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Demasduit

Demasduit (aussi connue sous les noms de Demasduwit, Shendoreth, Waunathoake et Mary March), créatrice d’un lexique Béothuk (née en 1796; morte le 8 janvier 1820 à baie des Exploits, Terre-Neuve). Demasduit est une femme Béothuk qui a été capturée par des pêcheurs anglais en 1819. Par la suite, elle a été envoyée dans une mission anglicane où elle a créé une liste de mots de la langue Béothuk. Après sa mort, sa dépouille et celle de son mari ont été amenées en Écosse. Après de nombreuses démarches, les dépouilles ont été rapatriées à Terre-Neuve en 2020. Le gouvernement du Canada a reconnu Demasduit comme une personne d’importance historique nationale.

Demasduwit

Jeunesse et enlèvement

Demasduit était une Béothuk, un peuple autochtone qui occupait traditionnellement l’île de Terre-Neuve. En mars 1819, elle est capturée par des Européens au cours d’une expédition à Red Indian Lake. La nièce de Demasduit, Shawnadithit, assiste à l’événement et dressera plus tard une carte indiquant le lieu où l’enlèvement de sa tante s’est déroulé. Lorsque le mari de Demasduit, le chef Béothuk Nonosabasut (Nonosbawsut) se présente pour la secourir, il est tué par des colons. L’enfant nouveau-né de Demasduit et Nonosabasut meurt peu après cette tragique altercation.

Préservation de la langue Béothuk

Demasduit est amenée à Twillingate et confiée aux soins du missionnaire anglican John Leigh. Avec son aide, John Leigh rédige un lexique de la langue Béothuk. Il contient 180 mots.

Deux autres femmes Béothuk jouent un rôle important pour la préservation de la langue Béothuk. Oubee, une fille enlevée par les Anglais dans sa maison près de Charles Brook en 1791, note la traduction de 111 mots Béothuk. Shawnadithit, qui est confiée au naturaliste et marchand écossais William Cormack en 1828, rédige aussi une liste de mots Béothuk. En outre, elle dresse un carte du territoire Béothuk et des croquis de la culture matérielle des Béothuks. (Voir aussi Langues autochtones au Canada et Territoire autochtone.)

Décès

Peu après son enlèvement en 1819, Demasduit est amenée à St John’s. Des Européens tentent sans succès de la ramener auprès de son peuple. Elle est incapable de retrouver une famille survivante.

Demasduit est probablement morte de tuberculose. Son corps est ramené à Red Indian Lake en février 1820 par un groupe dirigé par l’officier naval David Buchan.

Le saviez-vous?
Si on a affirmé que le peuple Béothuk est aujourd’hui disparu, ce fait est contesté par la tradition orale micmaque. Selon l’histoire orale autochtone, les Béothuk se sont métissés avec d’autres nations autochtones du continent après avoir été chassés de leurs territoires côtiers par les colons. Selon cette version de l’histoire, les descendants des Béothuk vivent aujourd’hui dans d’autres communautés autochtones.


Rapatriement des restes

En 1827, William Cormack découvre le corps de Demasduit, allongé côte à côte auprès de celui de Nonosabasut, dans une sépulture surélevée érigée par les Béothuk. William Cormack s’empare des crânes et les envoie à Edinburgh, en Écosse, où ils se retrouvent dans la collection du Musée National d’Écosse.

En 2015, le Chef Mi’sel Joe, de la Première Nation Miawpukek de Conne River, entreprend une démarche pour rapatrier les restes. Mi’sel Joe se rend en Écosse pour voir les dépouilles et effectue pour le peuple Béothuk une cérémonie de foin d’odeur, un rituel de purification qui a pour but de chasser les pensées et sentiments négatifs. En février 2016, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Dwight Ball, écrit officiellement aux Musées nationaux d’Écosse pour demander le retour des restes Béothuk au Canada. Cette démarche est suivie par une demande similaire, en novembre 2017, de la ministre fédérale du Patrimoine canadien, Mélanie Joly. En janvier 2019, Gordon Rintoul, directeur des Musées nationaux d’Écosse, annonce qu’une entente a été conclue avec les autorités canadiennes afin d’assurer le retour des restes au Canada. Après de nombreuses démarches, les restes sont ramenés à Terre-Neuve en 2020.

Le chef Mi’sel Joe croit que le rapatriement des restes de Demasduit et Nonosabasut contribueront à atténuer les « pages noires » de l’histoire de Terre-Neuve. Autrefois, le programme d’enseignement de Terre-Neuve attribuait au peuple micmac la responsabilité de l’extinction des Béothuk, les accusant d’avoir exterminé les Béothuk à la demande des Français. Le rapatriement, croit le chef Mi’sel Joe, pourrait conduire à un chapitre de réconciliation pour les peuples autochtones et non autochtones de Terre-Neuve-et-Labrador.

Postérité

Le lexique de la langue Béothuk rédigé par Demasduit a contribué à préserver la culture de son peuple. En 2007, elle a été reconnue par le gouvernement du Canada en tant que personne d’importance historique nationale.

Le musée provincial Mary March, à Grand Falls-Windsor, Terre-Neuve, a été baptisé en son honneur, utilisant son nom anglais. En 2022, le musée a été rebaptisé Musée régional Demasduit. Ce changement a été effectué par respect à l’égard de Demasduit et des Béothuk et se veut une étape vers la réconciliation.