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Fort McPherson

Fort McPherson (Territoires du Nord-Ouest), population de 647 habitants (2021). Le hameau de Fort McPherson est situé sur la rive droite de la rivière Peel, sur la route de Dempster, à l’ouest du fleuve Mackenzie et à l’est des monts Richardson. Fort McPherson s’appelle Teetł’it Zheh («village à la tête des eaux») en gwich’in, une langue du groupe athabascan (voir Langues autochtones au Canada). Foyer de la nation Teetł’it Gwich’in («peuple du haut de la rivière»), Fort McPherson est l’une des quatre collectivités de la région visée par le règlement intervenu avec les Gwich’in, telle qu’établie dans l’Entente sur la revendication territoriale globale des Gwich’in (1992). Les trois autres sont Aklavik, Tsiigehtchic et Inuvik.


Histoire

Peel’s River Post

D’abord appelé Peel’s River Post, Fort McPherson voit le jour en 1840 en tant que poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson, le premier établi dans la basse vallée du Mackenzie. La Compagnie a voulu profiter de l’emplacement stratégique sur le cours inférieur de la rivière Peel pour commercer principalement avec les Gwich’in. Le poste est situé initialement à 6,5 km en amont de l’emplacement actuel, en un endroit appelé Old Fort ou Zheh Gwajàt (« fort pourri » ou « effondré »). En raison d’inondations, on le déménage entre 1848 et 1849 sur la recommandation du chef gwich’in Vihzriiniitsii T’ih (« Père de Visage peint », aussi appelé Red Leggings), sur une haute colline appelée Chii Tsal Dik, à l’intérieur de l’actuelle collectivité de Fort McPherson.

John Firth

Les premières années, les Gwich’in échangent principalement de la viande de caribou et d’orignal contre des articles de troc euro-canadiens. Cette viande est essentielle à la subsistance des employés de Peel’s River Post et des autres postes de traite de la Compagnie dans le Nord. Après les années 1880, les fourrures de qualité deviennent de plus en plus recherchées. John Firth, originaire des Orcades, en Écosse, est le directeur de la Compagnie (1893-1920) le plus marquant de cette époque. Avec son épouse, Margaret Stewart, il aura de nombreux descendants qui vivent aujourd’hui à Fort McPherson et dans d’autres collectivités. Pendant plus de 60 années, Fort McPherson est le principal poste de la région du delta du Mackenzie.

Missionnaires

Sur les traces des marchands de fourrures arrivent des missionnaires. Au début des années 1860, des Catholiques romains et des Protestants viennent évangéliser les Gwich’in. Les Teetł’it Gwich’in se convertissent en grand nombre à la foi anglicane, dont le plus remarquable des premiers pasteurs est l’archidiacre Robert McDonald, né au Manitoba de parents écossais et ojibwé (anichinabé). Linguiste doué, McDonald passe plus de 40 ans chez les Gwich’in (1862-1904). Il épouse l’une d’elles, Julia Kutug, avec qui il traduit la Bible et d’autres textes religieux en gwich’in. Il crée aussi un dictionnaire gwich’in et des manuels de grammaire encore en usage aujourd’hui.

Fort McPherson

Ruée vers l’or du Klondike

Durant la ruée vers l’or du Klondike (1897-1899), Fort McPherson est une base à partir de laquelle les prospecteurs atteignent les gisements du Yukon. La première année, plus de 1 500 personnes passent par Edmonton et suivent le cours des rivières Peel et Porcupine. Une centaine environ passent par Fort McPherson, sur les terres des Gwich’in donc, ce qui amène ces derniers à se faire guides, porteurs et chasseurs. Leur réseau commercial s’étend jusqu’à Dawson City, où ils se procurent des articles modernes comme des tentes de toile et des poêles.

Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest

En 1903, le gouvernement canadien établit à Fort McPherson le premier détachement de la Police à cheval du Nord-Ouest ‒ qui devient dès 1904 la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest ‒, censé aider à affirmer la souveraineté du Canada dans l’ouest de l’Arctique. La plupart des patrouilles, bien qu’ardues, se déroulent sans anicroche, à l’exception notoire de celle de 1910-1911, qu’on appellera « la patrouille perdue ». Quatre agents, soit le contingent entier, meurent en rentrant à Fort McPherson après avoir tenté en vain d’atteindre Dawson, à 760 km de là. C’est grâce aux efforts de Charlie Stewart, un gendarme auxiliaire de Fort McPherson, qu’on finit par les retrouver. Ils sont inhumés au cimetière anglican de l’église Saint Mathew’s à Fort McPherson.

Fort McPherson

Traité no 11 et Entente sur la revendication territoriale globale des Gwich’in

Le 28 juillet 1921, le chef Julius Salu des Teetł’it Gwich’in et Johnny Kyikavichik (Kay) signent le Traité no 11 à Fort McPherson. Les Gwich’in y voient un pacte d’amitié censé protéger leur mode de vie, mais les obligations contractées ne seront jamais entièrement respectées. C’est ainsi qu’un traité moderne sera signé à Fort McPherson le 22 avril 1992 : l’Entente sur la revendication territoriale globale des Gwich’in.

Il faut attendre les années 1950 pour voir de nombreuses familles Teetł’it Gwich’in s’établir en permanence à Fort McPherson. À l’époque, le gouvernement fédéral encourage les gens à s’y fixer, en offrant des programmes sociaux, une école et un dispensaire. Nombreuses aussi sont les familles qui, encore de nos jours, gardent des camps dans l’arrière-pays.

Tent and Canvas Shop de Fort McPherson

La Tent and Canvas Shop de Fort McPherson est réputée pour ses tentes canadiennes en toile. Elle vend aussi des articles durables et pratiques comme des bâches en toile, des mallettes, des sacs à dos, des sacs marins et des portefeuilles. Lancée à titre de projet gouvernemental en 1970, elle est depuis 1990 une entreprise prospère qui recrute presque tout son personnel sur place.

Gouvernance

Fort McPherson a été constitué en hameau le 1er novembre 1986. Le gouvernement municipal comprend un maire et huit conseillers.

La direction ancestrale des Gwich’in était fluide et assurée par les personnes les plus aptes à accomplir une tâche en particulier. Plus tard, la Loi sur les Indiens vient instaurer un système de conseils de bande et de chefs élus. Tous les trois ans, les membres de la nation Teetł’it Gwich’in, vivant à Fort McPherson et ailleurs, élisent un chef et sept conseillers, dont l’un agit à titre de sous-chef.

Les Teetł’it Gwich’in font partie du Conseil tribal des Gwich’in, institué afin de négocier la revendication territoriale globale. Après la signature, le Conseil tribal crée quatre administrations subalternes appelées organisations gwich’in désignées, qui dispensent des services liés à la revendication dans chacune des quatre collectivités de la région visée par le règlement. Chaque organisation désignée, y compris celle de Fort McPherson, élit un président et un conseil.

Arts et culture

(b'CBQM', b'Dennis' b'Allen', offert par l'Office national du film du Canada)

Depuis 1986, le premier long week-end d’août, Fort McPherson tient son festival de musique de Midway Lake, à 40 km de distance sur la route de Dempster. On vient des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et de l’Alaska pour chanter et danser au son des violoneux d’antan sous le soleil de minuit, dans une ambiance exempte d’alcool et de stupéfiants.

CBQM, la station de radio locale dirigée par des bénévoles depuis près de 40 ans, dessert les collectivités du delta du Mackenzie et les camps de l’arrière-pays. C’est un important véhicule d’identité et de fierté. Depuis les messages personnels d’un membre de la communauté à un autre jusqu’aux signalements tels que : « Un loup a été aperçu près du village », la programmation offre un menu varié de nouvelles, de musique, de recettes, d’interviews et de contes.

Fort McPherson et ses habitants sont en vedette dans le film The Sun At Midnight, paru en 2016, le premier long métrage écrit, tourné et produit dans les Territoires du Nord-Ouest. Il a été produit par Kirsten Carthew et Amos Scott, de Jill & Jackfish Productions, en association avec le Gwich'in Social and Cultural Institute.