sont célibataires. Leur salaire, malgré une légère augmentation au cours de ces années, n'est jamais égal à celui des hommes. Dans l'industrie des munitions, il ne représente que 50 à 80 p. 100 de celui de leurs collègues masculins. En dépit de leur progression dans quelques domaines nouveaux, la majorité des femmes actives demeure confinée au travail domestique.

L'effort qu'elles font pendant la guerre rend les femmes plus visibles en politique : les organisations féminines participent au recrutement de femmes pour remplacer les hommes sur le marché du travail national et à la collecte massive de colis pour les troupes canadiennes.

En 1918, le gouvernement fédéral convoque en temps de guerre une conférence des femmes chargée d'étudier le rôle des femmes. Elle permet de soulever plusieurs questions politiques, y compris celle du droit de vote. Depuis le début du XXe siècle, les mouvements en faveur du droit de vote ne cessent de se renforcer, dans l'Ouest en particulier, et, en 1916, le Manitoba, la Saskatchewan et l'Alberta accordent le droit de vote aux femmes au niveau provincial, bientôt suivis par l'Ontario et la Colombie-Britannique en 1917. Le 24 mai 1918, le Parlement du Canada accorde le droit de vote aux femmes au niveau fédéral et, dès 1922, elles peuvent voter partout au niveau provincial, sauf au Québec. Au début des années 20 est constituée au Canada la LIGUE INTERNATIONALE DE FEMMES POUR LA PAIX ET LA LIBERTÉ , chargée d'oeuvrer pour la paix et le désarmement.

En 1919, les femmes reçoivent le droit d'occuper un poste électif au Parlement et, en 1921, Agnes MACPHAIL devient la première députée fédérale. En 1929, cinq Albertaines conduites par la juge Emily MURPHY réussissent à amener l'AFFAIRE DES FEMMES NON RECONNUES CIVILEMENT devant le Comité judiciaire du Conseil privé en Angleterre, ce qui donne aux femmes canadiennes le droit d'occuper un poste de sénateur.

Immédiatement après la guerre, les femmes subissent le contrecoup des réductions de personnel et des licenciements, mais, dès les années 20, elles reprennent dans la population active la place qu'elles occupaient pendant la guerre. Malgré l'apparition de nouvelles professions « féminines » dans les bibliothèques, le travail social (voir Charlotte WHITTON) ou en physiothérapie, l'essor le plus marqué touche les emplois de bureau. Pour la première fois depuis le début du siècle, tout en restant la profession rémunérée la plus courante chez les femmes, le travail domestique représente moins de 20 p. 100 de l'emploi global. En grand nombre les femmes entrent dans les universités où, vers 1930, elles représentent 23 p. 100 des étudiants du 1er cycle et 35 p. 100 de ceux du 2e et 3e cycles. La CRISE DES ANNÉES 30 renverse cette tendance et, dans les années 30, bien des femmes doivent revenir vers le service domestique. Les statistiques fédérales sur l'emploi montrent que même dans l'industrie du vêtement, longtemps source d'emploi pour les femmes, ces dernières sont davantage licenciées que les hommes.

Le Canada entame la Deuxième Guerre mondiale avec un taux de chômage élevé, mais, vers 1942, le gouvernement connaît une pénurie de main-d'oeuvre qui l'amène à créer, avec l'aide de 21 organisations féminines nationales, un programme national de service sélectif, axé sur le recrutement de femmes pour l'industrie. Ce programme recherche d'abord uniquement des femmes célibataires, puis, la pénurie persistant, se voit contraint de recruter des femmes mariées sans enfant et finalement des femmes mariées avec enfants. Pour permettre leur recrutement, on conclut des ententes fédérales-provinciales qui conduisent finalement à la création de garderies : 28 en Ontario et 5 au Québec. C'est ainsi que plusieurs femmes mariées entrent pour la première fois sur le marché du travail et, en 1945, 33,2 p. 100 des femmes occupent un emploi (voir aussi SERVICE FÉMININ DE L'ARMÉE CANADIENNE).

De 1945 à nos jours

Après la Deuxième Guerre mondiale, les femmes sont priées et, dans le cas du gouvernement fédéral, contraintes de laisser leur emploi aux anciens combattants revenus au pays. Les garderies sont fermées, et de nombreuses femmes retournent à la maison, souvent pour avoir des enfants. En 1946, le pourcentage de femmes dans la population active était retombé au niveau de la crise des années 30. Toutefois, l'idée de l'emploi des femmes mariées a germé et ces dernières arrivent si nombreuses sur le marché du travail que, dans les années 60, elles représentent le tiers de la population active et 55 p. 100 de sa croissance. Malgré leur nombre, les femmes continuent à gagner beaucoup moins que les hommes : en 1961, les employées à temps plein toute l'année reçoivent 59 p. 100 du salaire des hommes des mêmes catégories d'emplois. Cette proportion tombe à 54 p. 100 avec l'ajout de travailleuses à temps partiel.

Ce phénomène est dû en partie aux lacunes de la législation fédérale sur l'égalité des salaires et au relâchement de son application, car les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes, même quand elles occupent un emploi similaire. En 1961, par exemple, le traitement des employées de bureau à temps plein atteint 74 p. 100 de celui des hommes de la même profession. Mais la situation découle probablement davantage de la différence des structures professionnelles réservées aux hommes et aux femmes : les hommes occupent habituellement les emplois syndiqués, exercent les professions les mieux payées et possèdent 89,7 p. 100 des postes de propriétaires et de gestionnaires. Les femmes, elles, restent prisonnières des professions « féminines », de bureau le plus souvent. Plus de 20 p. 100 de la population active féminine occupe encore des emplois de femmes de chambre et de gardiennes d'enfants, tandis que dans les professions libérales, les femmes sont plus souvent diététiciennes ou bibliothécaires que médecins ou avocates.

Dans les années 60, les femmes restent sous-représentées dans les institutions politiques, se heurtent au contingentement dans certaines universités et à diverses politiques et législations discriminatoires dans les secteurs public et privé. À la fin de cette décennie, le MOUVEMENT DES FEMMES, en pleine essor, proteste en créant des centres pour les femmes, des groupes de sensibilisation et des centres d'accueil pour les victimes de viol.

Pour traiter la question de l'égalité des femmes, on crée en 1967 une COMMISSION ROYALE D'ENQUETE SUR LA SITUATION DE LA FEMME AU CANADA qui, en 1970, présente un rapport énonçant 167 recommandations sur l'emploi, l'accès à l'éducation et le droit familial. La publication du rapport, la prolifération des organismes de femmes et la création du groupe de pression appelé COMITÉ CANADIEN D'ACTION SUR LE STATUT DE LA FEMME assurent la poursuite, pendant les années 70, du débat politique sur les questions féminines.

Le gouvernement fédéral répond en créant de nouvelles institutions dans ce domaine : un portefeuille sur la condition féminine au Cabinet fédéral (1971), un Bureau de la coordonnatrice de la condition féminine chargé de surveiller le progrès des ministères fédéraux dans la mise en oeuvre des recommandations de la commission royale (1971), un Office de la promotion de la femme de la Commission de la fonction publique (1972) et un Conseil consultatif sur la situation de la femme (1973). On amende certaines lois fédérales pour en retirer des articles discriminatoires pour les femmes, notamment le Code canadien du travail (1971), les articles du Code criminel relatifs à la fonction de juré (1972), la Loi sur la pension de la fonction publique (1975), une loi-cadre fédérale sur la situation de la femme modifiant 11 lois (1975), la Loi sur la citoyenneté (1975) et une loi-cadre destinée à modifier le Code du travail (1978).

En 1978 entre en vigueur la Loi canadienne sur les droits de la personne, qui interdit notamment la discrimination fondée sur le sexe dans le cas des employés relevant de la compétence fédérale. Cette loi contient des dispositions visant à assurer « un salaire égal pour un travail de valeur égale », la « valeur » dépendant des compétences, de l'effort, de la responsabilité et des conditions de travail. On crée au Secrétariat d'État un Programme de promotion de la femme qui met des fonds à la disposition de projets spéciaux : centres féminins, centres d'accueil des victimes de viol, programmes de recherche sur les femmes, associations professionnelles féminines et maisons de transition pour femmes maltraitées.

Au milieu des années 80, les femmes canadiennes n'ont pas encore atteint l'égalité face aux hommes. Même si les femmes représentent 45 p. 100 de la population active, les travailleuses à plein temps gagnent 72 p. 100 du salaire des hommes, et 60 p. 100 des travailleurs dont le revenu est inférieur à 10 000 dollars par année sont des femmes.

C'est dans les professions les mieux rémunérées que les femmes accomplissent le plus de progrès, par exemple comme dentistes et comme médecins dans une proportion de 26 p. 100 (1993), ainsi que dans les postes administratifs de niveau intermédiaire, dans une proportion de 18 p. 100 (1982) à 42 p. 100 (1993). Toutefois, les femmes continuent à gagner beaucoup moins que les hommes à tous les niveaux, indépendamment de l'âge ou de l'éducation. Seul un travailleur sur cinq gagnant plus de 100 000 dollars annuellement est une femme (1989).

Dans 25 p. 100 des familles, les femmes gagnent plus que leur mari, représentant ainsi plus du double de ce qu'elles étaient en 1970. Dans un couple sur cinq la femme est le pourvoyeur, contre un sur cinquante en 1967, mais son salaire est en moyenne de 30 p. 100 inférieur à celui de son mari sans emploi (1995).

En 1991, 68 p. 100 des mères dont les enfants ont moins de 6 ans font partie de la population active, contre 52 p. 100 en 1981. Seuls 10 p. 100 des enfants dont les mères travaillent à temps plein sont placés dans des garderies licenciées subventionnées (1991). Même dans les familles où les deux conjoints travaillent, les femmes passent en moyenne 14 heures par jour à leur travail rémunéré et non rémunéré. Pour la première fois dans l'histoire canadienne, le travail non rémunéré, habituellement celui des femmes à la maison, est pris en compte dans le recensement.

Une femme sur quatre travaille à temps partiel, habituellement dans un emploi du secteur des services sous-rémunéré, non syndiqué et sans avantages sociaux (1993). Parce que les mères de jeunes enfants préfèrent quitter leur travail à temps plein pour prendre un emploi à temps partiel, elles et leurs enfants finissent souvent par vivre dans la PAUVRETÉ. Six mères célibataires sur dix vivent sous le seuil de pauvreté.

Bien que le taux de pauvreté des mères célibataires canadiennes se classe deuxième parmi les pays industrialisés comparables, comme la France, l'Allemagne et la Suède, à l'exception des États-Unis où il est plus haut, le concept de « programme de travail obligatoire » destiné aux mères bénéficiant de l'aide sociale, est introduit au milieu des années 90 en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario. Même pour les mères qui travaillent, les congés de maternité et le système de SERVICES DE GARDE sont moins généreux au Canada que dans la majorité des autres pays industrialisés, à l'exception des États-Unis.

Les ALLOCATION FAMILIALE qui ont commencé en 1945 sont désindexées dans les années 90 et éliminées complètement en 1992, le Canada devenant ainsi la seule nation industrielle dépourvue à la fois d'une réduction d'impôt et d'une allocation familiale universelle pour les enfants. (En France, par exemple, les allocations familiales sont six fois plus généreuse qu'au Canada.)

Dans les années 70 toutes les provinces apportent à leur législation du droit de la famille des modifications garantissant que les biens acquis durant le mariage, y compris les pensions, seraient partagés équitablement en cas de divorce. Dans les années 80, des lois sur l'équité salariale sont votées tant au fédéral que dans les provinces, mais elles sont pour la plupart inefficaces et faiblement appliquées.

Trois femmes seules sur quatre âgées de plus de 65 ans vivent encore sous le seuil de pauvreté. Une femme canadienne sur huit est battue par l'homme qui partage sa vie et une fille sur trois est victime d'agression sexuelle avant l'âge de 16 ans.

Grâce à leur lutte acharnée, les groupes féministes réussissent à faire inscrire l'égalité des sexes dans la Charte canadienne des droits et libertés incluse dans la Loi constitutionnelle de 1982, ce qui aide à combattre les lois discriminatoires et plus particulièrement, en 1988, la loi canadienne sur l'avortement. Toutefois, maintes questions controversées qui touchent à la condition féminine (l'AVORTEMENT, la PORNOGRAPHIE, l'équité salariale et les PENSIONS) demeurent en suspens. En 1992, les Nations Unies classent le Canada au premier rang mondial pour sa qualité de vie. Cependant, il tombe au huitième rang quand l'égalité des sexes est prise en considération.

Voir aussi ENFANCE, HISTOIRE DE L'; FAMILLE; TRAVAIL DOMESTIQUE; HISTOIRE SOCIALE.

En savoir plus // Les femmes au Canada