Craig Kielburger, C.M., entrepreneur social, auteur, conférencier (né le 17 décembre 1982 à Toronto, en Ontario). Craig Kielburger est surtout connu pour son activisme alors qu’il était jeune adolescent, et pour son travail comme cofondateur et dirigeant de ME to WE avec son frère Marc. ME to WE est une entreprise qui relie des achats au développement économique et social mondial. Craig Kielburger a également fondé et codirigé l’œuvre de bienfaisance WE Charity (anciennement Enfants Entraide), qui se concentre plus particulièrement sur l’éducation et la mobilisation des jeunes. Une grande partie de son travail est basée sur la conviction que les jeunes sont essentiels à la création d’un changement systémique.
Jeunesse et éducation
Craig Kielburger est le deuxième fils des enseignants Fred et Theresa Kielburger. Il grandit à Thornhill, une communauté au nord de Toronto, en Ontario. Au cours de ses années d’études secondaires, il est déjà un militant de premier plan et il est dévoué à la cause des droits de l’enfance. En 2002, Craig Kielburger combine ses initiatives caritatives avec ses études universitaires en entrant dans le programme Peace and Conflict Studies de l’Université de Toronto. En 2009, il devient le plus jeune étudiant à obtenir un diplôme du programme de MBA Kellogg-Schulich de l’Université York.
Enfants Entraide
En 1995, Craig Kielburger apprend dans le journal le meurtre d’Iqbal Masih, un ancien esclave pakistanais de 12 ans devenu un militant contre le travail des enfants après avoir échappé aux travaux forcés. Certains des premiers rapports suggèrent qu’Iqbal Masih aurait été assassiné à cause de son militantisme. « Ça m’a beaucoup perturbé, dit Craig Kielburger. Qu’avions-nous en commun, à part notre âge? » Il apprend que l’histoire d’Iqbal Masih n’est qu’un exemple du travail des enfants, et il est à ce point touché par cette injustice systémique qu’il rallie certains de ses camarades de classe pour fonder le groupe Enfants Entraide, un groupe de défense des jeunes qui vise à attirer l’attention du public sur travail des enfants. Bien qu’on apprenne plus tard qu’Iqbal Masih aurait possiblement été tué dans des circonstances différentes, l’intérêt de Craig Kielburger pour sauver les enfants demeure inchangé. Selon lui, il était animé de la conviction que les jeunes doivent être des participants dans les problèmes qui les concernent, au lieu de laisser les adultes parler en leur nom. L’idée que des enfants puissent aider des enfants, en puisant dans l’idéalisme et l’enthousiasme de la jeunesse pour créer des changements sociaux, demeure un élément fondamental de son éthique.
« Les enfants ont la capacité innée de ressentir la souffrance et l’injustice et d’être plus émotifs dans leurs sentiments, affirme Craig Kielburger. Ils n’acceptent pas certaines normes sociales, comme le fait qu’il y aura toujours de la pauvreté. Un enfant qui dit : “cet enfant a faim, nous devons le nourrir,” peut sembler naïf pour un adulte. En fait, c’est une réponse pleine de compassion, logique et bien pensée. De croire que l’on puisse mettre fin à la pauvreté dans le monde n’est pas naïf, c’est idéaliste. Mais dans ce monde, les jeunes doivent être idéalistes sans honte, car c’est la seule façon de changer les choses. »
La première action importante de l’organisme est une pétition de plus de 3 000 signatures exigeant la libération du militant Kailash Satyarthi et envoyée au premier ministre de l’Inde. Avec ses camarades, Craig Kielburger donne aussi des conférences dans une foule d’écoles, d’églises et de groupe communautaires. Il s’attire d’ailleurs l’intérêt du public après un discours donné à la Fédération du travail de l’Ontario, qui permet de récolter plus de 150 000 $ en dons pour Enfants Entraide.
It Takes a Child – un périple au cœur du travail des enfants
Craig Kielburger veut visiter les pays qu’il dénonce dans ses discours. Avec les conseils et l’aide de l’universitaire et militant Alam Rahman, ainsi que des lettres de soutien d’une foule d’organismes de défense des droits de la personne, Craig Kielburger et sa famille organisent, pour l’hiver 1995-1996, un voyage de sept semaines en Inde, au Pakistan, au Népal, en Thaïlande et au Bangladesh.
Lors de ce voyage, Craig Kielburger rencontre une foule d’organismes et d’enfants travailleurs, des expériences qu’il documente dans le livre Free the Children (1998; trad. Libérez les enfants !, 1999), écrit avec Kevin Major. L’ouvrage décrit aussi sa rencontre avec le premier ministre Jean Chrétien, qui était alors dans la région pour une mission commerciale (voir Commerce international). Au cours de cet entretien de 15 minutes, Craig Kielburger encourage Jean Chrétien à ajouter le travail des enfants aux points qu’il aborde dans son programme économique, et à mettre de la pression sur les sociétés nord-américaines pour qu’elles cessent de faire du commerce avec des entreprises employant des enfants. Libérez les enfants !, relate une rencontre marquante avec Mère Teresa lors de sa mission à Calcutta, un événement très significatif pour Craig Kielburger, qui est un fervent catholique (voir Catholicisme).
À son retour, Craig Kielburger devient une sensation dans les médias. L’éloquent adolescent obtient même une entrevue à l’émission 60 Minutes, en plus de nombreuses offres d’organes de presse partout sur la planète. Les reportages à son sujet ne sont pas tous flatteurs. En novembre 1996, le magazine Saturday Night publie un éditorial dans lequel, entre autres choses, on remet en question le libre arbitre de Craig Kielburger par rapport à ses parents, en plus de suggérer que les dons envoyés à Enfants Entraide sont empochés par la famille Kielburger. La famille intente une poursuite en diffamation contre Saturday Night, qui finit par payer un règlement de 319 000 $ en 2000 (voir Diffamation au Canada). Le jeune Craig Kielburger affirme que cet argent ira, une fois les frais d’avocat payés, à Enfants Entraide. Selon un témoignage, cet incident est le produit d’une société qui n’aime pas que les jeunes perturbent le statu quo.
Maturité de sa mission
Alors que Craig Kielburger attire l’attention et les félicitations du monde pour Enfants Entraide et pour lui-même, son organisme connaît des difficultés financières et opérationnelles. En effet, Enfants Entraide a de la difficulté à attirer des dons importants de la part des principaux commanditaires. De plus, Craig Kielburger fait une surprenante découverte : Enfants Entraide a beau financer des raids dans les usines qui utilisent le travail des enfants, ces enfants sont souvent contraints de retourner travailler dans ces mêmes usines après la fin des raids.
ces enfants sont souvent contraints de retourner travailler dans ces mêmes usines après la fin des raids.Après avoir obtenu un diplôme en droit à l’Université d’Oxford, Marc Kielburger, le frère aîné de Craig, se trouve à la charge d’un plus grand rôle au sein de l’organisme, et le groupe se concentre davantage sur l’obtention de petits dons provenant des jeunes. Enfants Entraide redouble également d’efforts en matière de formation et d’éducation, notamment en faisant construire des écoles dans des pays en voie de développement. De plus, l’organisme reçoit un soutien inespéré suivant la participation de Craig Kielburger au Oprah Winfrey Show en 1999, qui inclut un don important venant de Oprah elle-même.
À peu près à la même époque, Craig Kielburger cherche à sensibiliser davantage les entreprises envers le travail des enfants. Il repart en Inde en 1998, dans le cadre d’une tournée financée par une division de British American Tobacco. Il est accompagné d’autres enfants et de son frère Marc. Au cours de cette tournée et de celles qui suivent, il tente de sensibiliser les gens à la réalité du travail des enfants. Deux éléments clés du principe « ME to WE » (De moi à nous) se cristallisent pendant ces tournées. Le premier est l’idée selon laquelle les entreprises doivent s’impliquer dans une réforme du travail. Le deuxième est la conviction que de faire voyager un grand nombre d’enfants provenant de pays développés (afin qu’ils en apprennent plus sur les conditions de travail à l’échelle mondiale) peut favoriser le soutien au développement.
Me to We
Alors qu’il étudie à l’Université de Toronto, Craig Kielburger continue d’être le visage public d’Enfants Entraide, qui prend de l’expansion et ouvre de plus en plus de nouvelles écoles.
En 2004, les frères Kielburger partagent leurs idéaux dans leur livre ME to WE : Finding Meaning in a Material World. Ce livre comprend des contributions venant de personnalités comme Oprah Winfrey, l’archevêque Desmond Tutu, et la docteure Jane Goodall. Il décrit plusieurs points importants de la philosophie « ME to WE » adoptée par Enfants Entraide, y compris l’importance de la communauté, le bonheur issu du bénévolat, et les limites du gain matériel. L’ouvrage s’inspire d’expériences vécues et de témoignages des bénévoles et des autres personnes que les frères ont rencontrées aux quatre coins du monde. Il ancre également la philosophie d’Enfants Entraide dans un contexte spirituel plus large, qui reflète l’éducation catholique des deux frères tout en affirmant que « l’éthique de la réciprocité » est propre à toutes les religions. Cette perspective, où l’on passe du « moi » au « nous », devient le point focal des rassemblements que les Kielburger organisent pour encourager les enfants à s’investir dans des événements caritatifs ou à en mettre sur pied.
Le MBA de Craig Kielburger reflète son intérêt à combiner les outils des affaires avec son objectif plus vaste de promotion du développement social et éducatif. Ces études l’aident à remodeler son entreprise sociale, ME to WE, qui fonctionne sur une base à but lucratif en vendant des produits liés au développement social et économique. Son ambition de relier les outils du développement de l’entreprise au changement progressif entraîne certains défis, notamment des rapports de la part d’employés concernant les très longues journées de travail et des accusations selon lesquelles les rassemblements de WE Day sont trop commercialisés.
Craig Kielburger continue de bénéficier d’une présence publique prolifique. En 2010, son frère Marc et lui sont les porteurs torontois du flambeau olympique des Jeux d’hiver de Vancouver. De plus, Marc et lui rédigent régulièrement des articles portant sur une vie socialement responsable dans les principaux journaux canadiens. Les deux frères continuent de diriger deux organismes connexes : WE Charity (anciennement Enfants Entraide), et WE Day.
Controverse de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant
En juin 2020, le gouvernement fédéral choisi WE Charity pour gérer son programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant (BCBE) de 912 millions de dollars. Les libéraux de Justin Trudeau créent ce programme pour soutenir les étudiants et les nouveaux diplômés qui sont confrontés à des perspectives d’emplois limitées en raison de la pandémie de COVID-19. Plus tôt dans l’année, Craig Kielburger avait été en contact avec des bureaux gouvernementaux pour discuter des programmes destinés aux étudiants. Le gouvernement lui avait demandé de préparer une proposition pour gérer un programme. Le choix du gouvernement de prendre WE comme partenaire attire la critique des députés de l’opposition. Les critiques expriment une inquiétude concernant les apparitions du premier ministre Justin Trudeau et de plusieurs membres de sa famille lors d’événements de WE, qui auraient pu influencer la décision d’attribuer le contrat à l’organisme WE.
Bien que l’organisme de bienfaisance se soit retiré du contrat au début du mois de juillet, la controverse s’intensifie pour le gouvernement et pour WE. Les critiques questionnent le fait que WE Charity a obtenu le contrat à fournisseur unique au lieu que ce soit le service public qui l’obtienne, ainsi que la raison pour laquelle il n’a pas semblé y avoir de processus concurrentiel dans l’octroi du contrat. De plus, de nouveaux détails émergent, indiquant la possibilité de conflits d’intérêts. Il apparaît que plusieurs membres de la famille Trudeau ont été payés pour prendre la parole lors d’événements de WE. L’organisme de bienfaisance nie avoir effectué de tels paiements, mais présente par la suite des excuses publiques lorsqu’il constate que des paiements ont effectivement été effectués par l’organisme de bienfaisance. Dans ses excuses, l’organisme affirme que le coût des honoraires des conférenciers aurait dû être payé par ME to WE Social Enterprise, mais qu’une erreur a entraîné des paiements faits par WE Charity. Lorsqu’on a découvert cette erreur, les paiements ont été remboursés à WE Charity. Les médias rapportent également des liens entre la famille du ministre des Finances Bill Morneau et WE. À la lumière de ces révélations, Justin Trudeau et Bill Morneau présentent des excuses pour ne pas s’être récusés lors des discussions du Cabinet concernant le contrat de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
Les journalistes continuent de questionner les Kielburger et leurs organismes après que We Charity se retire du programme de la BCBE. Les observateurs se concentrent sur la distinction entre les entités caritatives et celles à but lucratif des Kielburger, ainsi que sur les biens immobiliers de WE, qui sont d’une valeur d’environ 40 millions de dollars. Dans des remarques faites devant le Comité des finances de la Chambre des communes le 28 juillet 2020, l’ancienne présidente du conseil d’administration de WE, Michelle Douglas, note que Craig Kielburger lui aurait demandé de démissionner en mars 2020 en raison des efforts qu’elle a faits pour examiner les dossiers financiers quotidiens de l’organisme de bienfaisance dans la foulée d’importants licenciements au sein du personnel au plus fort de la pandémie de COVID-19. Michelle Douglas affirme qu’elle a démissionné parce qu’elle ne pouvait pas exercer ses fonctions de surveillance sans avoir accès aux données financières. En réponse, les responsables de WE Charity déclarent que la démission de Michelle Douglas faisait partie d’une rotation planifiée dans le conseil d’administration.
Craig et Marc Kielburger témoignent devant le Comité des finances de la Chambre des communes au sujet du contrat de la BCBE, le 28 juillet 2020. Ils affirment qu’ils n’auraient pas profité du contrat, et qu’ils n’ont pas profité de leurs liens avec la famille Trudeau pour l’obtenir.
Bill Morneau démissionne de ses fonctions de député et de ministre des Finances le 17 août 2020. Le Commissaire fédéral à l’éthique Mario Dion enquête sur le possible conflit d’intérêts entre le premier ministre Justin Trudeau, WE Charity, et le programme BCBE. Le 13 mai 2021, Mario Dion blanchit le premier ministre de tout acte répréhensible. Cependant, il conclut que Bill Morneau a violé plusieurs articles de la Loi sur les conflits d’intérêts en omettant de se récuser des décisions liées à WE et en lui accordant un traitement préférentiel.
Au milieu de la controverse, WE Charity annonce son intention de recentrer sa mission, de simplifier sa programmation, et de faire des changements de gouvernance et de structure. Le 9 septembre 2020, les Kielburger annoncent qu’ils ferment WE Charity au Canada et qu’ils quittent l’organisme à la fin du processus de fermeture. Ils citent l’impact financier de la pandémie de COVID-19 et les pertes de commanditaires de WE liées à la controverse de la BCBE.
Prix et honneurs
- Médaille du service méritoire (division civile), Gouverneur général (1997)
- Médaille du jubilé d’or (2002)
- Prix Nelson Mandela pour les droits de la personne, TCA (2003)
- Doctorat honorifique en éducation, Université de Nipissing (2005)
- Prix des enfants du monde (2006)
- Membre, Ordre du Canada (2006)
- Diplôme honorifique, Université de Guelph (2007)
- Doctorat honorifique en droit, Université de l’Alberta (2011)
- Doctorat honorifique en droit, Université de Toronto (2011)
- Médaille du jubilé de diamant (2012)
- Diplôme honorifique, Université Carleton (2012)
- Doctorat honorifique en droit, Université Concordia (2012)
- Doctorat honorifique en droit, Université York (2013)
- Canada’s Walk of Fame (Allée des célébrités) avec Marc Kielburger (2013)