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Édition de langue française, petites maisons d'

Les petites maisons d'édition de langue française sont associées de près à l'éclosion et à la croissance d'une littérature québécoise distincte.

Édition de langue française, petites maisons d'

Les petites maisons d'édition de langue française sont associées de près à l'éclosion et à la croissance d'une littérature québécoise distincte. En marge des grandes maisons d'édition, qui dépendent du marché de l'éducation, elles publient et assure la survie d'un certain type de matériel et d'idées plus marginal. Toujours à contre-courant, elles font office de laboratoire expérimental. L'une des plus anciennes maisons d'édition, La Maison Déom (1895), joue un rôle considérable dans la publication de la poésie québécoise.

Pendant la crise économique des années 30, la concentration du marché entre les mains des institutions d'enseignement décourage les éditeurs parce qu'elle élimine la compétition et, de ce fait, la diversité. Cette époque voit naître de nouvelles maisons d'édition, dont la survie dépend de leur liens avec des regroupements, des associations, voire des magazines. Par exemple, les Éditions du Totem sont associées aux éditions Les Idées, d'Albert Pelletier, et Les Éditions de l'Arbre, à La Nouvelle Relève. Les magazines garantissent une diffusion que les librairies locales, peu nombreuses, ne peuvent assurer. En vérité, on peut affirmer que la littérature québécoise est née dans ces petites maisons d'édition, qui ne dépendent ni de l'Église ni des institutions scolaires.

Les petites maisons d'édition telles que nous les connaissons aujourd'hui n'apparaissent qu'après la Deuxième Guerre mondiale. La crise subie par l'édition québécoise en 1947 force la fermeture de nombreuses maisons commerciales et provoque l'arrivée de maisons françaises désireuses de s'établir sur un territoire qu'elles considèrent d'abord comme un marché pour leurs livres. Coincée entre les éditeurs français et la presse religieuse, l'édition indépendante québécoise disparaît presque complètement.

À la fin des années 40 et au début des années 50, apparaît un cercle d'intellectuels, pour qui l'édition sert également de mouvement littéraire. On peut retracer toute l'histoire de la poésie au Québec dans ces publications, où le poète est aussi, parfois, le typographe (Roland GIGUÈRE aux Éditions Erta), dont le tirage est souvent très bas (75 ou 100 exemplaires) et dont la diffusion se fait par abonnement, comme au XIXe siècle : Erta, 1949; L'Hexagone, 1953; Les Éditions de Malte, 1954; et Les Éditions d'Orphée, 1955.

Après 1960, les petites maisons d'édition s'associent plutôt aux mouvements politiques (Les Éditions coopératives Albert Saint-Martin) ou féministe (Les Éditions du Remue-Ménage et Les Éditions de la Pleine Lune). Les magazines de poésie publient aussi des oeuvres d'auteurs qui peuvent devenir des livres : par exemple, Les Herbes rouges et La Nouvelle Barre du Jour. D'autres maisons d'édition se spécialisent dans la littérature pour les minorités ethniques (Guernica) ou dans la littérature régionale (Les Éditions du Royaume). La plupart de ces maisons d'édition sont largement subventionnées.

Bien que certaines soient devenues, au fil des ans, de véritables institutions (L'Hexagone), la plupart ne vivent que peu de temps, mais assez longtemps pour mener à bien le projet pour lequel elles ont été fondés ou pour épuiser leurs ressources. Parmi celles qui restent figurent les éditions: de l'Instant même (1985) avec son fonds de recueils de nouvelles; du Septentrion (1988) et ses ouvrages d'histoire; Note bene (1998) et ses essais littéraires; Liber (1990) avec des essais et des livres de réflexion; Balzac (1991) et ses écrits polémiques; Écosociété (1992) et ses ouvrages critiques sur les grands problèmes actuels; Les Intouchables (1993) et sa littérature engagée; Lanctôt éditeur (1996) et sa littérature générale; Alire (1998) et sa littérature de science-fiction et de fantastique; Les 400 coups (1993), Soulières, éditeur (1996) avec la littérature jeunesse.