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Conservation de la nature Canada

Conservation de la nature Canada (CNC) est l’organisme caritatif de conservation le plus important au Canada. Depuis 1962, CNC a aidé à protéger plus de 160 000 km2 de terres et de cours d’eau d’un océan à l’autre. Sa mission consiste à établir des partenariats avec des donateurs individuels, des organismes sans but lucratif, des entreprises et des gouvernements en vue d’acheter et de protéger des zones abritant une grande diversité d’espèces (voir Biodiversité). CNC et ses partenaires atteignent cet objectif en collaborant avec les collectivités locales afin de recenser les habitats dans lesquels vivent des espèces ayant besoin d’être protégées, ainsi qu’en mettant en œuvre les meilleures techniques scientifiques de conservation s’appuyant sur des données probantes. En date de juin 2019, l’organisation a préservé quelque 34 % des espèces en voie de disparition au Canada (voir aussi : Animaux menacés au Canada).

Tall-Grass Prairie Preserve
Différentes variétés d’herbe dans la Tall-Grass Prairie Preserve. Photo prise le 10 août 2013.

Historique et faits saillants en matière de conservation

Conservation de la nature Canada (CNC) est créée à Toronto, en Ontario, en 1962, par un petit groupe de naturalistes et d’ornithologues passionnés. La mise sur pied de la nouvelle organisation est menée par J. Bruce Falls, écologue à l’Université de Toronto, ainsi que Aird Lewis, Dave Fowle et plusieurs autres naturalistes et membres de l’ancienne Federation of Ontario Naturalists. Après avoir consulté les fiducies foncières du Royaume-Uni et des États-Unis au sujet de leurs efforts d’acquisition et de protection des terres en tant qu’habitat d’espèces animales et végétales, CNC entreprend de recenser, le plus rapidement possible, les terres fragiles au Canada faisant l’objet de menaces du fait de projets de promotion immobilière et d’exploitation.

La première acquisition de CNC, en 1968, est une parcelle de 13,4 km² appelée Cavan Swamp, située à l’ouest de Peterborough, en Ontario. Devenue aujourd’hui la Cavan Swamp Wildlife Area (réserve faunique du marais Cavan), c’est un réseau complexe de terres humides et de tourbières abritant 22 espèces d’orchidées. À partir de cette acquisition originale, CNC effectue sa première incursion à l’extérieur de l’Ontario en achetant des terres sur l’île du Cap‑Breton, en Nouvelle‑Écosse, en 1971. À la fin des années 1970, Conservation de la nature Canada a protégé des terres en Colombie‑Britannique, au Québec et au Manitoba auxquelles, à l’orée du nouveau millénaire, elle avait ajouté de nouveaux terrains en Saskatchewan, au Yukon et à Terre‑Neuve‑et‑Labrador. En 2000, CNC avait préservé plus de 1000 propriétés d’un océan à l’autre.

Deux de ces zones protégées les plus sensibles sur le plan écologique se trouvent dans les Prairies. La réserve des prairies à herbes hautes du Manitoba, codétenue par CNC, s’étend sur plus de 48 km2 et abrite 16 espèces en péril, dont deux espèces de papillons en voie de disparition (voir aussi : Espèces d’animaux menacées ; Espèces de plantes menacées).

Dans la province voisine de la Saskatchewan, l’aire de conservation des prairies patrimoniales d’Old Man on His Back est l’une des propriétés emblématiques de l’organisation. Elle permet de protéger l’écosystème d’herbes hautes, aujourd’hui en voie de disparition, qui s’étendait autrefois des Prairies jusqu’au Texas. Depuis 1995, l’organisme de préservation collabore avec les éleveurs locaux pour promouvoir le pâturage durable du bétail dans la réserve qui couvre environ 53 km². La terre est gérée comme un « ranch actif » afin de démontrer « la relation positive entre l’utilisation des terres agricoles et la conservation des terres ». Les bisons des plaines ont été réintroduits sur la propriété Old Man on His Back en 2003, dans le cadre d’initiatives pour préserver cette espèce qui avait disparu du Canada à la fin du 19e siècle. En 2015, la propriété est désignée réserve de ciel nocturne par la Société royale d’astronomie du Canada, ce qui en fait la première propriété de CNC à recevoir une telle distinction.

Structure organisationnelle et financement

La petite équipe d’origine, dirigée par Bruce Falls, est aujourd’hui devenue une organisation comptant 350 employés à temps plein. Le siège de CNC est à Toronto, en Ontario, et l’organisation compte des bureaux dans chacune des dix provinces canadiennes. Les bénévoles jouent également un rôle important au sein de la structure. En 2019, plus de 3330 bénévoles, venus de partout au Canada, ont collaboré avec Conservation de la nature Canada, dans le cadre de plus de 230 projets d’intendance environnementale.

À la tête de l’organisation depuis 1997, John Lounds a précédemment dirigé la Federation of Ontario Naturalists (aujourd’hui Ontario Nature) pendant six ans. Depuis 20 ans que John Lounds est à la barre de CNC, le budget de fonctionnement annuel de l’organisation est passé de 8 millions de dollars à plus de 90 millions de dollars.

Les financements du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux représentent environ 40 % des revenus annuels de CNC qui s’établissaient à 88,9 millions de dollars en 2019.

Les dons des particuliers représentent environ 25 % des revenus annuels de CNC, tandis que les fondations et les organisations en fournissent environ 15 %. Un autre 10 % des revenus annuels de CNC proviennent des entreprises. De grands commanditaires internationaux comme Shell Canada et Great-West Life financent le programme des stagiaires en conservation, alors que d’autres, comme Telus, KPMG et SC Johnson, financent directement l’accélération du processus d’acquisition de terrains. Mountain Equipment Co‑op, Kicking Horse Coffee, Bruce Power et le Globe and Mail comptent parmi les autres commanditaires de l’organisation.

Plus de 70 % de tous les revenus provenant de dons et de subventions d’entreprises servent à l’achat de terrains à l’appui des projets de conservation de CNC.

Processus de conservation

Conservation de la nature Canada utilise un processus en quatre étapes pour conserver les terres.

  1. Définition des priorités : il s’agit, pour les spécialistes scientifiques de la conservation de CNC, en collaboration avec des chercheurs universitaires et gouvernementaux, de déterminer les espèces et les habitats ayant les besoins de protection les plus importants ;
  2. Élaboration de stratégies : sur la base d’une compréhension des menaces auxquelles ces espèces sont confrontées, localement et régionalement, CNC élabore une stratégie de réduction de ces menaces ;
  3. Mise en œuvre des actions : la CNC met en œuvre la stratégie déterminée aux côtés de partenaires tels que les propriétaires fonciers locaux et les gouvernements ;
  4. Mesures du succès : une fois qu’une parcelle de terre a été conservée, CNC mesure son succès à conserver ce terrain comme habitat animal ou végétal.

Une fois achevé, on réitère le processus, les scientifiques réévaluant leurs priorités. Bien que cette démarche nécessite beaucoup de travail et soit de longue haleine, elle a débouché sur la préservation de différents habitats partout au Canada, des terres qui ont permis de protéger, à ce jour, 223 espèces en danger d’extinction.

Campagnes en cours

Pour l’avenir, CNC envisage d’amasser plus de 750 millions de dollars pour financer 500 projets par le biais de la campagne Laissez votre signature. Cette campagne, la plus grande initiative de conservation des terres que CNC a jamais entreprise, vise à acheter et à protéger des régions d’importance écologique majeure pour le Canada. (Voir aussi Mouvements écologistes.)