Felicitas Svejda, rosiériste, fonctionnaire, généticienne (née le 8 novembre 1920 à Vienne, en Autriche; décédée le 19 janvier 2016 à Ottawa, en Ontario). Felicitas Svejda est l’une des spécialistes d’hybridation des roses les plus reconnues au Canada. Elle a dirigé le programme d’amélioration génétique de roses de la Ferme expérimentale centrale du ministère de l’Agriculture, où elle a développé une série de roses pouvant résister aux hivers canadiens. Les roses, nommées en l’honneur d’explorateurs de l’histoire canadienne, sont cultivées partout au Canada et dans d’autres pays aux climats froids.
Jeunesse et éducation
Felicitas Svejda obtient son doctorat en sciences agricoles à l’Université de ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne en 1948. Elle travaille comme assistante de recherche en économie agricole à l’université entre 1947 et 1951. En 1952, elle commence à travailler à la station de recherche de la Association of Seed Selection à Svalöv, en Suède; elle occupe ce poste durant un an. L’année suivante, Felicitas Svejda immigre au Canada et elle s’installe à Ottawa. Son premier emploi au Canada est celui de statisticienne étudiant les grains céréaliers pour le ministère de l’Agriculture fédéral (maintenant appelé ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire) à la Ferme expérimentale centrale (FEC) entre 1953 et 1961. La FEC, maintenant un lieu historique national, a été établie à Ottawa en 1886 en tant qu’installation de recherches agricoles pour le ministère de l’Agriculture.
Carrière de rosiériste
En 1961, Felicitas Svejda est transférée au programme de développement de plantes ornementales de la FEC. Depuis la création de la FEC, le personnel tente de développer des rosiers rustiques capables de supporter le climat canadien. Son premier directeur, le docteur William Saunders, avait créé des croisements de plusieurs rosiers rustiques. Par la suite, dans les années 1920 jusqu’aux années 1940, la spécialiste de l’hybridation des plantes Isabella Preston poursuit ce travail, créant une vingtaine de variétés. Le programme est suspendu jusqu’en 1961, lorsque Felicitas Svejda reprend le travail d’Isabella Preston sur l’hybridation des roses.
« Agriculture Canada m’a demandé d’étudier la possibilité de développer des roses à floraison permanente et résistantes au froid… Je ne connaissais rien aux roses. Ceci était un bienfait parce que je n’avais aucune idée préconçue. J’ai dû apprendre. La manière la plus simple a été l’observation. »
— Felicitas Svejda
Lorsque Felicitas Svejda commence le programme, les roses ne peuvent pousser que dans les climats les plus chauds du Canada : la côte de la Colombie-Britannique et la péninsule du Niagara en Ontario. La tâche de Felicitas Svejda est de développer des roses capables de résister à des températures aussi froides que -50° tout en fleurissant tout de même durant l’été.
Pour y parvenir, Felicitas Svejda observe des roses existantes et sélectionne des espèces qui présentent des caractéristiques qui en font des plantes rustiques, comme la tolérance au froid et la résistance aux taches noires. Les espèces choisies sont ensuite pollinisées de manière naturelle par les insectes ou manuellement. Elle collecte et plante les cynorhodons (les graines de la plante mère) et elle attend de voir si la nouvelle variété est réussie. Le processus d’hybridation des roses peut prendre de huit à dix ans.
Bien que Felicitas Svejda soit plus reconnue pour son travail avec les roses, elle produit également de nouvelles variétés de weigelas, de seringas et de forsythias tout au long de son mandat avec la FEC. Elle dirige le programme d’amélioration génétique des plantes ornementales durant près de 25 ans jusqu’à sa retraite en 1986.
Zones de rusticité des plantes
Les zones de rusticité des plantes sont des cotes utilisées pour déterminer où une plante pourra survivre au Canada. Les zones sont notées sur une échelle de 0 à 9, la plus froide étant 0 et la plus chaude étant 9. Ceci aide les jardiniers et les gestionnaires forestiers à savoir quelles plantes pourront pousser à quel endroit. Au Canada, la première carte des zones de rusticité des plantes est développée par le ministère de l’Agriculture dans les années 1960. La tâche de Felicitas Svejda est de développer des roses qui peuvent être plantées dans les régions aussi froides que la zone 2.
Série de roses Explorer
Le premier essai national des roses de Felicitas Svejda commence en 1968. Ces roses sont envoyées à divers endroits à travers le Canada et les États-Unis pour déterminer si elles peuvent résister à différents climats. Lors d’essais ultérieurs, les roses de Felicitas Svejda sont envoyées aussi loin qu’en Nouvelle-Zélande. Les roses de Felicitas Svejda se distinguent par leur capacité à résister aux températures froides sans qu’elles aient besoin d’être recouvertes durant l’hiver. Elle décrit en détail le processus de son travail dans des articles de journaux et dans un livre intitulé The Canadian Explorer Roses (2008).
En 1968, Felicitas Svejda présente la première rose de sa série, une rose d’un doux rosé qu’elle nomme en l’honneur de l’explorateur anglais Martin Frobisher. La série inclut éventuellement 25 variétés de roses, toutes nommées en l’honneur d’explorateurs de l’histoire canadienne. Tout au long de son mandat, Felicitas Svejda développe les 13 premières roses de la série Explorer, et ses collègues dans le domaine poursuivent son travail et développent les 12 autres.
Aujourd’hui, les roses Explorer poussent partout au Canada et dans d’autres pays aux climats froids, comme l’Autriche, la Finlande, l’Allemagne, l’Islande et la Russie.
Roses Explorer
Variété |
Homologation |
Martin Frobisher |
1968 |
Jens Munk |
1974 |
Henry Hudson |
1976 |
John Cabot |
1978 |
David Thompson |
1979 |
John Franklin |
1980 |
Champlain |
1982 |
Charles Albanel |
1982 |
William Baffin |
1983 |
Henry Kelsey |
1984 |
Alexander Mackenzie |
1985 |
John Davis |
1986 |
J.P. Connell *nommée en l’honneur du fonctionnaire canadien J.P. Connell |
1987 |
Captain Samuel Holland |
1990 |
Louis Jolliet |
1990 |
Frontenac |
1992 |
Simon Fraser |
1992 |
George Vancouver |
1994 |
Quadra |
1994 |
Lambert Closse |
1995 |
Royal Edward |
1995 |
Nicolas |
1996 |
AC de Montarville |
1997 |
AC Marie-Victorin |
1998 |
AC William Booth |
1999 |
Distinctions et legs
Felicitas Svejda a été honorée pour ses contributions à la science et à l’horticulture. Elle reçoit un doctorat honorifique en sciences de l’Université York en 2000 et elle reçoit de nombreux prix de la Royal National Rose Society de Grande-Bretagne, de la Fondation canadienne des plantes ornementales et de la Portland Rose Society. Felicitas Svejda est également nommée membre honoraire à vie de la Canadian Rose Society.
En 2005, des roses Explorer sont plantées dans le jardin de la Ferme expérimentale centrale pour présenter les roses hybrides de Felicitas Svejda. Ses documents de recherches, ses correspondances et sa bibliothèque sont conservés à la Bibliothèque du Jardin botanique.