Emmanuel-Persillier Lachapelle

Jeunesse et formation

L’ancêtre d’Emmanuel-Persillier Lachapelle, Étienne Persillier, dit Lachapelle, venait du Périgord en France. Il s’installe en Nouvelle-France en 1685. Son père, Pierre Persillier, dit Lachapelle, fut négociant, gentilhomme campagnard et maire. Emmanuel-Persillier Lachapelle fait ses études classiques au petit séminaire de Montréal et son cours de médecine à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal, une école alors rattachée au Victoria College de Cobourg, en Ontario (lequel s’affiliera à l’Université de Toronto en 1890). Il faut se rappeler que l’Université de Montréal ne verra le jour qu’en 1878 (et n’en portera le nom qu’en 1919). En effet, l’enseignement universitaire francophone est alors l’apanage de l’Université Laval et d’autres institutions, notamment l’École de médecine et de chirurgie de Montréal. Les études universitaires à Montréal se faisaient en effet dans des facultés succursales de l’Université Laval à Montréal. D’ailleurs, l’Université Laval luttera bec et ongles pour conserver cette hégémonie. Dans la lutte qui opposera l’École de médecine et de chirurgie de Montréal et l’Université Laval concernant l’établissement d’une faculté de médecine à Montréal, le docteur Emmanuel-Persiller Lachapelle choisit d’enseigner à cette nouvelle succursale de l’Université Laval en 1878. (Voir aussi Formation médicale.)

Débuts à l’Hôtel-Dieu de Montréal

En 1869, le Dr Emmanuel-Persillier Lachapelle, fraîchement diplômé en médecine commence sa pratique à l’Hôtel-Dieu de Montréal et devient l’associé du président de l’École de médecine et de chirurgie de Montréal (voir Hôtel-Dieu). Après deux ans de pratique médicale, Emmanuel-Persillier Lachapelle établit avec d’autres médecins la Société médicale de Montréal, laquelle fonde la revue L’Union médicale du Canada, dont le premier numéro paraîtra le 1^er janvier 1872. Le docteur Lachapelle en fut le rédacteur en chef de 1876 à 1877, puis membre du comité de rédaction de 1878 à 1882.

En plus de ses activités médicales et journalistiques, Emmanuel-Persillier Lachapelle touchera aussi à la politique. Ainsi en 1873, il appuie la candidature de Louis Riel à l’élection partielle fédérale dans la circonscription de Provencher au Manitoba.

Fondation de l’Hôpital Notre-Dame de Montréal

De 1878 à 1891, Emmanuel-Persillier Lachapelle occupe le poste de secrétaire de la faculté de médecine à l’Université Laval à Montréal (voir Université de Montréal). Il y enseigne aussi la pathologie générale et la physiologie dès 1879 à 1880. Fort de ses expériences comme médecin, secrétaire, professeur et fondateur de la Société médicale de Montréal et de la revue L’Union médicale du Canada, il réalise un rêve qu’il caresse particulièrement : la fondation d’un hôpital de type universitaire. Il devient ainsi, en 1880, l’un des membres fondateurs de l’Hôpital Notre-Dame de Montréal. Il obtient la collaboration du curé sulpicien Benjamin-Victor Rousselot de la paroisse Notre-Dame (qui souhaite voir l’hôpital s’établir dans sa paroisse), ainsi que celle de mère Julie Haineault-Deschamps de la congrégation des Sœurs de la Charité (voir Sœurs grises). L’Hôpital Notre-Dame de Montréal sera le premier hôpital laïque francophone (voir Laïcité au Québec). Les médecins s’occuperont de la gestion médicale et de l’enseignement universitaire tandis que les Sœurs de la Charité prendront en charge les soins des malades ainsi que la gestion et l’organisation interne de l’hôpital. Emmanuel-Persillier Lachapelle sera l’âme dirigeante de ce grand hôpital durant toute sa vie.

En 1888-1889, il enseigne la médecine légale ainsi que la pathologie comparée à l’École vétérinaire française de Montréal nouvellement fondée (1886). (Voir aussi Formation médicale.)

En santé publique

Dès les débuts de l’Hôpital Notre-Dame, Emmanuel-Persillier Lachapelle attribue à cet hôpital une mission de protection de la santé; il s’illustrera dans les domaines de la prévention et de la santé publique. En 1887, il devient président du Conseil d’hygiène de la province de Québec, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort. En 1902, il devient l’un des fondateurs de la Ligue antituberculeuse de Montréal (voir Tuberculose). Il joue un rôle prépondérant comme partisan de l’intervention de l’État pour appliquer les mesures sanitaires d’isolement et de désinfection, réglementer le commerce des aliments, de la viande et du lait, et fournir les prescriptions d’hygiène scolaire.

Un médecin avant tout

En plus de son engagement professoral, humanitaire et social, Emmanuel-Persillier Lachapelle a toujours eu à cœur la profession médicale. En 1877, à peine huit ans après l’obtention de son diplôme de médecin, il devient membre du conseil d’administration du Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec; il en sera président de 1898 à 1907. Fidèle à ses idéaux politiques, Emmanuel-Persillier Lachapelle devient en 1887 président général de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal (voir Société Saint-Jean-Baptiste).

Emmanuel-Persillier Lachapelle décède après une vie pour le moins bien remplie le 1^er août 1918. Il est demeuré célibataire, sans doute pour pouvoir consacrer tout son temps à sa vocation, comme il était fréquent à l’époque.

Héritage et reconnaissance publique

En considération de son grand engagement envers la santé publique, le gouvernement du Québec a créé les prix Reconnaissance de carrière Persillier-Lachapelle qui rendent hommage à des personnes ayant œuvré à l’amélioration des services de santé et des services sociaux.

En 1980, Postes Canada a émis un timbre en l’honneur d’Emmanuel-Persillier Lachapelle.