Article

Tsiigehtchic

Tsiigehtchic (Territoires du Nord-Ouest), population de 187 habitants (2019). Tsiigehtchic est situé au confluent du fleuve Mackenzie et de la rivière Arctic Red. Cet endroit est le foyer de la Première Nation Gwichya Gwich’in (peuple des terres plates) qui parle une langue Athapascane (voir Langues autochtones au Canada). Anciennement connue sous le nom de Arctic Red River, la communauté a changé de nom pour Tsiigehtchic (à l’embouchure de la rivière de fer) en 1994. La communauté se trouve sur la route de Dempster. On peut y accéder par le traversier d’été sur le fleuve Mackenzie, et en hiver par le chemin de glace. Tsiigehtchic est l’une de quatre communautés de la région désignée de Gwich’in. Cette région est un endroit créé par l’Entente sur la revendication territoriale globale des Gwich'in. Les trois autres communautés de la région sont Aklavik, Fort McPherson et Inuvik. (Voir aussi Dinjii Zhuh (Gwich’in).)

Histoire

Łeth T’urh Kak (les plaines)

L’archéologie et l’histoire orale indiquent que les plaines sous Tsiigehtchic sont utilisées depuis les 1400 dernières années par les Gwichya Gwich’in comme camp de pêche d’été ou comme lieu de rencontre et de marchandage avec d’autres peuples autochtones. De vieilles histoires sur Raven, le « Trickster » (filou), se passent à cet endroit. D’autres histoires racontent la richesse de la pêche, décrivant les plaines couvertes de tentes, de fumoirs, et de séchoirs, pendant que les familles pêchent non loin, et font du poisson séché pour se préparer pour l’hiver. Au fur et à mesure que les visiteurs arrivent, l’endroit s’anime jour et nuit avec des danses et des jeux. Les Gwich’in nomment les plaines Łeth T’urh Kak (« sur les plaines boueuses »).

Contact européen et colonisation

Vue de Tsiigehtchic

Vue de Tsiigehtchic depuis la route de Dempster. La rivière Arctic Red est au premier plan et le fleuve Mackenzie à l'arrière-plan, 1993.

(photo de Ingrid Kritsch, avec la permission de Gwich'in Social and Cultural Institute/Gwich'in Tribal Council)

Le premier contact européen avec les Gwichya Gwich’in a lieu à l’été 1789 lorsque l’équipe d’Alexandre Mackenzie visite un camp de pêche tout juste en amont. Le voyage d’Alexandre Mackenzie attire d’autres personnes incluant John Franklin. Celui-ci rencontre les Gwichya Gwich’in lors d’une expédition de cartographie en 1825. Pendant les 150 années suivantes, des marchands, des missionnaires, des prospecteurs et d’autres suivent, apportant des changements dans la vie des Gwich’in.

Bien que les Gwichya Gwich’in participent au début de la traite des fourrures, ils continuent à pratiquer leur mode de vie traditionnel sur le territoire. Ils font du marchandage aux postes le long du fleuve Mackenzie et au Yukon pendant leur cycle saisonnier de déplacement. Ce n’est qu’en 1901 qu’un poste est construit à Tsiigehtchic par la Hislop and Nagle Trading Company. La Compagnie de la Baie d’Hudson suit en 1902. 

Comment prononce-t-on Tsiigehtichic?

Missionnaires et pensionnats indiens

Une fois les marchands arrivés dans la région de Tsiigehtchic, les missionnaires suivent. En 1859, une compétition intense commence entre les Oblats catholiques et les anglicans pour convertir les Gwich’in au christianisme. Alors que la plupart des Gwich’in acceptent éventuellement la foi anglicane, plusieurs Gwichya Gwich’in se tournent vers les enseignements des Oblats. De petites missions oblates sont construites dans les plaines et à Teetshik Goghaa, situé en aval et souvent appelé « Old Arctic Red ». Entre 1895 et 1896, la mission oblate de St. Nom de Marie est construite en hauteur du territoire de Tsiigehtchic. Les trois édifices de la mission sont les premiers de la communauté. Les églises encouragent les gens à venir à la mission pour célébrer les fêtes religieuses. Cependant, au tournant du 20e siècle, les enfants Gwichya Gwich’in sont envoyés au pensionnat missionnaire de Fort Providence, à plus de 1440 km en amont de Tsiigehtchic. Plusieurs d’entre eux y restent pendant cinq ans ou plus. Ils retournent à la maison avec très peu, voire pas du tout, de connaissances de la langue et de la culture Gwich’in, et ils parlent anglais et français. Plusieurs d’entre eux ne reviennent jamais à la maison. Plus tard, les enfants Gwichya Gwich’in sont envoyés aux pensionnats indiens de Aklavik, Inuvik et Yellowknife.

Traité no 11 et Entente sur la revendication territoriale globale des Gwich'in

L’église et la chapelle de Tsiigehtchic

Entre 1895 et 1896, une mission catholique a été construite en hauteur des terres de Tsiigehtchic. Les trois bâtiments de la mission étaient les premiers de la communauté. Bien que les bâtiments d’origine n’existent plus, une église et une chapelle catholiques, vues ici, ont été construites au même endroit.  

(« Tsiigehtchic church  » par dvs, sous la licence CC BY 2.0)

Le 26 juillet 1921, le chef Paul Niditchie des Gwichya Gwich’in et Fabien Laloo (Coyen) signent le Traité no 11. Les Gwich’in considèrent le traité comme un traité d’amitié qui garantit que leur mode de vie est protégé. Cependant, les obligations découlant du traité ne sont jamais remplies. En 1992, les Gwich’in signent un traité moderne, l’Entente sur la revendication territoriale globale des Gwich'inn. (Voir aussi Réserves dans les Territoires du Nord-Ouest.)

Gouvernance

Traditionnellement, le leadership chez les Gwich’in est fluide. Les diverses tâches de groupe sont menées par les personnes les plus compétentes pour la tâche. Plus tard, comme pour d’autres Premières nations du Canada, la Loi sur les Indiens impose un système de gouvernance impliquant des conseils de bande et des chefs élus. Les membres de la Première Nation Gwichya Gwich’in, tant ceux qui vivent à Tsiigehtchic qu’ailleurs, élisent un chef et trois conseillers tous les deux ans.   

Le 21 juin 1993, Tsiigehtchic est officiellement reconnue comme une communauté à charte. Une communauté à charte est un type de municipalité. Le chef et le conseil élus de la Première Nation Gwichya Gwich’in agissent également en tant que gouvernement municipal de Tsiigehtchic. En plus des trois conseillers élus par le code électoral de la Première Nation, deux conseillers sont élus en vertu de la Loi sur les élections locales des Territoires du Nord-Ouest.

Tsiigehtchic, Territoires du Nord-Ouest

Tsiigehtchic était anciennement connu sous le nom de Arctic Red River. Le nom a été changé pour Tsiigehtchic (à l’embouchure de la rivière de fer) en 1994.

(« Vue du hameau de Tsiigehtchic, près d’Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, Canada, » par Adam Jones, Ph.D. - Global Photo Archive. Sous la licence CC BY-SA 2.0)

De plus, les Gwichya Gwich’in font partie du conseil tribal des Gwich'in. Ce conseil est établi afin de négocier l’Entente sur la revendication territoriale globale des Gwich'in. Suite à la signature de la revendication territoriale, le conseil tribal des Gwich'in crée quatre sous-organismes communautaires. Ces sous-organismes sont appelés organisations Gwich’in désignées. Ces organisations aident à fournir des services liés aux revendications dans chacune des quatre communautés de la région désignée. Chaque organisation Gwich’in désignée, incluant celle basée à Tsiigehtchic, élit un président et un conseil.

Arts et culture

Tsiigehtchic abrite plusieurs sites historiques. La communauté gère conjointement ces sites avec soit Parcs Canada ou le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Ces sites incluent la rivière du patrimoine canadien Tsiigehnjik (rivière Arctic Red) (1993), le lieu historique national Nagwichoonjik (fleuve Mackenzie) (1997), et le lieu historique territorial Vik’ooyendik (Church Hill) (2007). 

En 2007, le dégel du pergélisol révèle des restes gelés et partiellement momifiés d’un bison des steppes âgé de 13 650 ans, sous le cimetière de la communauté. Il s’agit d’une des découvertes paléontologiques les plus importantes des Territoires du Nord-Ouest. On peut explorer des expositions, qui incluent une réplique du crâne du bison des steppes, au Tsiigehtchic Visitors Centre. Le Visitors Centre présente également de l’artisanat et des objets d’arts traditionnels et contemporains créés par les artistes locaux, dont Margaret Nazon. Celle-ci est reconnue pour ses créations de broderies perlées célestes qui mélangent les techniques de perlage traditionnelles avec sa fascination pour les images provenant du télescope spatial Hubble.

De nos jours, les résidents ont toujours des camps de pêche d’été sur les plaines, et la communauté est reconnue pour son poisson séché. Les visiteurs sont toujours bienvenus.