Les externats indiens étaient des établissements d’enseignement pratiquant la ségrégation raciale qui étaient exploités au Canada de la fin du 19e siècle jusqu’en 2000 (voir Ségrégation raciale des Autochtones au Canada). Ces écoles visaient à assimiler les enfants autochtones dans la société canadienne dominante en éradiquant leurs pratiques culturelles, leurs langues et leurs traditions. Plus de 150 000 élèves autochtones ont fréquenté ces institutions. Le système d’externats était étroitement relié au système plus vaste des pensionnats indiens. Cependant, il existe des distinctions importantes entre les deux, notamment le fait que les élèves étaient éduqués dans leurs propres communautés et qu’ils retournaient à la maison dans leurs familles à la fin de chaque journée. En 2019, une étape importante a été franchie avec le règlement d’un recours collectif de 1,47 milliard de dollars impliquant environ 200 000 survivants. Toutefois, les critiques à l’égard du règlement persistent. Les survivants ont mené des efforts pour soutenir la revitalisation des langues, les initiatives de guérison, les efforts de commémoration et les projets de révélation de la vérité. Leurs efforts reconnaissent le besoin d’une réconciliation et d’une lutte contre les injustices historiques infligées aux communautés autochtones.
Exploitation des externats
Comme dans le cas des pensionnats indiens, les Églises catholique, anglicane, presbytérienne, méthodiste, et plus tard l’Église unie exploitent ces institutions. Le gouvernement fédéral fournit le financement. Au total, plus de 699 externats indiens sont exploités sur presque toutes les réserves autochtones du Canada. La seule exception est la province de Terre-Neuve-et-Labrador.
La progression du système survient à différentes époques tout au long du développement du Canada. Les expériences vécues par les élèves dans les écoles diffèrent selon l’époque où ils les fréquentent. Par exemple, sur l’île de Baffin à Arctic Bay, le premier externat indien protestant n’ouvre ses portes que le 1er septembre 1958. D’autre part, l’histoire de certains externats situés le long de la rive nord du lac Ontario remonte à la fin des années 1700. En 1920, la fréquentation des externats est obligatoire. Les agents des Indiens peuvent retirer les enfants de leurs foyers s’ils ne fréquentent pas l’externat sur une base régulière.
Objectifs et curriculum
L’objectif principal des externats indiens est d’assimiler les enfants autochtones à la culture euro-canadienne en éradiquant leur identité autochtone. Le curriculum de ses écoles est centré sur l’enseignement de l’anglais ou du français, les matières académiques occidentales et les enseignements religieux chrétiens. Les langues autochtones, les pratiques de la culture et les connaissances traditionnelles autochtones sont activement dissuadées ou supprimées. Le but est de créer une société canadienne homogène qui adhère aux normes et valeurs eurocentriques. Alors que l’économie industrielle du Canada se développe, le mandat des écoles change pour se concentrer sur la formation manuelle afin de créer des travailleurs productifs.
Les écoles sont généralement des écoles à classe unique. Plusieurs niveaux sont enseignés en même temps, de manière semblable aux écoles rurales de l’époque. En général, il n’y a pas d’eau courante, il y a un poêle à bois pour se chauffer et les nécessités de base pour l’éducation sont soigneusement surveillées (par exemple, le nombre de craies ou de feuilles). Les écoles disposent d’une liste stricte de manuels qui peuvent être inclus dans l’apprentissage. En règle générale, ils suivent le contenu du curriculum provincial local.
Les salaires des enseignants sont également les plus bas de tous les systèmes d’éducation au pays. Ces postes attirent un large éventail d’enseignants non qualifiés. Les élèves retournent à la maison après les heures de classe. Ceci leur permet de garder un certain degré de lien avec leurs familles et leurs communautés. Cependant, ceci signifie également que les élèves font face à des conflits culturels. Ils doivent naviguer entre leur éducation traditionnelle à la maison et leur éducation d’assimilation reçue à l’école.
Sévices et décès
Des abus physiques, sexuels et culturels généralisés surviennent dans tout le système, et ils ont des répercussions durables sur les communautés autochtones. Dans la Première Nation de Curve Lake, un des survivants se souvient de la sangle, et il dit : « Lorsque je la recevais, je devais me tenir debout devant tout le monde et l’endurer… Et ils essayaient de vous frapper jusqu’à ce que vous soyez en larmes. Et à ce jour, je ne pleure pas. » Sur le territoire mohawk de Kahnawà:ke, un autre survivant se souvient : « Nous étions toujours frappés avec quelque chose, des sangles, des morceaux de bois, des règles, des règles de mesures, des craies qu’on nous lançait, des effaces qu’on nous lançait, et ils nous bousculaient. » Sur la côte Ouest, un survivant de la bande de Gitanyow en Colombie-Britannique dit : « J’ai des lésions nerveuses permanentes dans mon dos à cause de la sangle et du fait que je grimaçais tout le temps. » Selon APTN News, une analyse des registres ne représentant que 14 % du système des externats indiens, soit 46 externats sur un total de 699, a révélé que 200 enfants autochtones sont morts durant leur séjour dans ces écoles. Ceci indique que le montant total des décès dans ces institutions est plausiblement beaucoup plus élevé. Les élèves courent constamment le risque d’attraper la diphtérie, la varicelle, la rougeole, la tuberculose et d’autres maladies respiratoires.
Recours collectif des externats indiens fédéraux
Après avoir été exclus de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006, les survivants des externats indiens à travers le pays organisent un recours collectif contre le gouvernement fédéral. Il est lancé en 2009. En 2019, le gouvernement canadien règle la poursuite avec environ 200 000 survivants du système des externats indiens pour un montant de 1,47 milliard de dollars.
L’indemnisation varie du niveau un (10 000 $ pour avoir fréquenté l’une de ces écoles) jusqu’au niveau cinq (200 000 $ pour abus verbaux, sexuels ou physiques répétés). Pour obtenir les niveaux de compensation les plus élevés, les survivants doivent rédiger leur réclamation. Ceci peut être un processus dommageable et suscitant un déclenchement pour ceux qui vivent avec des blessures à long terme. En juillet 2022, environ 185 000 survivants soumettent une réclamation. Près de 70 % de ces réclamations relèvent du niveau un.
Controverse
Le règlement, plus particulièrement la manière dont il est géré par le gouvernement fédéral et par une firme d’avocats privée, suscite de sévères critiques. Les Six Nations de la rivière Grand comptaient le plus d’externats, soit environ 18. Le chef de Six Nations, Mark Hill, demande une prolongation du processus de règlement à plusieurs reprises pour permettre aux survivants d’avoir le temps de rédiger leur réclamation et de surmonter ce processus.
« La réouverture du règlement des réclamations pour tous les survivants des externats indiens n’est pas un remède pour les sévices infligés, mais elle est la solution la moins perturbante et la plus juste pour une entente de règlement destinée à répondre à certains des abus les plus horribles de l’histoire du Canada. Moins que cela n’est ni juste, ni raisonnable, ni conforme à un esprit de réconciliation. »
- Chef Mark Hill
Il porte cette affaire devant la Cour suprême du Canada. En 2023, la Cour fédérale rejette la requête visant à prolonger la date limite des réclamations.
Dans le cadre de l’entente de règlement, les survivants lancent la McLean Day Schools Settlement Corporation (MDSSC). Cette société est chargée d’administrer un fonds de legs de 200 millions de dollars provenant du règlement de 1,47 milliard de dollars, destiné à soutenir des projets sur « la langue et la culture, la guérison et le bien-être, la commémoration et la révélation de la vérité ». La révélation de la vérité demeure un défi car les organismes religieux sont réticents à fournir un accès complet à leurs archives.