Edward Mitchell Bannister, artiste, abolitionniste (né en novembre 1828 à St. Andrews au Nouveau-Brunswick; décédé le 9 janvier 1901, à Providence dans le Rhode Island). Edward Bannister a été le premier peintre noir à remporter un important prix d’art et à être largement reconnu aux États-Unis.
Jeunesse
Edward Mitchell Bannister naît à St. Andrews au Nouveau-Brunswick en 1828. Son père est un Noir originaire de la Barbade. L’identité raciale de sa mère est inconnue, mais au moins une source suggère qu’elle aurait été une Noire libre. Le père d’Edward Bannister meurt alors qu’il n’a que trois ou quatre ans. Sa mère, Hannah Alexander Bannister, meurt en 1844. Edward Bannister vit alors en famille d’accueil chez le juge et marchand blanc Harris Hatch. Il est possible que la mère ou la grand-mère d’Edward Bannister ait été cuisinière et gouvernante pour les Hatches. Edward Bannister travaille en mer avant de déménager à Boston en 1848. À Boston, il occupe quelques petits emplois avant de devenir barbier et d’apprendre à peindre.
Débuts de carrière artistique
Edward Bannister dessine déjà à l’âge de 10 ans et plus tard, il attribue à sa mère le mérite d’avoir nourri ses premiers efforts artistiques. Il s’inscrit au Lowell Institute de Boston et suit le cours de dessin du soir du célèbre sculpteur et anatomiste, docteur William Rimmer. Peu de temps après, Edward Bannister obtient un espace dans le Boston Studio Building pour pratiquer son art.
Peu des premières peintures d’Edward Bannister à Boston survivent, alors les historiens de l’art ne peuvent pas évaluer pleinement son style à cette époque. Ils supposent qu’il voit et est influencé par les peintures de William Morris Hunt, qui a étudié en Europe et organise plusieurs expositions à Boston dans les années 1860. William Morris Hunt peint dans le style français de l’école de Barbizon avec de simples scènes rustiques et pastorales.
Mariage et activisme
Le 10 juin 1857, Edward Bannister épouse Christiana Babcock, une perruquière et coiffeuse qu’il rencontre dans une troupe de théâtre. Christiana, qui est de 10 ans son aînée, est une Autochone américaine de Narragansett qui a possiblement également une ascendance noire. Edward Bannister obtient un emploi de barbier dans un salon dont Christiana est propriétaire, l’un des salons de coiffure faisant partie d’une chaine sous le nom de Madame Carteaux. Le couple n’a pas d’enfants.
Dans les années 1850 et 1860, les Bannister participent au mouvement abolitionniste de Boston. À l’époque, l’esclavage est toujours légal dans plusieurs États et la société est marquée par la ségrégation raciale. Parmi les collègues d’Edward Bannister figurent plusieurs abolitionnistes noirs de premier plan, et Edward Bannister est responsable de deux organismes abolitionnistes. Il ajoute son nom aux pétitions antiesclavagistes et il est délégué à deux conventions Coloured Citizens de la Nouvelle-Angleterre. Vers 1870, le couple déménage à Providence dans le Rhode Island.
Carrière artistique ultérieure
En 1867, Edward Bannister lit un article dans le New York Herald qui le pousse à exceller en tant qu’artiste. « L’homme noir semble apprécier l’art », dénote l’article, « tout en étant manifestement incapable de le produire ». En 1876, l’une des peintures d’Edward Bannister est acceptée à la Philadelphia Centennial Exposition, la première exposition universelle des États-Unis. Sa toile « Under the Oaks » (maintenant perdue) reçoit la médaille du premier prix, mais lorsque les juges découvrent qu’Edward Bannister est noir, ils veulent revenir sur leur décision. Toutefois, ils cèdent lorsque des concurrents blancs apportent leur soutien à l’attribution du prix à Edward Bannister. Après ce succès, sa réputation grandit. Il reçoit plusieurs commandes, ce qui lui permet de se consacrer à plein temps à la peinture.
La plupart des tableaux d’Edward Bannister sont des paysages de scènes de campagne tranquilles qui comprennent des images centrales comme des chalets, des châteaux, du bétail, des aubes, des couchers de soleil et des étangs ou des petits lacs. Il utilise des couleurs sombres et dépeint la nature comme une puissance calme et soumise plutôt que dominante. Edward Bannister peint également des portraits, des études de personnages, des scènes religieuses, des paysages marins et des natures mortes.
Bien qu’Edward Bannister peigne parfois à l’aquarelle, il utilise principalement des huiles pour une technique de peinture connue sous le nom « impasto » (« mélange » en italien). Avec la technique impasto, la peinture est appliquée en couche épaisse sur une surface, de sorte que les marques de pinceau et de couteau à palette restent visibles dans le tableau terminé.
Bien que l’influence de William Morris Hunt soit évidente dans ses premières peintures, Edward Bannister développe progressivement son propre style. Il passe du style impasto lourd avec peu de détails à un impasto plus doux en utilisant les techniques impressionnistes qui apparaissent à Paris dans les années 1860. L’impressionnisme met l’accent sur les effets de lumière sur une scène, que ses adeptes tentent d’imiter en peignant rapidement en plein air plutôt qu’en studio. Les artistes utilisent de rapides coups de pinceau fractionnés en tampons distincts pour tenter de capturer la qualité éphémère de la lumière.
Le saviez-vous?
L’impressionnisme a été développé par Claude Monet et d’autres artistes basés à Paris, où ils ont exposé leurs œuvres pour la première fois en 1874. Les critiques d’art ont exprimé leur mépris à l’égard de ce nouveau style, en soulignant notamment leur dédain pour la toile « Impression, soleil levant » de Claude Monet. Cette toile que les critiques ont voulu ridiculiser a en fait inspiré le nom de ce nouveau mouvement.
Au cours des années 1870 et 1880, Edward Bannister devient l’un des principaux artistes de Providence. En raison de sa mauvaise santé, sa production baisse dans les années 1890, et plus tard dans sa vie, il souffre de démence. Il meurt d’une crise cardiaque en 1901 alors qu’il assiste à une réunion de prière du soir à l’église baptiste d’Elmwood Avenue.
Reconnaissance
Peu de temps après son décès, les amis d’Edward Bannister organisent une exposition commémorative de 101 tableaux au Providence Art Club. L’exposition mentionne qu’Edward Bannister est « un peintre paysagiste par excellence, et le meilleur que notre État ait produit ».
Ces mêmes amis érigent un bloc de granit de trois mètres de haut sur sa tombe dans le cimetière North Burial Ground à Providence. Ce monument commémoratif présente deux plaques de bronze. L’une représente une palette d’artiste avec le nom d’Edward Bannister et une pipe. L’autre, entourée de feuilles de laurier, porte une inscription qui se lit en partie comme suit : « Cette âme pure et noble… qui tout en dépeignant la nature marchait avec Dieu. »
En septembre 2023, le Providence Art Club dévoile une sculpture grandeur nature d’Edward Bannister. Elle le représente assis sur un banc public face à la rivière Providence et faisant un dessin dans son carnet de croquis.
Legs
En 1880, Edward Bannister cofonde le Providence Art Club, qui existe toujours. Les membres de ce club créent ensuite ce qui devient la Rhode Island School of Design actuelle.
Aujourd’hui, les toiles d’Edward Bannister sont exposées dans plusieurs galeries d’art et musées. Le Smithsonian American Art Museum de Washington DC. possède la plus vaste collection de ses œuvres.