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Féminisme

Le terme « féminisme » fait référence aux mouvements politiques, sociaux et intellectuels qui ont œuvré en faveur de l’égalité des individus de tous les sexes. Il y a toujours eu des individus disposés à se battre contre les limites que leur société imposait aux personnes en se basant sur leur sexe. Cependant, le féminisme en tant que mouvement politique, social et intellectuel n’a commencé qu’au milieu du 19e siècle en Europe. On doit le terme « féminisme » au philosophe français Charles Fourier qui l’a utilisé pour la première fois dans les années 1830, et le mot « féministe » est apparu pour la première fois dans le Oxford English Dictionary en 1852. Depuis ce temps, le féminisme en tant que mouvement s’est répandu à travers le monde, y compris au Canada, sous plusieurs formes différentes.

La marche des femmes, Vancouver, 2017

Histoire du mouvement

L’histoire du féminisme est divisée en quatre périodes, souvent appelées « vagues ». Bien que ce soit une manière utile de comprendre l’histoire du féminisme, il est important de se rappeler que l’histoire ne peut être divisée nettement de cette façon. Cependant, ces différentes vagues se sont produites à différents moments et à différents endroits.   

Première vague

La première vague féministe dure du milieu du 19e siècle jusqu’au début du 20e siècle. Ce mouvement féministe est parfois appelé « droit de vote des femmes », parce que l’objectif le plus important de ces féministes est de faire en sorte que les femmes obtiennent le droit de vote et qu’elles puissent être élues à des fonctions politiques. Ces féministes activistes, souvent appelées suffragettes, se concentrent sur des sujets tels que les droits de propriété des femmes mariées, la garde des enfants, et la citoyenneté. Plusieurs de ces premières féministes peuvent également être décrites comme étant des féministes maternelles. Elles soutiennent que les femmes ont des responsabilités spéciales en tant que « mères de la nation », et qu’elles sont par conséquent plus naturellement aptes à s’occuper des questions relatives aux soins des enfants et à l’éducation. Au Canada, les féministes de la première vague les plus connues sont les Cinq femmes célèbres, notamment Emily Murphy, Henrietta Edwards, Nellie McClung, Louise McKinney et Irene Parlby.  

Bien que les féministes de la première vague sont souvent reconnues pour avoir obtenu le droit de vote pour les femmes dans divers pays, ce processus n’est pas toujours bienveillant ou inclusif. Par exemple, de nombreuses féministes de la première vague, incluant les Cinq femmes célèbres, croient que seules les femmes blanches méritent le droit de vote ou d’élection. C’est là l’une des nombreuses différentes méthodes qu’elles utilisent pour préserver leur privilège racial face à une population immigrante croissante (voir aussi Immigration au Canada). Certaines d’entre elles font campagne contre l’obtention du droit de vote pour les Autochtones, les Noirs ou les femmes de couleur (voir aussi Préjugés et discrimination au Canada). L’histoire du féminisme de la première vague ne peut être séparée de l’histoire de l’eugénisme, du nationalisme, et du racisme.    

Deuxième vague

La deuxième vague féministe est principalement active durant les années 1960 jusqu’aux années 1980, et est parfois aussi appelée « mouvement des femmes ». Les féministes de cette période de temps, comme les Canadiennes Thérèse Casgrain et Doris Anderson, se concentrent généralement sur les enjeux tels que l’égalité salariale pour un travail égal, l’accès aux régulations des naissances et à l’avortement, et la fin de la discrimination. Le slogan le plus connu de ce mouvement est « le privé est politique », ce qui signifie que la vie sociale et la vie politique de tout individu sont étroitement liées et ne peuvent être séparées. Le livre de Betty Friedman, The Feminine Mystique, est considéré comme l’une des publications clés de cette vague, et il marque le début de la deuxième vague féministe en Amérique du Nord. Ce livre expose la détresse et le manque d’épanouissement que tant de femmes au foyer ressentent dans les années 1950 en raison de la restriction des rôles de genre. (Voir aussi Histoire des rôles de genre au Canada.)      

Certaines personnes critiquent le féminisme de la deuxième vague parce que, plus particulièrement en Amérique du Nord, le mouvement n’est pas inclusif. Plutôt, le mouvement est dominé par les femmes blanches de la classe moyenne qui soutiennent que toutes les femmes sont unies comme des « sœurs ». Ceci dénie les différents types d’oppression auxquels font face de nombreuses personnes. Par conséquent, de nombreuses femmes de la classe ouvrière, Autochtones, Noirs, femmes de couleur, personnes queer, trans et non binaires (voir aussi Culture queer) et femmes handicapées, forment leurs propres organismes féministes. Ces personnes agissent de cette manière à la fois pour lutter pour leurs droits, et pour créer une solidarité au sein de leurs propres communautés, qui sont exclues du féminisme du courant dominant. De nombreuses féministes à l’extérieur de l’Amérique du Nord et de l’Europe, incluant les féministes autochtones du Canada comme Lee Maracle (Stó:lō), critiquent également le féminisme de la deuxième vague pour l’accent mis sur l’idée que les femmes et les hommes doivent nécessairement être égaux, soulignant le fait qu’il est important de reconnaître que les femmes et les hommes contribuent à la société de manière égale, mais de différentes façons. (Voir Féminismes autochtones au Canada; Droits des lesbiennes, des gais, des bisexuels et des transgenres au Canada.) 

Troisième vague

Les années 1990 sont considérées comme la ligne de démarcation entre la deuxième et la troisième vague de féminisme. Les origines de la troisième vague sont souvent liées à la sous-culture punk féministe « Riot Grrrl » des États-Unis. Cette sous-culture émerge en réponse aux critiques envers le féminisme de la deuxième vague et son exclusion des individus racialisés et marginalisés. Les féministes de la troisième vague travaillent délibérément à être inclusives. Les organismes de la troisième vague, comme Fonds d’action et d’éducation juridiques pour les femmes (FAEJ), se concentrent sur les questions de libération sexuelle, de récupération de mots péjoratifs, et de violence contre les femmes. 

L’une des principales penseuses de cette vague est Kimberlé Crenshaw, qui a inventé le terme « intersectionnalité » pour décrire les manières dont les différents aspects de l’identité et de l’oppression se croisent et interagissent. Une autre importante penseuse du féminisme de la troisième vague est Judith Butler, qui présente l’idée de la performativité de genre, ou l’idée que tout genre est une performance. La présentation de ces deux concepts correspond également avec l’emphase mise par la troisième vague sur la lutte pour la justice au nom de toutes les personnes qui sont victimes de discrimination de genre. Ceci inclut les femmes cis, trans, non binaires, bispirituelles et de diverses identités de genre. Cependant, bien que nombreux sont ceux qui croient que le féminisme de la troisième vague est plus inclusif que les deux précédentes, le mouvement est tout de même concentré sur les expériences de femmes cis blanches, particulièrement en Amérique du Nord. Il est également critiqué pour son manque de message central.

Quatrième vague

La quatrième vague débute entre 2008 et 2012, et est liée à l’essor de l’internet. En s’appuyant sur l’emphase de l’intersectionnalité de la troisième vague, la quatrième vague est encore plus délibérément inclusive. Elle est généralement concentrée sur la justice pour les survivantes (particulièrement en ce qui concerne le harcèlement sexuel, les agressions et la culture du viol), l’éducation sur les questions d’utilisation des pronoms, et l’importance des histoires personnelles. L’accès à l’internet, spécialement aux médias sociaux, rend la tâche plus facile que jamais pour les féministes de se relier et de s’organiser politiquement. L’une des réalisations clés de ce féminisme de la quatrième vague est le mouvement #MoiAussi, qui voit le jour grâce à Tarana Burke en 2006. Le mouvement #MoiAussi a permis aux survivantes de violence sexuelle et de violence fondée sur le genre de présenter leurs histoires et de faire des allégations publiques contre les auteurs puissants et éminents (souvent des hommes).

Certains ont critiqué la quatrième vague, en particulier pour son exclusion des travailleuses du sexe, ainsi que pour l’exclusion et la marginalisation continues basées sur la classe, la race, l’ethnicité, l’indigénisme, la diversité de genre, et le handicap. Certains ont critiqué le mouvement pour sa culture de l’élimination ou du « call-out » (s’écrier), où les personnes sont souvent condamnées en ligne, ainsi que pour son activisme du « mot-clic », ou son activisme pour le spectacle, sans aucun réel changement.   

Conclusion

De nos jours, il existe de nombreuses théories, perspectives, écoles de pensée et organismes féministes qui se battent pour l’égalité des genres pour tous. Quelle qu’en soit la forme, l’impact du féminisme sur l’histoire est énorme, et aujourd’hui, le féminisme continue à être une force vibrante.