Baronne Elizabet von Rummel (nom anglicisé en Elizabeth Rummel, également connue sous le nom de « Lizzie »), C.M., propriétaire d’un chalet d’hébergement en montagne, alpiniste (née le 19 février 1897, à Munich, en Allemagne; décédée le 10 octobre 1980, à Canmore, en Alberta). Après une jeunesse privilégiée en Europe, Elizabeth Rummel s’est installée, avec sa famille, dans un ranch, en Alberta, pendant la Première Guerre mondiale. À 41 ans, elle s’est lancée à son compte, travaillant et gérant des chalets touristiques dans les Rocheuses. En 1951, elle a ouvert son propre centre d’hébergement en montagne, pour les touristes et les grimpeurs, sur les rives du lac Sunburst, au nord du mont Assiniboine. Elle était une personnalité renommée des Rocheuses, connue pour partager son amour et sa connaissance de la région avec des invités du monde entier. Elle a été intronisée membre de l’Ordre du Canada pour son travail dans les montagnes.
Jeunesse
La baronne Elizabet von Rummel est l’aînée de trois sœurs, nées dans une famille aristocratique allemande. Plus tard, alors qu’elle vit au Canada, elle anglicise son nom en Elizabeth Rummel et sera également connue sous le surnom de « Lizzie ». Son père est le baron Gustav von Rummel, officier de l’armée et acteur, tandis que sa mère, fille d’un riche éditeur de magazines et de journaux, se nomme Elisabet (ou Elsa) Hirth. La jeune Elizabet grandit dans divers cercles aristocratiques en Europe.
Élevage au Canada
En 1911, Elizabeth Rummel et sa famille visitent le Canada pour la première fois. Sa mère achète un ranch à Millarville, en Alberta, au sud‑ouest de Calgary, où la famille assiste au premier Stampede de Calgary pendant l’été 1912. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les von Rummel se trouvent en Alberta et, devant l’impossibilité de revenir en Allemagne, sont contraints de rester au ranch. Incapables d’accéder à leurs ressources financières en Allemagne, ils se voient dans l’obligation de transformer ce qui avait été un ranch de villégiature en une véritable exploitation permettant de subvenir aux besoins de la famille. Alors qu’en Europe ils se reposaient sur leur personnel de maison, ils doivent désormais apprendre à gérer les tâches ménagères, tout en exploitant le ranch. Elizabeth et ses sœurs s’adaptent parfaitement à cette nouvelle situation et finissent par aimer leur vie au ranch, au point que la famille décide de s’y installer définitivement après la guerre, les filles effectuant des voyages d’été annuels dans les Rocheuses, une région qui va désormais jouer un rôle prépondérant dans la vie d’Elizabeth.
Travail dans les Rocheuses
Les deux sœurs d’Elizabeth Rummel épousent des éleveurs locaux, tandis qu’elle‑même, célibataire à 41 ans, s’engage dans une voie différente. En 1938, elle s’installe seule à Banff et trouve du travail dans les secteurs du ski et du tourisme dans l’arrière‑pays. Elle travaille comme femme de chambre, hôtesse et guide au chalet du mont Assiniboine, avant de devenir gérante de l’auberge de ski Skoki, au parc national Banff, en 1943. En quelques années, elle se voit aussi confier la supervision du chalet Temple et du pavillon de ski du lac Louise.
Alors qu’elle travaille dans les Rocheuses, Elizabeth Rummel s’entraîne au ski en hiver et devient finalement guide de ski agréée. Elle pratique également activement l’alpinisme et est membre du Club alpin du Canada.
Camp du lac Sunburst
En 1950, Elizabeth Rummel décide de réaliser son rêve d’exploiter un camp touristique. Elle encaisse sa police d’assurance‑vie, vend son bétail et achète une cabane située sur les rives du lac Sunburst, juste au nord du mont Assiniboine. Le camp est accessible après un trajet en voiture d’environ 40 km depuis Canmore, suivi d’une randonnée pédestre ou équestre d’environ 20 km. Elle y accueille jusqu’à dix visiteurs à la fois dans des cabanes à ossature en bois, préparant les repas de ses invités, les guidant dans des activités comme l’escalade et la pêche et leur offrant des séances de récits.
Au cours des premières années d’exploitation du camp, Elizabeth Rummel passe ses hivers à travailler dans un café à Vancouver; toutefois, le succès venu, elle peut passer l’hiver à Banff. S’il est vrai que cette activité ne lui a jamais rapporté beaucoup d’argent, elle lui voue une véritable passion.
Elizabeth Rummel offre souvent l’hébergement à de jeunes alpinistes, en échange d’une aide pour des petits boulots autour du camp. L’un d’entre eux, un jeune immigrant autrichien nommé Hans Gmoser, deviendra le pionnier de l’industrie de l’héliski au Canada.
À Sunburst Lake, Lizzie était complètement chez elle. Elle ne faisait qu’un avec les arbres, les fleurs et les cerfs qui venaient lui rendre visite. En hiver, elle aimait la neige qui recouvrait presque sa cabane et elle aimait glisser à skis à travers les mélèzes et sur les collines qui l’entouraient. Je pense qu’il y a rarement eu une situation où une personne faisait autant partie d’un lieu. D’une certaine manière, elle ressemblait au mont Assiniboine lui‑même. Elle se démarquait de son entourage, non pas comme une figure dominante, mais par la qualité de son esprit. – Alpiniste et pionnier d’héliski Hans Gmoser à propos d’Elizabeth Rummel
Le camp d’Elizabeth Rummel attire des clients fidèles, de tous les horizons, venus du monde entier. Dans les Rocheuses, elle est un personnage aimé et célèbre, célèbre pour ses talents d’alpiniste, pour sa connaissance de la flore, de la faune et des sentiers de montagne de la région et pour son hospitalité. Passionnée par les Rocheuses, elle partage son amour de la région avec tous celles et ceux qu’elle rencontre.
En 1970, l’aggravation de son arthrite contraint Elizabeth Rummel à vendre son camp au gouvernement de la Colombie‑Britannique. Aujourd’hui, sa cabane est conservée, en tant que site historique, dans le parc provincial du mont Assiniboine.
Héritage et distinctions
De 1966 à 1980, Elizabeth Rummel contribue à préserver l’histoire des Rocheuses en réalisant des entrevues au cours desquelles elle recueille les témoignages historiques de pionniers de l’alpinisme pour les Archives des Rocheuses canadiennes (qui font maintenant partie du Whyte Museum of the Canadian Rockies).
En 1980, Elizabeth Rummel est intronisée membre de l’Ordre du Canada, pour « avoir enrichi son pays en partageant son amour profond des montagnes Rocheuses avec toutes celles et tous ceux qui l’ont rencontrée. » Elle décède quelques mois plus tard, le 10 octobre 1980.
Le lac Elizabeth, le lac Rummel, le col Rummel et le ruisseau Rummel dans les Rocheuses portent son nom. Une rue et une école primaire de Canmore ont été nommées en son honneur.