Frances Elaine Keillor, C.M., pianiste, musicologue, enseignante (née le 2 septembre 1939 à London, en Ontario). Pianiste de concert, dans les années 1950 et 1960, Elaine Keillor s’est fait connaître pour ses interprétations et sa promotion de la musique écrite par des compositeurs canadiens, particulièrement des femmes. Elle a été ensuite la première femme à obtenir un doctorat en musicologie de l’Université de Toronto, se spécialisant en ethnomusicologie. Elle a enseigné pendant plusieurs années à l’Université Carleton, où elle était responsable du programme de musique canadienne et des premiers cours sur la musique autochtone de l’école. Contributrice prolifique de l’Encyclopédie de la musique au Canada, elle a aussi siégé au comité éditorial du Journal of the Canadian Folk Music Society. En outre, elle a été représentante de la Société de musique des universités canadiennes, présidente de la Société pour le patrimoine musical canadien et représentante de la Fédération canadienne des sciences humaines et sociales.
Jeunesse et formation
Elaine Keillor étudie le piano dès son enfance auprès de sa mère, Lenore Stevens Keillor. Elle étudie ensuite occasionnellement avec Reginald Bedford, Claudio Arrau (cours de maître à Stratford, Ontario, en 1956) et Harold Craxton (à Londres, Angleterre, probablement en 1959 et 1962). Enfant prodige, Elaine remporte des prix au festival Kiwanis et au Festival de musique de Stratford à l’âge de cinq ans (voir aussi Musique à Stratford). À 11 ans, elle devient la plus jeune membre agrégée du Royal Conservatory of Music de Toronto de l’histoire de l’institution, un record qu’elle détient jusqu’en 2013. Aussi à 11 ans, elle entreprend sa carrière professionnelle de pianiste de récital et de concert. Elle travaille également à l’occasion comme organiste d’église de 1953 jusqu’aux années 1970.
En 1958, Elaine Keillor remporte la médaille Chappell, accordée par la maison d’édition musicale Chappell à un pianiste exceptionnel du Commonwealth.
Carrière d’interprète
Elaine Keillor se produit avec des orchestres dans le Sud de l’Ontario et à Buffalo, interprétant des concertos de Bach, Schumann, Rachmaninoff, Tchaikovsky et autres. Elle fait des tournées canadiennes d’un océan à l’autre en 1959 et 1960, donnant plus de 100 récitals. À la fin des années 1950 et au début des années 1960, elle donne des récitals solo et se produit comme soliste avec des orchestres aux États-Unis, en Union soviétique, en Allemagne et ailleurs en Europe. Elle apparaît aussi à la radio et la télévision de CBC et NBC.
Après qu’elle se soit blessée à la main, on recommande à Elaine Keillor d’interrompre ses représentations et ses tournées. Elle entreprend alors des études en musicologie, avant de reprendre sa carrière d’interprète parallèlement à sa carrière universitaire. Après les années 1970, elle donne des récitals solo, le plus souvent à Ottawa et Toronto, mais aussi à Québec, Montréal et Winnipeg. Elle donne également un récital remarquable à Carnegie Hall en 1983. Elle est aussi active comme chambriste, jouant en duo avec la pianiste Christina Petrowska Quilico et plusieurs interprètes et ensembles de musique de chambre.
Elaine Keillor joue dans des événements comme l’année des peuples autochtones (1993), le Festival international de musique de chambre d’Ottawa, le Music by Women Festival (2002) et l’International Piano Conference (Ottawa, 2010). Occasionnellement, elle anime des démonstrations d’instruments d’époque (clavecin, piano-forte et piano-forte ancien).
Infatigable promotrice de la musique canadienne et des femmes compositrices, Elaine Keillor a interprété pour la première fois des œuvres de nombreux Canadiens dont Patrick Cardy, Nicole Carignan, Clifford Ford, Vivian Fung, Mary Gardiner, Peter Paul Koprowski, Alexina Louie, Elma Miller, Mark Mitchell, Jean Papineau-Couture et John Weinzweig.
Le critique Charles Pope décrit Elaine Keillor comme « finement talentueuse et véritablement dévouée […] une pianiste chaleureuse et brillante. » Elle chante aussi dans le prestigieux Ottawa Bach Choir.
Enregistrements
Elaine Keillor a réalisé plus d’une vingtaine d’enregistrements pour plusieurs maisons de disques dont Carleton Sound, Centredisques, Naxos, Marquis, Gala et Conservatory Canada.
Carrière de musicologue et d’enseignante
Elaine Keillor obtient son bac de l’Université de Toronto en 1970, sa maîtrise en 1971 et son doctorat en 1976. Elle est la première femme à obtenir un doctorat en musicologie de l’Université de Toronto. Elle enseigne à l’Université York de 1975 à 1976 et à l’Université Queen’s de 1976 à 1977. En 1977, elle se joint à la faculté de musique de l’Université Carleton et y demeure tout au long de sa carrière universitaire (à l’exception d’un bref séjour à l’Université McMaster en 1984). Elle se spécialise en musicologie et ethnomusicologie. Elle est responsable du programme de musique canadienne de l’Université Carleton et contribue, en 1980, à mettre sur pied les premiers cours de l’école sur la musique autochtone (voir aussi Musique à l’Université Carleton). En 2005, elle est nommée professeure émérite distinguée de l’Université Carleton.
Elaine Keillor entreprend des recherches liées à la vie musicale canadienne de la fin du 19e siècle et du 20e siècle. En tant que principale chercheuse de la Société pour le patrimoine musical canadien, elle édite des volumes de musique canadienne pour piano et orchestre pour sa série Le Patrimoine musical canadien. Elle apporte aussi une contribution prolifique à l’Encyclopédie de la musique au Canada, à The New Grove Dictionary of Music and Musicians, à la Garland Encyclopedia of World Music et à la Continuum Encyclopedia of Popular Music of the World.
Elaine Keillor a beaucoup publié et donné des conférences sur la musique des peuples autochtones de l’Amérique du Nord, particulièrement celle des Premières Nations du Canada (voir La musique autochtone au Canada). Elle a mené d’importantes recherches musicologiques sur les peuples autochtones des Territoires-du-Nord-Ouest et du Nord du Québec. Elle a créé une série de sites web éducatifs sur la musique et la danse autochtones, et elle a donné une série de conférences au Royaume-Uni en 2016.
Participation à des organisations
Elaine Keillor a été membre du conseil de l’American Musicological Society de 1992 à 1996 et de la Society for Ethnomusicology de 1995 à 1997. Elle a aussi été représentante pour la Société de musique des universités canadiennes de 1994 à 1999. Elle est devenue présidente de la Société pour le patrimoine musical canadien en 2000 et a siégé aux comités éditoriaux du Journal of the Canadian Folk Music Society (2004 à 2010) et de MUSICultures, et a été représentante de la Fédération canadienne des sciences humaines et sociales de 1994 à 1999, et à nouveau en 2003.
Prix
- Médailles d’argent, piano et violon, Toronto Conservatory of Music (aujourd’hui Conservatoire royal de musique)
- Médaille Chappell, Chappell International Music Publishers (1958)
- Prix du mérite, Faculté des Arts, Université Carleton (1981)
- Première récipiendaire du Canadian Women’s Mentor Award (catégorie arts et culture) (1999)
- Prix d’excellence en enseignement, Ontario Registered Music Teachers’ Association (2000)
- Prix Helmut Kallmann pour services distingués, Association canadienne des bibliothèques musicales, archives et centres de documentation (2004)
- Ambassadrice, Centre de musique canadienne (2009)
- Membre honoraire à vie, Société de musique des universités canadiennes (2009)
- Prix de la Fondation SOCAN / MUSCAN pour l’avancement de la recherche en musique canadienne (2013)
- Membre, Ordre du Canada (2016)
- Doctorat honorifique en musique, Université Carleton (2016)
Écrits choisis
Articles
- « La naissance d’un genre musical nouveau, fusion du traditionnel et du “country” », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 18, hiver 1988-1989.
- « Chanson de Riel : A musical rubbaboo », Les Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique, 2, 1998.
- « Le rababou au Québec : passé, présent et futur (essai sur la culture musicale québécoise) », Les Cahiers de La Société québécoise de recherche en musique, vol 10, nº 1, 2008.
(Ainsi que de nombreux autres articles.)
Discographie choisie
- Piano Music by Torontonians 1834–1984, 1984, World WRC1-3315.
- Piano Pieces of Barbara Pentland, 1997, Musicworks.
- Views of the Piano Sonata, 1997, Carleton Sound CD-1002.
- A Long Time Ago Into The Future, 1998, Furiant CD-453.
- By a Canadian Lady: Piano Music 1841–1997, 2000, Carleton Sound CD-1006.
- Canadians at the Keyboard, 2000, Carleton Sound CD-1008.
- Canadian Sounds, 2001, Carleton Sound CD-1007.
- Romance: Early Canadian Chamber Music, 2002, Carleton Sound CD-1009.
- The Music of Mary Gardiner, 2002, Conservatory Canada.
- Musique: Songs for Parlour and Stage, 2006, Gloria Jean Nagy, soprano, et Joan Harrison, violoncelle, Carleton Sound CD-1011.
- Ballade of the North: Canadian Women Composers, 2011, Ralitsa Tcholakova, violon, et Rebecca Danard, clarinette, Ars Universalis.
- To Music: Canadian Song Cycles, 2009, Wanda Procyshyn, soprano, Carleton Sound CD-1013.
- Sounds of North: Two Centuries of Canadian Piano Music, 2012, Gala Records GAL-108 (ensemble de 4CD).
- When Music Sounds, 2014, Joan Harrison, violoncelle, Naxos.
- Poetic Sketches, 2015, Centredisques.